Quand sort la Recluse, paru il y a quelques mois, est le dernier bouquin signé Fred Vargas où l’on retrouve le Commissaire Adamsberg.
Adamsberg est un de ces personnages de romans policiers dont on se souvient, comme on se souvient d’Hercule Poirot, de Scherlock Holmes, de San Antonio, ou de Maigret.
Toujours un peu ailleurs, différent, surprenant, agaçant parfois (notamment quand il est infichu de rester avec Camille dans les autres livres), mais doué d’incroyables intuitions qui mettent du temps à se concrétiser dans sa tête, des idées qui viennent tout doucement.
C’est ce que Fred Vargas appelle les bulles gazeuses qui s’entrechoquent dans le cerveau du Commissaire.
Dans ce roman, Adamsberg est différent de ce qu’il est dans les autres livres.
D’abord, il entre en très grave conflit avec son adjoint principal, Danglard, qui est loin d’être un mauvais bougre. Un conflit qui va très loin d’ailleurs, mais je ne vous en dis pas plus, si ce n’est qu’il a même effrayé Fred Vargas qui ne savait plus comment s’en sortir avec lui, tellement il devient «?con?», c’est son terme, et c’est à écouter dans son interview, plus bas.
Mais aussi, dans ce livre, Adamsberg est particulièrement humain, proche de sa brigade, à s’intéresser aux problèmes de ses subalternes, à nourrir des merles de la cour de son commissariat même.
C’est assez inhabituel, me semble-t-il, chez lui.
L’intrigue est assez étonnante: 3 personnes âgées meurent après avoir été mordues par des recluses, des araignées au venin normalement non mortel. Adamsberg tombe sur cette nouvelle, et sent immédiatement que quelque chose n’est pas normal.
Il part dans une longue enquête, divisant sa brigade entre ceux qui ne lui font pas confiance, menés par Danglard, et ceux qui le suivent, d’abord en secret, puis tout à fait ouvertement.
On rencontre dans le livre également des recluses, mais pas des araignées, des femmes du Moyen-Âge qui décidaient, pour expier un pécher, de s’emmurer et de ne vivre que de petits cadeaux du village, glissés par une meurtrière, seule ouverture vers l’extérieur.
Je reprocherais juste à Fred Vargas, aux deux tiers du livre, d’insister un peu trop sur les bulles gazeuses qui viennent perturber le fonctionnement logique d’Adamsberg.
Un détail, parce qu’il s’agit vraiment d’un excellent roman, passionnant, bien construit, surprenant parfois.
En ce qui me concerne, j’ai eu la bonne intuition également pour trouver le coupable, mais c’est surtout le motif qui est pour le moins original et surprenant et que je n’avais pas trouvé.
Mais chut… difficile de parler d’un roman policier sans en dire trop.
Pour terminer, je vous laisse regarder l’interview de Fred Vargas à propos de son livre.
C’est assez savoureux, et quand on l’écoute parler, on comprend un peu pourquoi Jean-Baptiste Adamsberg est Jean-Baptiste Adamsberg.