Petit article aujourd’hui pour vous présenter le dernier Manu Larcenet, un tout grand de la bande dessinée actuelle dont j’ai déjà parlé longuement ici.
Nous sommes dans l’une des facettes de Manu Larcenet que l’on peut connaître, à savoir son côté noir et pas vraiment fait pour vous remonter le moral.
Il s’agit d’une adaptation d’un roman de Cormac McCarthy qui a obtenu le prix Pulitzer et que, je dois bien l’admettre, je n’ai pas lu.
McCarthy est d’ailleurs décédé en 2023, pendant l’écriture et le dessin de l’adaptation de Larcenet.
162 pages de dessins qui sont, selon son auteur (voir l’article du Matin dimanche qui interviewe Larcenet) autant d’œuvres qui se suffiraient à elles-mêmes, dessins aussi sombres les uns que les autres.
Nous sommes en pleine fin du monde, un père et son jeune fils marchent vers le Sud, dans l’espoir d’un endroit meilleur, au bord de l’océan.
Nous suivons leur pérégrination à travers des centaines de dessins montrant la destruction, la mort, la violence des derniers survivants les uns envers les autres.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce n’est pas gai, et j’ai souvent pensé à la série Last of Us au fil des pages, même si les dialogues sont bien plus touchants dans cette BD que dans ladite série.
Larcenet dit d’ailleurs, dans l’article du Matin dimanche dont j’ai parlé plus haut, à quel point il a été difficile pour lui de sortir des plans cinématographiques souvent “clichés”, que c’est peut-être ce qui lui a pris le plus de temps.
Un dessin magnifique, des dialogues prenants (l’importance du petit d’être du côté des gentils est bouleversante), un découpage parfait.
Une BD à lire, c’est certain, mais peut-être lorsque l’on n’est pas trop déprimé avant de la commencer.
C’est chez Dargaud qui résume l’album ainsi:
L’apocalypse a eu lieu. Le monde est dévasté, couvert de cendres et de cadavres. Parmi les survivants, un père et son fils errent sur une route, poussant un caddie rempli d’objets hétéroclites, censés les aider dans leur voyage. Sous la pluie, la neige et le froid, ils avancent vers les côtes du sud, la peur au ventre : des hordes de sauvages cannibales terrorisent ce qui reste de l’humanité. Survivront-ils à leur périple ?
Après “Le Rapport de Brodeck”, Manu Larcenet adapte de nouveau une oeuvre majeure de la littérature. Couronnée par le prix Pulitzer en 2007, “La Route” a connu un grand succès et a été adaptée au cinéma en 2009 avec Vigo Mortensen dans le rôle principal.
Avec cet album, Manu Larcenet réussit une adaptation d’une originalité absolue et pourtant d’une totale fidélité. En posant son trait sous les mots du romancier, en illustrant les silences du récit, l’artiste s’est approprié l’univers sombre et fascinant du roman de Cormac McCarthy.
D’un roman-culte il a fait un album d’une beauté saisissante, à la fois puissant et poignant.
Incontestablement un des chefs-d’œuvre de la bande dessinée moderne.
Dargaud, page d’accueil de La Route, de Mathieu Larcenet