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Le SWISS MADE des montres connectées, est-ce vraiment la question?

Au lendemain de l’ouverture de Baselworld 2017 qui fête ses cent ans, j’aimerais m’entretenir avec vous d’un article fort intéressant dans le Temps du 15 mars 2017 touchant un «fondamental» de l’horlogerie suisse, le «SWISS MADE».

Pour faire court, je résume succinctement ce que l’auteur de l’article nous explique. À savoir que Jean-Claude Biver, patron du pôle horloger de LVMH, a présenté, en début de semaine passée, une nouvelle génération de montre connectée de la marque Tag Heuer. Cette dernière peut désormais fièrement afficher sur son cadran «SWISS MADE».

Pour ce faire, de gros investissements ont été faits, par exemple dans une usine de montage des processeurs certifiée par Intel.

Le Temps nous explique:

C’est une nouveauté, car la première version n’était pas marquée du label. «Nous avons acheté des machines, acquis le savoir-faire et, après différents audits, notre usine de La Chaux-de-Fonds a été certifiée par Intel pour assembler ses microprocesseurs», justifie Jean-Claude Biver. L’investissement se monte à quelques dizaines de millions de francs et une cinquantaine de nouveaux emplois ont été créés dans la métropole horlogère pour cet atelier d’assemblage flambant neuf. Toutefois, dès le 1er janvier 2019, produire des montres connectées «Swiss made» nécessitera peut-être encore quelques aménagements supplémentaires.

Reste semble-t-il que, en ce qui concerne le Swiss Made et pour les autres montres connectées, il règne encore un grand flou législatif.

Retournons quelques instants dans l’article du Temps:

La loi considère comme suisse toute montre «dont le développement technique est effectué en Suisse». Pour les modèles «non exclusivement mécaniques» (les montres connectées), ce développement technique englobe «au moins la construction mécanique et le prototypage de la montre dans son ensemble ainsi que la conception du ou des circuits imprimés, de l’affichage et du logiciel».

Moi, je me pose des questions.

Attention, il est bien évident que le «SWISS MADE» est primordial à défendre et peut-être même à renforcer (cela vient d’être le cas) dans le domaine des montres mécaniques ou même des montres à quartz.

Il est évident également que l’abus du «SWISS MADE» sur un produit qui ne l’est pas est à punir sévèrement.

Mais tout ce cirque pour savoir si une montre connectée est «SWISS MADE» ou pas parce que son logiciel est américain ou asiatique par exemple a-t-il encore un sens?

Très franchement, mon Apple Watch est américaine (chinoise?), alors que toutes mes autres montres sont suisses (sauf une): est-ce que cela me pose un problème?

Non!

Pour moi le savoir-faire horloger touche… l’horlogerie.

Je n’ai aucune envie de savoir si ma montre connectée profite de ce savoir-faire horloger puisque justement, mon Apple Watch, ce n’est vraiment pas de l’horlogerie!

Il s’agit plutôt d’un outil informatique que j’ai au poignet.

Qui remplace la montre, certes, dans sa fonction de montrer l’heure et éventuellement les phases lunaires, mais qui n’en est pas une.

Comme l’écrit l’auteur de l’article, mon Apple Watch reçoit l’heure exacte pour se régler de l’iPhone, il n’y a strictement rien d’horloger là-dedans.

Alors d’accord, on peut discuter, le boîtier, les boutons font partie du métier de la montre.

On peut aussi discuter dans le cas de montres comme la nouvelle Tag Heuer qui est un cas  à part, parce qu’elle est modulable et offre (en option) un module mécanique qui peut être porté sur le bracelet quand on en a envie.

Mais des montres telles que celles de Samsung ou d’Apple, excusez-moi, il faudrait trouver un autre nom que… «montres» pour les désigner.

J’ai bien entendu également une capsule de la RTS sur «La Première» jeudi matin 23 mars. Le journaliste expliquait l’importance et l’avance des horlogers suisses à la fois dans la conception de batteries performantes et de puces très basse consommation. Ce même journaliste expliquait qu’il était important que la Suisse sorte son propre système d’exploitation pour ses montres, totalement neutre.

J’espère que par «neutralité», le journaliste pensait «capable de se connecter à la fois à iOS et à Androïd», parce qu’excusez-moi, mais si c’est pour sortir un système d’exploitation autonome, je ne vois pas vraiment l’utilité d’une montre connectée de type de celles proposées par Swatch Group Swatch Group qui vient fièrement nous expliquer que, grâce à ses montres spécialisées, on peut skier sans sortir son abonnement, et effectuer ses paiements sans sortir sa carte bancaire, ou faire du beach-volley… Mais avec des montres dédiées pour chacune de ces activités!

Waouh! Il a tout compris de ce qu’est une montre connectée, Nick Hayek!

Franchement, je suis inquiet pour l’horloge suisse du bas et du moyen de gamme lorsque je lis cela.

En attendant, j’ai une montre américaine au poignet dont le fabricant, Apple, a pourtant cherché à s’allier avec les Suisses avant de la sortir, Suisses qui ont pris la pomme de haut, risquant par là de rater un tournant, comme ce pays l’avait raté lors de la sortie du quartz, dans les années 70.

Le fait de porter cette montre ne me pose aucun problème.

Par contre, lorsque je porte une montre mécanique (à une exception incroyable près), là, le «SWISS MADE» a pour moi de l’importance.

Et pour vous, ça en a, de l’importance, le «SWISS MADE»?

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