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Au revoir là-haut, le film que vous devez voir

J’avais parlé sur Cuk.ch de ce livre extraordinaire signé Pierre Lemaitre, prix Goncourt 2013: Au revoir là-haut.

Pour reprendre le résumé que j’en faisais en juin 2015, afin de ne pas déflorer l’histoire: Le contexte: la fin de la Première Guerre mondiale, et l’immédiat après-guerre, avec ses lots de malheureux, de gueules cassées, de profiteurs, d’immondes personnages qui se sont fait une richesse sur le dos des premiers.

J’ajouterai que les personnages sont à la hauteur du drame vécu: Albert Maillard (Albert Dupontel, également réalisateur du film) est sauvé héroïquement, un des derniers jours de la guerre, par un de ses camarades, Édouard Péricourt, dessinateur de génie (Nahuel Perez Biscayart), qui sur le coup est gravement blessé, perdant la moitié de son visage, entrant dans la grande famille des gueules cassées d’après-guerre.

Albert va s’occuper d’Édouard pendant les mois qui suivent.

Ce qui leur est arrivé est la faute d’un monstre, le lieutenant Pradelle (Laurent Lafitte), véritable ordure, qui, non content d’amener gratuitement ses hommes à la mort, va profiter honteusement de la guerre pour s’enrichir dans une entreprise chargée d’enterrer les milliers de morts des champs de bataille.

Soyons clairs: j’ai adoré ce livre dont je disais qu’il était l’un des 5 livres les plus forts de ma vie. Je n’ai pas changé d’avis, et j’ai même apprécié la bande dessinée tirée de ce chef-d’œuvre.

J’avais peur d’aller voir le film, peur d’être déçu comme si souvent je l’ai été après être allé voir la mise en images d’un livre que j’ai aimé.

Mais là, c’était… magnifique.

Dupontel a réalisé, avec l’aide de Pierre Lemaitre il est vrai, un nouveau chef d’œuvre.

Non seulement, il est très fidèle au livre (mis à part une astuce narrative intéressante et la fin, qui n’est pas tout à fait pareille), mais sa grande force, son immense force devrais-je dire, c’est d’évoquer.

D’évoquer l’insoutenable, à savoir la blessure d’Édouard, qui n’a plus de mâchoire inférieure, décrite crûment par Lemaitre dans son livre, et ce à l’aide des masques poétiques que ce même Édouard fabrique avec Louise, la petite fille qu’ils ont recueillie finalement.

D’évoquer des passages importants du livre, à l’aide de photos dans le salon, d’évoquer la vie différente d’Édouard, avant la guerre, lorsque ses talents d’artiste n’étaient pas reconnus par son père.

L’horreur des tranchées et la stupidité des assauts est bien montrée au début du film, Paris de l’après-guerre, les difficultés dans lesquelles se sont retrouvés les soldats qui avaient pourtant tant donné pour la patrie, tout est magnifiquement reconstitué.

Dupontel dit d’ailleurs la chance qu’il a eue d’avoir, pour la première fois dans sa vie de réalisateur, un budget presque illimité.

Et puis, il y a les acteurs, tous aussi vrais les uns que les autres.

Dupontel en Albert Maillard, Nahuel Perez Biscayart en Édouard dont on ne voit que la gestuelle et l’intensité du regard, Laurent Laffite dans l’immonde Pradelle, qui n’en fait jamais trop.

Albert Dupontel a fait très fort: un film fidèle au livre, qui va toucher tout autant ceux qui l’ont lu que ceux qui découvriront l’histoire en allant le voir.

Une histoire forte, un film bouleversant.

Vous devez absolument aller le voir, sans attendre.

 

Et puis, comme nous sommes allés voir deux autres films ce samedi, un mot sur chacun d’eux.

Tout d’abord, Logan Lucky, par le réalisateur des Ocean Eleven, Twelfe, Steven Soderbergh.

L’histoire d’un braquage assez formidable, bien dans le style du réalisateur, mais surtout intéressant par le fait qu’il nous montre une Amérique profonde, son amour de la nation un peu ridicule, son culte de l’automobile, et puis surtout, un Daniel Craig complètement à contre-emploi, vraiment marrant.

Courageux, le gaillard, de casser son image avant de tourner son prochain et certainement dernier James Bond.

Un film drôle, bien construit, très bien joué, un bon moment de cinéma.

Et puis, nous sommes allés voir aussi Kingsman, le cercle d’or.

De la violence gratuite qui se veut drôle, qui l’est parfois, mise en scène comme un ballet du Bolshoi, mais sur une musique à crever les tympans (ils sont cinglés Pathé, de mettre le volume si fort, ils veulent tous nous rendre sourds ou quoi?).

Une nouvelle série puisque nous en sommes au numéro 2.

Un film d’espionnage absurde.

Quant à moi, à oublier, ce qui va aller très, mais alors très très vite.

Ma foi, on n’invente pas James Bond tous les jours, même quand on a des centaines de millions pour faire un film.

 

 

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