Deux films du week-end aujourd’hui.
Le premier est tout à fait étonnant.
Il s’agit de A Beautifull Day.
Un politicien tout pourri met sa propre fille à disposition d’un réseau pédophile constitué entre autres, en sus de lui-même, d’un sénateur américain. Pris soudainement de remords suite à la disparition de son enfant, il fait appel à un homme bourru, secret, ancien soldat, tueur à gages, joué par Joaquin Phoenix, excellent dans ce rôle (premier prix d’interprétation masculine à Cannes), qui va tout faire pour la tirer de là.
Ce film, qui a obtenu également le prix du meilleur scénario à Cannes, est assez étonnant et nous sommes à des kilomètres des films américains qui pourraient être tirés de ce genre de synopsis.
D’abord, vous pouvez aller sans autre le voir en version originale même si vous ne parlez pas anglais, vous ne serez pas fatigué: il y a, je pense, au maximum 10 minutes de dialogues.
Le rythme est lent.
Tout est filmé en très gros plans, on voit des détails, des bribes, on voyage dans le temps, et c’est à nous de reconstituer le passé de cet homme, sorte d’antihéros, son histoire, ce qui l’a amené là, mais aussi ce qui se passe dans le présent.
Un film lourd, oppressant, glauque, noir.
Un film intelligent, subtil aussi, dont on sort un peu sonné.
À conseiller si vous n’êtes pas déjà au 36e dessous…
Et puis, nous sommes allés voir Le Brio, d’Yvan Attal.
L’histoire est simple: une jeune Maghrébine, Camélia Jordana entre pour son premier jour à l’uni un poil en retard dans l’auditoire et se fait agresser verbalement par son professeur qui n’apprécie pas qu’elle ne soit pas à l’heure et qui a visiblement un problème avec les origines de l’étudiante.
Ses propos sont tellement grossiers et racistes que le recteur lui intime l’ordre de préparer cette jeune fille au concours d’éloquence interuniversités, afin d’amadouer le conseil de discipline qui va le convoquer pour statuer de son sort, suite aux plaintes déposées contre lui par les élèves choqués par ses agressions.
La suite est somme toute très classique.
Et c’est bien là tout de même le problème.
Les acteurs ne sont pas en cause. Daniel Auteuil est toujours aussi brillant, et Camilla Jordana est étonnante en tant qu’actrice. Je l’appréciais déjà comme chanteuse, mais là, elle s’en sort vraiment bien.
Seul petit reproche que je peux lui faire: sa voix que l’on reconnaît entre mille aux premières notes de ses chansons et que j’aime tant manque un peu de prestance ici, lorsqu’il faut faire de l’éloquence et donc de grandes envolées.
Mais elle s’en sort bien.
Non, le malaise, c’est l’impression d’avoir déjà tout vu dix fois.
- Mettez un peu d’humanité bien cachée au fond d’un grand cynique solitaire;
- ajoutez une situation de départ entre une jeune fille et le grand cynique qui sent la détestation;
- forcez-les plus ou moins à être ensemble pour parvenir à un défi qui semble insurmontable;
- montrez le respect mutuel qui grandit entre eux tout au long du film;
- ajoutez un piment de dureté de la part du grand cynique, parce que qui aime bien châtie bien.
Vous avez tous les éléments pour faire un film qui va plaire au public.
Alors oui, ce film est plaisant, je ne regrette pas de l’avoir vu, je pourrais même le conseiller parce qu’il montre tout de même quelques éléments en dehors de la recette donnée ci-dessus qui le sauvent.
Mais il y a ce malaise tout de même de me faire un peu avoir.
Cela dit, ce film obtient 4 étoiles des spectateurs sur Allocine…
Ça me fait plaisir pour les acteurs, et en particulier pour Camélia Jordana.