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Il méritait bien mieux que ça

Comme vous, peut-être, j’ai dit «?oh non!?» quand j’ai reçu le push, mercredi à 5 heures du matin annonçant la mort de Johnny.

Le but n’est pas tellement d’en rajouter une couche ici, même si j’ai, à l’instar de beaucoup d’entre vous, eu le sentiment qu’un petit bout de ma vie, beaucoup de petits bouts en fait, partaient en fumée avec sa disparition.

Avant d’entamer le sujet qui aurait dû justement paraître normalement mercredi s’il n’y avait pas eu mardi l’arrivée de Watch OS 4.2 (comme vous le comprendrez, il y aurait eu alors comme une petite collusion de sujets), j’aimerais juste dire que j’ai vu Johnny deux fois sur scène, une fois à la Pontaise (trop grand stade, je n’ai pas eu trop de plaisir si ce n’est de le voir sur d’énormes écrans), et une autre fois, au Paléo, à Nyon, en 1996.

Je connais des dizaines de personnes qui ont vu ce concert mythique et son «?Bonsoir Genève?» alors que nous étions à Nyon.

Tous s’en souviennent avec émotion.

Johnny avait chanté sous un orage absolument incroyable, en tenue zébrée: on ne savait plus si l’on voyait des effets lumineux des projecteurs, ou si c’étaient les éclairs qui illuminaient la scène.

Il avait assuré comme une bête, sur le devant de la scène parfois, trempé tant par la pluie que par sa sueur.

J’ai versé quelques larmes ce soir-là.

Donc Johnny, j’aimais bien, j’ai eu au moins 25 albums de lui, même si ses opinions politiques n’étaient pas forcément les miennes.

J’en viens maintenant au sujet prévu ce mercredi, et vous verrez qu’il est bizarrement lié à cette introduction.

On a tous quelque chose de Johnny

Il s’agit d’une compilation sortie le 17 novembre 2017 qui reprend 16 gros succès du chanteur, mais interprétés par un casting assez impressionnant, voyez plutôt:

Alors bon, les interprètes ne sont pas tellement en cause, ils font ce qu’ils peuvent.

Gabrielle, chantée par Dutronc, mais le fils, Thomas, c’est assez rigolo.

Louane, étonnamment, s’en sort plutôt bien avec Toute la musique que j’aime.

Biolay fait du Biolay, et c’est très bien d’ailleurs, dans Retiens la nuit.

Nolwenn Leroy est convaincante dans Quelque chose de Tennessee, tout comme l’est Calogero dans Elle m’oublie.

Par contre, L’envie, par Kendji Girac, c’est complètement raté, propret, sans émotion.

Même Pagny est lisse dans Requiem pour un fou.

Je m’ennuie profondément avec Bruel et son interminable J’ai oublié de vivre.

Garou s’égosille, en particulier sur la fin de Ma gueule et ne chante pas toujours juste.

Gauvin Sers passe à côté des Portes du pénitencier.

Slimane est collant dans Marie.

Restent les autres, vraiment pas terribles, et par exemple le pathétique Les coups interprété par FFF.

Je rebondis sur ce dernier titre pour exprimer ce qui est tout simplement catastrophique dans cet album: les arrangements et surtout, les instruments utilisés dans ces derniers.

Dans Les coups,  dans Requiem pour un fou ou dans Gabrielle, mais dans bien d’autres titres aussi comme Que je t’aime, assez bien chanté par Amel Bent, les sections cuivres sont remplacées par des synthétiseurs (si ce n’est pas le cas, c’est rudement bien imité).

C’est épouvantable, ça n’a pas le quart de la puissance de vraies sections cuivre.

Ne me dites pas que Warner n’avait pas le pognon pour se payer des vrais musiciens, à moins qu’ils n’aient donné tout le budget aux interprètes…

Bref, on est face à des arrangements mous, synthétiques (violons, assurément, accordéon et autres, comme on les faisait il y a 15 ans avec des instruments midi.

Ça fout ce qui restait d’un petit peu bon en l’air.

C’est étrange d’ailleurs, parce que Johnny semble avoir donné son aval à ce projet, et quelques-uns de ses musiciens y ont participé, sous la houlette de Yarol Poupaud, son guitariste.

Ce qui rend plus triste encore cet album

Le problème de ce disque, c’est que depuis hier, on entend ses titres chantés par Johnny.

Les interprétations qu’il en a faites lors des Grand Show de Drucker par exemple, qui passaient mardi soir sur France 2, datant pour la plupart de deux ans, écrasent complètement celles qui figurent sur cet album.

L’original, même à 72 ans, était tout simplement dix fois meilleur que ces pâles copies.

Alors bon, si vous voulez écouter du Johnny, écoutez ses albums à lui, en particulier ses albums en public, véritables compilations de ses succès, qui valent toutes le détour.

Ne croyez pas que je n’apprécie pas les reprises (même si ça commence à être un sacré truc dans la chanson française, les chanteurs n’ont-ils plus rien à dire?), je vais d’ailleurs vous parler la semaine d’un album très bon de ce type, et je vous ai aussi dit tout le bien de ce que je pense de celle consacrée à Eddy Mitchell.

Simplement, cet album est complètement raté, réalisé pour faire du fric.

Le pire, c’est qu’il semble très bien se vendre.

Malheureusement, on risque donc bien d’avoir affaire avec ce genre de productions ces prochains mois.

Too much moche…

 

 

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