Rarement, un album m’a autant scotché sur mon canapé.
Dans mon article de vendredi, je disais tout le mal de la compilation dédiée à Johnny, sortie en novembre 2017, sorte de bricolage vite fait parce que c’était le moment.
Elles sont rares, mais il existe des exceptions dans cette mode des reprises: celle dédiée à et avec Eddy Mitchell dont j’ai parlé ici par exemple.
En voici une autre, certaienent la plus belle qui nous arrive depuis bien longtemps.
C’est Dalida, by Ibrahim Maalouf.
Je ne pensais pas réécouter un jour des chansons de Dalida autrement que comme musique de fond, à la radio.
Et pourtant!
Je précise album est classé chez Qobuz tant dans la section «?chanson française?» que dans celle consacrée au Jazz.
Avant de parler musique, j’aimerais insister sur le fait que la prise de son de cet album est une pure merveille qui va m’amener à le présenter comme référence lorsque je fais découvrir les enceintes Jean Maurer à mes invités (qui me le demandent, je ne force personne!).
Ah la la, quel travail technique ils ont fait, pour nous sortir un son d’une pureté et d’une précision digne des enregistrements de big bands les plus cotés.
Je ne fais pas allusion à ces big bands pour rien puisque c’est bien de cela qu’il s’agit dans le disque, comme accompagnement des divers interprètes.
Voyez plutôt les musiciens accompagnant la première chanson superbement interprétée d’ailleurs par Souchon avec lequel je me réconcilie du coup (j’ai tellement détesté son dernier disque en public avec Voulzy…).
Ah! On est loin des synthétiseurs utilisés pour l’album des reprises de Johnny!
Là, c’est du lourd, mais du lourd juste pour l’expression, parce que l’orchestration est d’une subtilité magnifique.
Ici, nous sommes face à un vrai projet, une sorte de «?revisitée?» de Dalida par un grand artiste, Ibrahim Maalouf donc, trompettiste, pianiste, chanteur et arrangeur de jazz bien connu.
Je vais commencer simplement par vous parler de Paroles.
Cette chanson, dans son arrangement actuel, je l’ai entendue pour la première fois aux 25 ans de Taratata.
Voir sur scène Monica Belluci, dans une robe rouge qui la met superbement en valeur, un peu maladroite dans sa manière de dire le texte, M, tout simplement magnifique, tout les deux dans un rôle inversé par rapport à la version de Dalida et de Delon, et Ibrahim Maalouf leur tourner autour avec sa trompette (quel solo à la fin!), un peu comme un Cupidon qui lancerait ses flèches, ça me met dans tous mes états.
Cette chanson, c’est la sensualité pure, pour moi
Vous pouvez la voir en intégralité sur le site de Taratata.
Sur le disque, la version est très proche avec un son studio donc encore meilleur, même si les techniciens de Taratata sont des génies qui font que cette émission est largement la meilleure que l’on peut voir sur les télévisions francophones en matière de musique moderne.
Monica Belluci susurre son texte encore plus près de notre oreille, M est divin, je regrette juste que le solo de Maalouf de Taratata en soit pas de la partie.
Mais écoutez plutôt, et je vous en supplie, laissez aller jusqu’au bout, si possible avec un casque ou sur ce que vous avez de meilleur pour profiter de la chose.
Cette entrée du band sur «?Caramel…”… Aaaaaarhhhhhghhhhh… Trop beau.
Dans Laissez-moi danser Izia est accompagnée au piano. C’est l’émotion pure, surtout quand on sait ce qu’a vécu Dalida, et comme elle est partie. Ecoutez d’ailleurs à ce propos ce que dit Maalouf dans son interview à propos de cette chanson.
Moi je vis d’amour et de danse
Je vis comme si j’étais en vacances
Je vis comme si j’étais éternelle
Comme si les nouvelles étaient sans problèmes
Moi je vis d’amour et de rire
Je vis comme si y’avait rien à dire
J’ai tout le temps d’écrire mes mémoires
D’écrire mon histoire à l’encre bleue
Laissez-moi danser, laissez-moi
Laissez-moi danser, chanter en liberté tout l’été
Laissez-moi danser, laissez-moi
Aller jusqu’au bout du rêve
Quand ça ne va pas, je tourne le disque
Je vais, je viens, j’ai appris à vivre
Comme si j’étais libre et en équilibre
Moi, je vis d’amour et de rire
Je vis comme si y’avait rien à dire
J’ai tout le temps d’écrire mes mémoires
D’écrire mon histoire à l’encre bleue
Laissez-moi danser, laissez-moi
Laissez-moi danser, chanter en liberté tout l’été
Laissez-moi danser, laissez-moi
Aller jusqu’au bout du rêve
Rien de trop, un pianiste au touché superbe.
Et il se trouve que ce pianiste magnifique n’est personne d’autre qu’Ibrahim Maalouf lui-même.
Moi, ça me fout par terre de voir des génies comme ça.
Contrairement à pas mal d’albums, ce Dalida by Ibrahim Maalouf, ne redescend jamais en intensité émotionnelle.
Ce disque balance, ce disque chaloupe, c’est du jazz comme j’aime.
J’ai un peu la même impression que lorsque j’écoute des disques de Louis d’Armstrong ou d’Ella Fitzgerald.
Dès la première chanson, Bambino, chantée par Alain Souchon étonnant de groove et de justesse, comme je l’ai déjà évoqué plus haut, on est dans le ton.
Et puis Arno, qui interprète sobrement Je me repose, aux paroles si simples et sidérantes lorsqu’on sait que Dalida a tant désiré devenir maman.
Comme le voile d’une étoile
S’éteint dans le printemps du matin
Comme la toile d’une voile
Se détend lorsque le vent s’éteint
Je me repose de mon chagrin
Mon cœur repose sur du satin
Comme une mère qui espère
Que l’enfant qu’elle attend n’oublie pas
Que la douleur est amère
D’apprendre qu’il ne reviendra pas
Je n’ai plus besoin, de répéter
Que je l’aimais bien, de regretter
Je me repose de mon chagrin
Mon cœur repose sur du satin
J’aime aussi les tensions orientales amenées par les orchestrations de Maalouf dans cette chanson sur la migration, Salma Ya Salama: c’est formidable, et Mika est là aussi très très bon.
Et que dire de “Tu avais juste 18 ans“, interprété simplement à la trompette d’abord, puis piano trompette, puis enfin avec le band. Quel son, quelle rondeur et quelle précision tout à la fois…
J’aime la trompette, moi.
Je vais m’arrêter là, mais je pourrais continuer, tous les autres sont excellents aussi, Dutronc, Melody Gardot (excusez du peu) en duo avec Maalouf lui-même à la voix et à la trompette, et ceux que je n’ai pas cités…
Avant de vous quitter, cette belle interview d’Ibrahim Maalouf qui explique bien que ce disque, c’est son regard sur Dalida, sur sa vie, c’est une histoire qu’il a voulu raconter.
Quelle réussite!
Pour moi, un tout grand album.
Merci, rien que pour le lien vers la vidéo de Taratata. Un vrai trio de tous les fantasmes pour les 5 sens !
Merci François. Je vais écouter ça au plus vite ! J’aime beaucoup Malouf et j’ai réécouté son 10 ans de live, en CD et DVD, pas plus tard qu’avant hier !
François a écrit:
Et que dire de « Tu avais juste 18 ans
Ben… qu’il venait d’avoir 18 ans! ?
François a encore écrit:
J’aime la trompette, moi.
Dans le jazz et dans le classique, c’est l’instrument que j’aime … le moins! C’est vite agressif, comme son. Mais là, Maalouf y va tout en douceur et ça passe.
En douceur et en précision, tout en même temps, avec un sens mélodique dingue!
J’ai attentivement écouté ce disque – au casque – et je dois dire que je rejoins totalement François.
Ce disque est une merveille. Les arrangements sont somptueux, d’une finesse et d’une rare élégance.
Tellement d’ailleurs, que le titre “Il venait d’avoir 18 ans” aurait gravement souffert d’une partie vocale.
Concernant la trompette de Maalouf: le son est tellement rond et soyeux qu’on dirait du bugle.
Merci de partager ces délicieuses pépites avec nous.
Bonnes fêtes, LuLu
Cet article m’avait fait découvrir l’album que j’écoute depuis 1 an via Spotify et que j’adore d’un point vue artistique très bien expliqué ci-dessus ;-)Mais je viens enfin de passer le pas pour l’avoir en CD. Effectivement c’est grandiose en terme de production. A ensemble égal (lecteur CD, ampli, enceinte) c’est fou la disparité de qualité avec une production lambda !Un vraiment très bel album !!!