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Eh bien voilà, c’est fini…

2018-07-21_09-28-40

Je suis triste

Je suis infiniment triste en ce samedi matin, 9 heures, au moment d’écrire ces lignes.

Le Matin papier, c’est fini, je viens d’acheter son dernier numéro, en papier justement, pour avoir un souvenir.

J’en avais déjà parlé ici, mais cette fois, c’est vraiment fini.

Lundi, il y aura un grand vide.

Je sais, c’est un peu la honte de le dire, mais je lis Le Matin –le journal le plus lu par les Romands, 125 ans d’âge–  depuis que j’ai dix ans, pratiquement tous les jours.

Et pendant quarante ans au moins, je l’ai lu au bistrot, tous les matins, en mangeant un sandwich et en buvant –à l’époque– un Coca Light puis un Coca Zéro.

Comme on l’écrit beaucoup, j’ai adoré le détester, j’ai beaucoup pesté contre lui, mais je ne sais pas pourquoi, j’y étais suis accroché et j’ai souvent choisi mes cafés selon le nombre d’abonnements et donc de journaux qui y étaient disponibles.

Et puis, depuis deux ans, je me suis abonné à la version numérique.

Je l’ai lu à la maison, en me levant le matin, et je ne suis plus allé au café.

Vous allez me dire alors que je n’ai pas à me plaindre puisque la version numérique du Matin continue.

Oui, mais non en fait.

Je n’aime pas du tout les versions numériques des journaux où l’on ne voit pas la page du journal, telle qu’elle est imprimée.

Moi, j’aime lire la version numérique des journaux avec leur mise en page, en PDF ou équivalent si vous préférez.

J’ai besoin de balayer la page des yeux.

Et puis, comment retrouver en numérique un journal qui était fabriqué en papier par plus de 50 journalistes alors que seuls 15 d’entre eux ne sont pas licenciés?

Je suis furieux

Je suis furieux contre l’éditeur suisse alémanique du Matin, Tamedia, dont les bénéfices ont bondi de 39 % en 2017, pour se monter à 170 millions de francs.

D’abord, parce qu’il n’a rien fait pour sauver Le Matin, bien au contraire, puisqu’il l’a coulé en sortant en parallèle son journal gratuit, 20 Minutes, ensuite parce qu’il a retiré la plupart des petites annonces dudit journal (sauf les pages internes qui étaient des annonces… coquines).

Enfin parce qu’il n’a, semble-t-il, rien tenté pour sauver le journal en cherchant des solutions novatrices, selon Jacques Pilet que j’écoutais hier interrogé sur le sujet à la RTS.

Je suis furieux contre Tamedia parce qu’il a trompé les journalistes romands et le personnel technique de son groupe qui édite aussi en Suisse romande 24 Heures et La Tribune de Genève en brisant leur grève, après avoir été d’une violence dans les menaces de répercussion pratiquement jamais vue en Suisse.

Et en la brisant comment? En faisant semblant d’accepter la médiation du gouvernement vaudois, incroyablement naïf et qui a beau jeu maintenant de jouer les vierges effarouchées, et de claquer la porte, comme un malpropre, jeudi soir, envoyant une gifle sonnante audit gouvernement vaudois, et évidemment, au personnel romand du groupe.

Jacques Pilet l’expliquait très bien à la RTS: à sa connaissance, l’éditeur suisse s’est comporté comme aucune multinationale n’avait osé le faire avec un gouvernement qui prenait la tête d’une médiation pour sortir d’un conflit social.

En conséquence, je suis furieux aussi contre le gouvernement vaudois (osons pour une fois sortir de notre devoir de réserve en tant que membre du personnel payé par le canton), parce qu’il s’est fait gruger par l’éditeur alémanique et donc, parce qu’il a participé indirectement au cassage du mouvement de grève du personnel romand de Tamedia.

Lundi, ça va être dur.

Pour les lecteurs, bien sûr, mais pour les journalistes et le personnel administratif ou technique du journal à qui je souhaite le meilleur pour la suite, ce qui ne va pas être simple, dans cette presse écrite en crise depuis quelques années.

Je reste abonné au Matin Dimanche, qui est un très bon journal, par solidarité.

Parce que j’aime ce journal.

Parce que si je me désabonne, je tire une balle dans le pied de la presse romande, qui n’a pas besoin de ça.

Mais ça me fait mal de donner du fric à Tamedia, ça, je peux vous l’assurer.

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