Laissons de côté voulez-vous cette histoire d’héritage qui peut nous choquer, mais dont nous ne savons pas grand-chose en fait qui nous permette de juger et de prendre parti, puisque cette histoire est dans les mains de la justice.
Laissons de côté également le fait que ce disque est une immense opération commerciale ce qui suffirait normalement pour me faire passer mon chemin sans l’écouter.
Mais ce serait vraiment trop bête.
Parce qu’après avoir écouté l’album 4 fois tout entier ce week-end, en courant, mais aussi à la maison, dans de très bonnes conditions sonores, je peux dire que Johnny nous propose ici un disque magnifique, le meilleur depuis tant d’années, depuis Sang pour sang peut-être.
Ce dernier était touchant, parce qu’il nous montrait les retrouvailles d’un père avec son fils.
Mon pays, c’est l’amour est peut-être encore plus fort parce qu’il est le disque du bilan d’un homme, juste avant de mourir.
On entre dans l’album avec la chanson « J’en parlerai au Diable ».
La claque.
Je vous la lie ici, mais il faut savoir que même si elle peut faire passer l’émotion à travers un bête ordinateur, elle prend toute son ampleur sur une chaîne de haute qualité.
Parce que ce disque est magnifiquement enregistré, comme beaucoup d’albums de Johnny d’ailleurs, au point qu’il se pourrait bien qu’il devienne un de mes disques de référence lorsque je fais écouter la qualité des Jean Maurer à mes invités.
Le son est prenant, quelle que soit la chanson écoutée, mais ce J’en parlerai au Diable est d’une profondeur et d’une puissance phénoménale sur une chaîne Hi-fi.
Et que dire de cette voix que les producteurs garantissent non trafiquée? D’une puissance elle aussi, et même d’une jeunesse assez étonnantes.
Et surtout, pour en revenir plus particulièrement à J’en parlerai avec le diable, ces paroles d’un homme qui assume ce qu’il a fait, et qui rendra compte de ses actes au seul à pouvoir l’écouter…
Mélodie prenante, avec un pont rappelant Hôtel California des Eagles, paroles qui le sont tout autant.
J’imagine que bien de fans du chanteur ont dû retenir une petite larme en écoutant cette chanson.
Mais le disque montre aussi le Johnny qui a des doutes, qui montre son impuissance sa rage et sa révolte dans la dernière chanson, Je ne suis qu’un homme qui boucle la boucle de cet album qui est également une sorte de testament musical puisque nous y retrouvons plusieurs des styles que le chanteur affectionnait.
Le Rock’n Roll du titre éponyme, Mon pays c’est l’amour aurait pu être chanté par Johnny dans les années 60 ou 70.
Les ballades magnifiques aussi, comme Pardonne-moi…
Mais on y retrouve également des thèmes chers au chanteur, comme le monde carcéral dans 4m2.
Cette Amérique aussi qu’il a tant aimée, ici à travers les images du célèbre photographe William Eggleston sur un très chouette Country.
Et puis, ce disque est intelligemment construit.
La plage Interlude, dans laquelle Yodelice a arrangé le thème de J’en parlerai au diable, pour orchestre symphonique est prenante, parce qu’il nous montre soudain l’absence du chanteur, et que non, ce ne sera plus pareil, ne serait-ce que parce que l’on ne verra jamais ces chansons sur scène.
Elle nous permet aussi de reprendre notre souffle après les 5 premières chansons.
Un très beau disque, vraiment, qui termine en beauté, c’est le moins que l’on puisse dire, la carrière de Johnny Hallyday.
J’aimerais encore dire que l’équipe autour du chanteur a fait un travail formidable, contrairement à ce qui s’est passé, encore du vivant du chanteur, sur cet épouvantable disque de duos dont j’ai parlé ici qui lui puait l’opération commerciale vite faite pour rapporter plein d’argent.
Je suis certain que Johnny aurait donné son aval pour que Mon pays c’est l’amour sorte tel qu’il nous est présenté.
C’est peut-être le seul point autour de cet album sur lequel j’oserai me prononcer: ce disque, artistiquement, devait sortir tôt ou tard. Je comprends mal le fait que les enfants du chanteur aient voulu empêcher la chose sous des prétextes artistiques.
Certes, financièrement, dans la crise actuelle que traverse cette famille, je peux comprendre qu’on essaie de bloquer la sortie d’un album que l’on presse à 800’000 exemplaires dans un premier temps et qui va rapporter beaucoup aussi en streaming, mais de grâce, ne prenons pas comme prétexte le domaine artistique pour le faire.
Tout cela pour vous dire que même si vous avez décidé de passer outre cette dernière sortie d’album pour les raisons évoquées en début d’article, ce serait trop bête de ne pas lui donner une chance.