En matière de bande dessinée, on parle d’école belge ou d’excellence belge.
“Le son suisse, une excellence mondiale”, collection “Savoir suisse”, EPFL Press, que je vais vous présenter aujourd’hui, est signé Joseph Tarradellas, un ancien professeur en chimie de l’environnement et en écotoxicologie de l’EPFL (Ecole Polythechnique Fédérale), un passionné de musique au point de fabriquer sa première chaîne à 16 ans, mais aussi un animateur avec sa femme des moments musicaux, à la Grange de Renens ainsi qu’au Festival de musique classique Luna, à St-Prex. C’est également un grand collectionneur de disques.
J’ai eu la chance de passer une soirée avec lui lors du cinquantième anniversaire de l’entreprise Jean Maurer, cinquantième anniversaire dont j’ai d’ailleurs parlé ici.
Nous avions parlé de son livre qui était alors pratiquement terminé, et j’avais bien senti cette passion qui enflammait Joseph, lorsqu’il me parlait par exemple de Marie Laeng qui, mariée à Fritz Laeng, a tenu pratiquement seule la marque Lenco que les deux époux avaient créée.
Lorsque Joseph me parlait d’elle, je me disais déjà qu’on pourrait facilement tourner un film sur sa vie compliquée dès l’enfance, ses passions pour sa marque qu’elle développe jusqu’à sa mort tout cela associé à sa grande sensibilité sociale.
On retrouve tout cela dans le livre, puisque tout un chapitre est dédié à cette marque qui pour moi a toujours été importante, puisque ma première chaîne stéréo, à l’âge de 14-15 ans, était une Lenco que je revois toujours dans ma tête avec une grande précision et une grande tendresse: qu’elle était belle, tout en bois, les boutons de volume juste à droite de la platine, avec son grand couvercle en plexi. Il faut dire que, déjà, alors que je l’avais commandée à Ex-Libris sur la Place de La Pallud à Lausanne, Ex-Libris qui s’était associé avec Lenco, j’avais dû l’attendre plus que de raison puisque le magasin avait eu beaucoup de peine à me la livrer.
Comme quoi les retards de livraison que l’on rencontre ces temps ne datent pas d’hier!
Pour en revenir à ce livre qui fourmille d’anecdotes…
Vous saviez que le premier phonographe inventé par Thomas Edison avait été construit, à la fin du 19e siècle, par un Appenzellois (un canton de la Suisse profonde), Johann Kruesi (prononcez Yorrrhann Kruuuttzi), hmmmm?
Bon, un Appenzellois, hors de sa Suisse profonde, puisqu’émigré aux États-Unis, mais un Appenzellois quand même.
Et puis, vous saviez, vous, que Thorens avait dû s’exiler pendant la guerre à New-York pour prévenir une annexion de l’entreprise par les Allemands, et qu’il y a même en souvenir de cette époque (Thorens est revenue en Suisse ensuite) une rue dans cette ville qui porte le nom de l’entreprise?
Bien évidemment, l’histoire de Paillard, Thorens, Lenco, Revox, Studer et Kudelski est mise en exergue dans ce livre, mais les petites entreprises artisanales ne sont pas oubliées, comme Jean Maurer, à Aubonne qui fait mon bonheur musical au quotidien et dont j’ai souvent parlé sur ce blog et sur le précédent.
Je suis d’ailleurs assez étonné de voir ce vivier en relation avec le son que nous avons en Suisse romande, notamment dans le canton de Vaud qui compte 6 entreprises, sans compter Kudelski.
L’auteur nous explique, à la fin du livre, que le problème du son suisse, actuellement et pour le futur, c’est peut-être la petite taille des entreprises qui s’y consacrent.
Vont-elles survivre à la retraite de l’homme ou la femme au cœur de production?
Tiens, d’ailleurs, mis à part “Madame Lenco”, dont je parle plus bas, Joseph Tarradellas nous explique que les femmes sont pratiquement absentes dans ce domaine.
Cela dit, j’en connais au moins une, Christine Maurer, partie prenante et importante de l’entreprise évoquée plus haut.
Ce livre, je l’ai pris en main samedi matin, et je n’ai pas décollé jusqu’à ce que je l’aie terminé.
Il est écrit comme un roman, c’est d’ailleurs l’une des grandes forces de Joseph Tarradellas: purée, le gaillard sait vulgariser.
J’ai un tout petit regret nonobstant: Joseph nous parle de plein de matériel, de platines magnifiques, d’amplis, de consoles d’enregistrement pour le cinéma, et on aimerait voir tout cela.
Les illustrations sont malheureusement très peu nombreuses dans ce livre.
Mais vous savez quoi? Je l’ai lu avec mon Mac juste à côté de moi, sur le canapé, et je faisais des recherches DuckDuckGo au fur et à mesure de ma lecture pour voir ces appareils magnifiques.
Ça aurait été dommage de les rater, ou bien?
Tenez, là, je ne résiste pas à vous montrer cette incroyable platine Thorens Symphony, capable de lire un microsillon sans devoir se lever pour changer de face.
D’ailleurs, le lien vers ce film, je l’ai trouvé dans le livre.
C’est-y pas ingénieux? Vous imaginez la précision du mécanisme?
Voilà…
La lecture de ce livre me conforte dans mes choix de matériel musical, si besoin était.
Mis à part mon DAC Cambridge et mon Mac, tout est vaudois, et vient d’un endroit situé à moins de 15 kilomètres de chez moi, avec des gens que j’adore.
Ah la la, nous sommes un pays formidable, n’est-il pas?
Qui a dit “y’en a point comme nous”?