Site icon Le Blog du Cuk

Phèdre! Giselle… Carmen. Où la ponctuation fait différence

CARMEN. - une pièce de François Gremaud avec Rosemary Standley et quatre musiciennes. Une production de la 2b company. Théâtre de Vidy, Lausanne, le 29 mai 2023. ©Dorothée Thébert Filliger

Week-end émotionnellement chargé de notre côté, puisque c’était la fête de mon départ à la retraite, avec 110 personnes présentes vendredi soir sur les hauts de St-Prex.

L’angoisse de l’organisation avant, bien aidé par des amis et des amies, merci à ielles, le “plaisir” du rangement, d’abord de la salle, puis de la maison, un peu comme quand on rentre de vacances.

Et puis, dimanche, départ pour Giselle…, au théâtre de Vidy à Lausanne, où se jouait la trilogie de François Gremaud, à savoir Phèdre!, dont je vous ai parlé ici, Giselle… (donc), puis Carmen.. (non non, les deux points de suite ne sont pas une erreur).

Nous n’avions pris que des billets pour Giselle…, imaginant que nous serions bien fatigués après la petite fête dont je vous ai parlé en introduction, mais, une fois sur place, nous avons également pris des billets (il restait quelques petites places au dernier rang, mais peu importe, on voit bien de partout à Vidy) pour Carmen..

De nombreux spectateurs avaient pris des billets pour les trois spectacles à la suite, nous, deux seulement, mais bon, nous avions déjà vu le premier, nous avons donc signé les yeux fermés pour les deux suivants, quand il s’agit de François Gremaud et de la 2b company, on ne se pose pas de question, tant on sait qu’on va prendre une baffe et son pied de concert.

Ça n’a pas raté.

Bon, en trois mots et quelques…

Nous avons trois pièces contemporaines, à savoir Phèdre!, Giselle…, et Carmen., les trois avec leur signe de ponctuation distinctif, qui sont écrites par François Gremaud, et qui racontent pour la première Phèdre, une tragédie, Giselle, un ballet romantique et Carmen, l’opéra bien connu de Bizet, les trois sans signe de ponctuation.

Le génie de François Gremaud est de nous faire passer d’une pièce à l’autre (celle avec et celle sans ponctuation) avec une finesse, un humour et une intelligence qui nous fait comprendre la deuxième (l’originale, suivez un peu, je vous prie) même en imaginant que vous ne l’ayez pas vue.

C’était mon cas en ce qui concerne Giselle, je n’ai jamais vu ce ballet, et cela ne m’a jamais dérangé en regardant Giselle…. (normal n’est-ce pas, les 4 points de suite, ce sont les 3 points de suspension suivis d’un point).

Vous comprenez jusque-là?

Sinon, relisez, je crois que mon explication tient la route.

Mais revenons-en aux 4 pièces en 2 que nous avons vues dimanche après-midi.

Giselle…

Laissons la 2b company nous expliquer le synopsis de la pièce, inutile de réinventer la roue, elle le fait bien mieux que moi.

Une oratrice, interprétée par la danseuse Samantha van Wissen, prétextant parler de la pièce dont vous lisez actuellement le synopsis, finit par raconter et interpréter le ballet Giselle, d’après le livret de Théophile Gautier, la musique de Adolphe Adam et la chorégraphie originale de Jean Coralli et Jules Perrot.

De la même façon que dans Phèdre ! Romain Daroles raconte, seul en scène, la célèbre pièce de Racine, dans Giselle… Samantha van Wissen raconte le ballet éponyme, considéré comme le chef-d’œuvre du ballet romantique.

Il s’agit du deuxième volet de la trilogie que François Gremaud entend consacrer à trois grandes figures féminines tragiques des arts vivants classiques : Phèdre (théâtre), Giselle (ballet) et Carmen (opéra).

2b company

Samantha van Wissen raconte donc Giselle… certes, mais est aussi toutes les danseuses en même temps, c’est assez magistral.

J’y reviens tout à l’heure, parce que ce que j’ai à dire à propos de Samantha comédienne-danseuse peut l’être aussi pour la comédienne-chanteuse de Carmen.. (Non non, ce n’est toujours pas une erreur, ces deux points qui se suivent).

Carmen.

Une nouvelle fois, donnons la parole à 2b company pour décrire le synopsis de Carmen.. (Heu… non, je n’ai rien dit).

Une oratrice prétextant parler de la pièce dont vous lisez actuellement le synopsis, finit par raconter et interpréter l’opéra Carmen de Georges Bizet, d’après le livret de Henri Meilhac et Ludovic Halévy.

De la même façon que dans Phèdre ! Romain Daroles raconte, seul en scène, la célèbre pièce de Racine et que dans Giselle… Samantha Van Wissen raconte le ballet éponyme, Rosemary Standley – accompagnée sur scène par 5 musiciennes – prend seule en charge l’évocation de cette pièce qui a en commun avec les deux autres, outre de porter un prénom féminin et de voir son héroïne mourir sur scène, d’être considérée comme l’un des chefs-d’œuvre de son genre.

Il s’agit du troisième volet de la trilogie que François Gremaud entend consacrer à trois grandes figures féminines tragiques des arts vivants classiques : Phèdre (théâtre), Giselle (ballet) et Carmen (opéra).

2b company

Cette fois, c’est Rosemary Standley, donc, vous l’avez compris, qui reprend le rôle de narrateur et de chanteurs et chanteuses de cet opéra à succès.

Photos: ©Dorothée Thébert Filliger

Et c’est absolument jouissif.

Ce que Phèdre!, Carmen. et Giselle… ont en commun

Vous l’avez compris, cette trilogie est basée sur scénographie qui a quelques points communs.

La première chose qui me vient à l’esprit, c’est que Phèdre!, Giselle… et Carmen. sont tout simplement une véritable performance humaine.

L’acteur et les actrices sont incroyables de précision, passant d’un personnage à l’autre d’un simple signe de la main notamment.

Mais quel texte à mémoriser (bon, c’est un métier hein)! Ceci associé à une performance physique, que ce soit la danse ou le chant pour les deux dernières pièces, c’est époustouflant.

Ces comédiennes sont tout simplement superbes chacune dans leurs arts, c’est magnifique.

Autre point commun des trois pièces: la précision de la description des scènes des œuvres originales, mais toujours avec un humour propre à la compagnie.

On sort de ces spectacles heureux, c’est aussi simple que ça.

Et puis, en ce qui concerne Giselle… et Carmen. il y a la musique.

4 musiciennes pour le premier spectacle, 5 pour le second, avec des arrangements dingues signés Luca Antignani, c’est vraiment du très haut niveau.

Je mets la distribution des musiciennes ici, elles jouent en alternance, mais j’imagine que celles que je n’ai pas vues sont aussi douées et subtiles que celles que nous avons eu le plaisir d’écouter et de voir, dimanche (elles sont en gras dans les deux listes ci-dessous).

Pour Giselle…

Pour Carmen.

La trilogie en une seule journée

Ce dimanche, comme je l’ai expliqué, nous n’avons vu que deux spectacles.

C’est d’ailleurs assez génial d’en voir plusieurs le même jour, parce que l’un fait des clins d’œil à l’autre, au point que j’ai regretté de ne pas revoir Phèdre! un peu plus tôt.

Vraiment, voir la trilogie complète en une journée a un sens, ça en vaut la peine.

Un conseil, évidemment, rendez-vous-le dimanche 3 septembre au Théâtre du Jorat, dans un cadre magnifique, pour voir au moins l’une de ces trois pièces:

Mais un conseil, allez voir les trois ce même jour, vous en profiterez d’autant plus!

Merci à la compagnie pour ces moments inoubliables.

Juste pour dire, nous avons vu Phèdre! avant la pandémie, nous en parlons encore très souvent entre amis.

Bon… ce coup-ci, il ne faut pas trop que je demande à Antidote de vérifier la ponctuation et les majuscules…

Photos de couverture et dans le corps du texte: ©Dorothée Thébert Filliger

Quitter la version mobile