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Renaud, comment te dire…

Mon cher Renaud,

Toi qui as accompagné toute ma vie depuis mon adolescence, toi que j’ai tellement chanté, écouté, avec tellement de joie et de plaisir pendant tant d’années.

Toi pour qui j’ai tant de respect pour tout ce que tu représentes, pour tes chansons, qui sont parmi les plus belles qui aient été écrites et chantées en français.

Toi que je mets tout en haut de la hiérarchie des chanteurs auteurs-compositeurs français, au même titre, pour ne prendre que les hommes, que des Brassens, Brel, Ferré, Lavilliers, Aznavour, Trenet.

Toi que j’ai vu en concert cinq fois, la dernière il y a bien treize ans pour le concert à l’Arena de Genève de la tournée de Boucan d’enfer,  à la suite duquel j’avais juré ne plus jamais venir t’écouter, tellement il avait été mauvais, vocalement parlant, alors que le précédent l’était déjà.

Toi à qui je pense souvent, en espérant que tu t’en sortes, que tu puisses enfin aller mieux, et recommencer à te faire plaisir et à nous apporter tout ce bonheur d’alors.

Ils sont rares, les gens que je ne connais pas vraiment, pour qui je me fais du souci, comme pour quelqu’un de ma famille.

Toi, Renaud, que je me réjouissais d’écouter ce samedi soir, sur l’Asse…

Renaud, tu avais les meilleurs musiciens du monde, hier soir, tu avais des arrangements magnifiques, tu avais un visuel scénique splendide, le meilleur son de tout le festival et tu chantais tes plus belles chansons dont je te parlais plus haut.

Tu avais un public là uniquement pour toi, et quel public!

Renaud, je sais que l’on ne tire pas sur une ambulance, mais là, c’était trop dur.

Dans quel état t’es-tu montré?

Ce fut complètement pathétique, une fois de plus, et là, tu as touché le fond, vocalement parlant du moins.

Ce que j’entendais autour de moi faisait bien mal, partout, du “on est là par pitié”, “c’est une épave”, “c’est épouvantable, regarde comme il tremble…”, et je n’en dis pas plus parce que c’est trop triste.

Je n’avais pas envie d’entendre ça, encore moins de le dire ou l’écrire ici.

Je lisais un article ce matin dans le Matin Dimanche qui racontait comment les gens, en 1957, ont commencé à aller écouter Édith Piaf parce qu’il y avait une chance qu’elle meure sur scène (ce monde, même il y a 60 ans, est décidément merveilleux…).

Personne ne souhaite cela, je crois, tous ceux que j’ai vus étaient désolés pour toi.

Renaud, toute la première moitié de ton spectacle était tout simplement épouvantable, de par tes  borborygmes.

Ce n’était pas seulement faux, comment pourrait-il en être autrement lorsque l’on n’entend plus qu’une note de ta mélodie, c’était des râles, c’était… à pleurer, en tant qu’expression et pour de vrai, en fait.

Pour que l’on puisse se rendre compte, j’illustre ici rapidement mes propos et la sono, et l’iPhone n’y sont pour rien dans le son de ta voix.

Même lorsque tu parlais, on ne te comprenait qu’avec peine tellement tu n’arrives plus à prononcer les mots…

Alors bon, j’hésite entre la tristesse et quelque part la colère.

Beaucoup de gens sont venus à Paléo pour toi, on payé l’entrée de ce festival pour toi, ce samedi soir.

Et toi, combien as-tu demandé? Dans les 100’000 francs, j’imagine. Je n’y suis pas du tout? Peu importe.

Certes, tu as mis le paquet au niveau visuel et tes musiciens sont tous excellents, ils compensent dans une certaine mesure.

Mais enfin tout de même…

Tu lui dois plus, à ce public, que ce que tu lui as montré hier.

Alors oui, bien sûr, nous avons chanté, sur la fin, ta voix a pu donner deux ou trois semblants de notes, et notre logiciel interne a réussi à effacer les râles dont je parlais plus haut, pour ne plus écouter que la musique et les chants du public.

Il y a même eu de l’émotion, ce qui est tout bonnement incroyable, c’est dire si les gens t’aiment.

Je ne sais plus, je suis totalement désemparé face à un tel spectacle.

Je me dis que tu devrais arrêter de chanter sur scène, de montrer un tel spectacle de toi, et continuer à écrire des albums, les chanter tranquillement en studio, en prenant le temps, voire même de les faire chanter par d’autres.

Parce que cette dernière chanson de ton album, les Mots, elle est tout de même tout simplement splendide.

Et même là, quand je la réécoute après coup, sur l’iPhone, je la trouve émouvante.

Oui, je ne sais plus…

On dit toujours qu’il ne faut pas faire le concert de trop.

Toi, ça fait longtemps que tu l’as déjà fait, et pourtant les gens continuent à venir te voir.

Nous continuons à avoir les larmes aux yeux.

À regretter  notre jeunesse un peu perdue, peut-être…

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