Quand Melody Gardot sort un nouvel album, je saute dessus (l’album donc, que ce soit bien clair).
J’adore sa voix, son groove, cette douceur, cette langueur parfois, cette précision, cette manière de susurrer à l’oreille.
Retour en arrière sur sa carrière avec ce dernier album qui retrace ses enregistrements un peu partout en Europe ces quatre dernières années, avec son groupe qu’elle considère aussi important qu’elle.
Il faut dire qu’ils sont bons, et Melody Gardot leur cède souvent la place, pour les mettre en avant.
Il y a du vécu dans ce disque, du grain, et l’on n’a pas gommé certaines imperfections, telle celle du contrebassiste, dans le morceau 14 «?March for Mingus?», qui plante une note en plein solo (génial d’ailleurs), allez écouter à 3’35 ce morceau on l’entend très bien dire aoooh, shit! Avec un éclat de rire de Melody Gardot droit derrière et le public qui se marre.
Si son précédent album était lui aussi magnifique, il était un peu plus pop que celui-là qui est véritablement centré sur le jazz.
Un jazz plus exigeant donc, mais qui reste tout de même à la portée de tout un chacun, ce qui m’arrange un peu parce que je n’aime pas tellement le jazz cérébral.
Un très bel article est sorti sur le dernier Le Matin Dimanche retraçant sa vie pas si simple puisqu’à l’âge de 19 ans, un terrible accident la blessée profondément dans sa chair et qu’elle a mis des années à s’en remettre, ne lâchant sa canne, ravivant ses douleurs, que depuis quelques mois.
J’ai découvert ce disque vendredi passé sans me rendre le moins du monde de ce que représentait la pochette, qui apparaissait en miniature dans Audirvana..
Je l’ai trouvé superbe cet album, musicalement, et c’est seulement à la lecture du commentaire de Qobuz qui se terminait ainsi «?Enfin, il y a évidemment cette pochette qui fera couler pas mal d’encre. Ou pas. © MD/Qobuz?» que je me suis posé des questions et que je suis allé y voir de plus près.
Nom d’une pipe, et dire que j’ai failli rater ça. C’est une photo magnifique, mais…
Sur le coup, je me suis tout de même posé quelques questions: pourquoi une femme de cette trempe a-t-elle besoin de se dénuder pour vendre son disque.
Pour faire parler d’elle?
Et j’ai eu ma réponse dans Le Matin Dimanche:
Alors qu’elle lutte pour réinvestir son propre corps, Melody Gardot a pris l’habitude de montrer ce corps aux photographes, comme pour en assumer les cassures intérieures. Aujourd’hui, sa nudité sur la pochette de ce nouveau disque interpelle sans réellement surprendre. Lorsqu’elle évoque le sujet, son élocution devient plus hésitante, comme si elle cherchait les mots pour expliquer quelque chose de délicat. «?Je voulais une image qui montrerait ce combat avec mon corps contre la douleur. Je ne voulais surtout pas provoquer. Aujourd’hui, trop d’images enferment les femmes dans un rôle sexuel et elles ont besoin d’être représentées différemment. Les photos d’Helmut Newton ou d’Irving Penn montrent qu’il y a une place pour la beauté pure d’un corps de femme. Je suis aujourd’hui naturelle comme la musique qui se trouve sur ce disque. Certains vont peut-être froncer le sourcil, mais ma mère a vu cette photo et elle lui convient.?»
J’adore cette conclusion.
Mais que vous aimiez ou pas cette pochette, qu’elle vous choque ou non, vous devriez passer un moment à écouter cette artiste magnifique à tous points de vue.
Ce disque en est une très belle occasion.
Et pour finir, une chouette vidéo très récente de ce qu’elle fait sur scène:
Vous pouvez sauter l’intro un peu longue si vous êtes pressé et vous approcher de 3:00.
Enfin, je sais que vous êtes assez “classe” en commentaires, alors, je compte sur vous pour ne pas tomber dans le bêtement grivois.
Merci infiniment.