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Quand un top 5 du violon joue un as de la composition

Je vous ai déjà parlé de Christian Tetzlaff ici, il a peu, à propos de son dernier album consacré aux partitas de Bach.

Grandiose.

Ce lundi, j’ai eu l’immense chance de l’écouter en direct, dans la salle du Métropole à Lausanne, à l’occasion du sixième concert de l’abonnement de l’OCL (Orchestre de Chambre de Lausanne), dont je vais vous parler bientôt puisqu’il fête cette année son 75e anniversaire.

3 œuvres au programme.

Comme toujours avec l’OCL, nous avons eu droit d’abord à une œuvre contemporaine, cette fois-ci en création mondiale. Je pense vous en parler prochainement.

Et le concert s’est terminé par une magnifique symphonie de Félix Mendelssohn n° 3 en la mineur, dite l’Ecossaise, brillantissime, avec un son magnifique certainement dû en partie à ce chef admirable qu’est Kazuzi Yamada, d’une précision et d’une gestuelle remarquables.

Entre deux, avant l’entracte, nous avons eu droit à ce concerto pour violon tellement incroyable, tellement… tout, que je le dis depuis toujours (ou presque), c’est cette pièce que j’emporterais sur une île déserte, si cette dernière était dotée d’un lecteur CD, mais ne proposait pas le wi-fi (dans le cas contraire, bien évidemment que je profiterais d’écouter d’autres belles pièces sur Qobuz, faut pas pousser non plus).

Ce concerto, c’est de la folie, et c’est le concerto en ré majeur op. 77 de Johannes Brahms.

Brahms, jeune… et sans sa barbe sévère

Il est prenant, tant dans le deuxième mouvement lent que dans le premier (ah la la, cette introduction majestueuse…), éclatant, et plus encore dans le 3e, avec ses consonances hongroises.

J’ai lu dans le programme que ce concerto avait été boudé dans sa toute première version, les violonistes l’ayant traité de concerto contre le violon, tellement il est difficile.

Je n’aime pas la technique pour la technique, la difficulté pour la difficulté, mais là, c’est tout autre chose dont il est question.

Certes, il faut un violoniste au sommet de son art pour jouer ce concerto, c’est le strict minimum, c’est la base.

Rien qu’elle est déjà incroyablement difficile à atteindre.

Mais il faut encore l’interpréter.

Et Christian Tetzlaff de préciser que pour lui, l’idée que l’interprétation musicale est la clé de la technique pour le violon et non l’inverse.

Pour tout vous dire, j’ai écouté au bas mot une vingtaine d’interprétations de ce concerto.

Celle qui m’a convaincu pendant des années, c’est celle de Nigel Kennedy, envoyée avec un enthousiasme et une puissance assez impressionnantes.

C’était à l’époque où il était encore jeune, avant de faire beaucoup moins bien, voire parfois n’importe quoi (quelle tristesse d’ailleurs!).

Et puis, bien sûr, plus tard, est sortie l’interprétation de ce concerto enregistrée par Janine Jansen et sortie fin 2015 sur CD, début 2016 sur les plateformes de diffusion.

Un miracle, cette version.

https://youtu.be/lJ1xKctJpQM

Si vous voulez écouter le 3e mouvement de ce concerto, passez directement au minutage 33’36 (mais ce serait vraiment dommage de rater le reste).

Et hier, Christian Tetzlaff a été lui aussi époustouflant.

Ce musicien a tout pour lui: il est flamboyant, lyrique, doué d’une dynamique incroyable, passant du fortissimo le plus violent (mais comment son violon résiste-t-il à ce jeu? C’est solide un violon, les crins de l’archet, un peu moins, qui se cassent plus souvent qu’à leur tour tout au long de son interprétation) au pianissimo le plus léger, le plus imperceptible, avec tout ce qu’il y a entre-deux.

Il faut le voir prendre appui sur sa jambe droite, et presque bondir.

Ce n’est jamais pour faire du cirque (comme peuvent le faire Kennedy et bien d’autres), mais parce qu’il faut que tout le corps participe à ce concerto. Parce que sinon, Tetzlaff, c’est la simplicité même.

Quand on l’écoute, on est subjugué par l’artiste, mais également pas son violon.

Cette petite boîte en bois, c’est tout de même quelque chose! Comment peut-elle nous sortir des émotions pareilles?

Cela dit, voici ce que Tetzlaff peut faire avec le concerto pour violon de Brahms.

Ici, le 3e mouvement, dirigé ici par le grandissime Simon Rattle accompagné par le Berliner Philharmoniker.

C’était il y a deux ans.

Ce concert a été diffusé sur Espace 2 ce mardi soir, mais il s’agit d’une transmission en direct dans un premier temps. Ce ne sera pas tout à fait le concert de lundi, mais j’imagine que nous serons très proches de ce dernier.

Vous le retrouverez très vite sur cette page, dédiée aux concerts du mardi

MAJ de mercredi 28 février: voici le lien direct vers le concert de mardi 27 février 2018.

MAJ 2 de mercredi 28 février: j’ai écouté l’enregistrement du concert de mardi: très mauvaise prise de son. Le violon est dur, criard presque, très loin de ce que j’ai entendu en direct. En plus, il y a un bruit de fond impressionnant dans le bis.

On entend bien les instruments de l’orchestre, mais il n’y a aucune rondeur.

Mais qu’a fait la RSR?

Vous savez, même si vous pensez ne pas aimer la musique classique, regardez simplement l’un des deux films que je vous propose ce jour.

C’est tout simplement splendide!.

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