Depuis la pandémie, je ne me sens pas à l’aise dans le train, raison pour laquelle je prends pour la plupart de mes trajets la voiture.
Ladite voiture est électrique et alimentée depuis quelques jours (quoique, avec la neige…) par mes panneaux solaires, et avant cela, par de l’énergie verte, ce qui me console un peu, puisque je ne pollue plus qu’avec ma poussière de freins (tellement peu puisque l’on ne freine pratiquement plus en électrique) et avec des résidus de caoutchouc (il semble que ce ne soit pas anodin) dus à l’usure des pneus sur la route.
Cela étant, je prends tout de même le train, le week-end, et quand je sais que je dois aller en ville de Lausanne pendant ma journée.
À force de rendre impossible l’accès au centre en moins d’une heure depuis mon collège, juste à 4 ou 5 kilomètres dudit centre, je préfère prendre un moyen de transport bien plus pratique.
Je peste lorsque je suis dans un de ces bouchons lausannois, puis en cherchant une place de parc devenue denrée de plus en plus rare, et en même temps, je sais bien que Lausanne, qui est super bien dotée en transports publics (qui eux passent sans problème les ralentissements sur leur voie propre) a tout à fait raison de décourager le transit ou même l’entrée dans sa ville, pour le bien-être des habitants qui eux, souvent, n’ont pas de voiture.
Nous n’avons pas à les déranger parce que nous, qui avons la chance d’être à la campagne bien tranquilles le reste du temps, voulons avoir accès au centre de la ville.
Ces derniers temps, je prends donc le train de temps en temps, et à chaque fois, je me rends compte, en particulier dans le train de la compagnie MBC (Morges-Bière-Cossonnay) que nous sommes, Mme K et moi-même, parmi les seuls à avoir le masque, comme l’impose le gouvernement dans les transports publics.
Vendredi soir, en sortant du train, je dis gentiment à un jeune gars debout dans la file derrière moi: “dites, vous pouvez m’expliquer pourquoi vous ne portez pas le masque? Parce que moi aussi, il me gêne, alors je ne comprends pas pourquoi vous ne faites pas l’effort, vous, de le mettre”.
Heureusement, je suis tombé sur un gentil qui m’a dit, un peu gêné: “mais parce que personne ne le met, alors, pourquoi moi?”
Comme nous étions à Bière, gare terminus, tout le monde descend s’il vous plaît, je suis tombé sur le conducteur de train, à qui j’ai dit que je ne comprenais pas pourquoi il n’y avait jamais de contrôle du port du masque dans le train de cette compagnie, ce qui amenait tout le monde ou tout du moins une grande majorité des voyageurs à ne pas respecter le port du masque.
Je lui ai aussi dit que ce n’était pas le cas dans les trains des CFF, parce que là, il y avait des contrôles.
Je précise que je prends le train des MBC entre Bière et Morges, donc sur l’entier de sa ligne depuis 10 ans, je n’ai eu qu’un seul contrôle!
En cela, la compagnie ferroviaire ne fait tout simplement pas son travail, voire même son devoir.
Il m’a expliqué qu’il connaissait la problématique, qu’il faisait remonter la chose à sa hiérarchie, que cela ne servait pas à grand-chose.
Surtout, il m’a expliqué que lui-même n’ose plus faire de remarques, parce qu’il se fait insulter gravement, et parfois même molester.
Qu’il conduit son train depuis 25 ans, qu’il n’y avait jamais de problème à ses débuts, et que maintenant, tout le monde se fout de tout, que certains crachaient régulièrement dans son train, mettaient la main aux fesses de la conductrice lorsqu’elle en était réduite à mettre de l’ordre et à traverser certains wagons, que les gens n’avaient plus de respect pour le matériel, pour les conducteurs, et pour les autres voyageurs.
Je constate d’ailleurs moi-même la même chose un peu partout: si par malheur, vous avez le courage de dire à quelqu’un qui ne respecte pas les règles et que ça ne vous est pas égal (un simple exemple, le nombre de parents qui viennent chercher les élèves dans le parking de l’école et qui pendant 10 minutes, laissent tourner leur moteur pour avoir un peu chaud), c’est vous qui passez pour un con.
Alors voilà, puisque j’en suis à ce vocable, je me demande bien si justement, je ne suis pas devenu, avec l’âge, ce que l’on appelle un vieux con, qui se dit de plus en plus souvent: “mais il n’y a plus de respect dans cette société, c’était quand même mieux avant”.
Je me console en voyant une certaine jeunesse se bouger les fesses pour le climat et des moins jeunes aussi.
Tout n’est peut-être pas fichu.
Allez, bonne semaine à tout le monde!
Photo de couverture: ©François Cuneo, décembre 2021