Depuis 2015, Madame K et moi-même lisons un nombre important de nos livres sur une liseuse Kindle.
Le problème?
Ni l’un ni l’autre, nous n’adhérons à la philosophie et à l’éthique d’Amazon, ce qui fait que depuis deux ou trois ans, nous regardons pour quitter cette entreprise, histoire de ne plus leur donner le moindre centime en achetant nos livres.
Dommage d’ailleurs, parce que le système Kindle est assez bien fichu.
Et puis, vous dire que Madame K est bibliothécaire, et qu’elle cherche à profiter (dans le bon sens du terme) de ce que peuvent nous offrir les bibliothèques du canton de Vaud en matière de livres électroniques.
Il se trouve que les liseuses Kindle ne peuvent avoir accès à la BCU (Bibliothèque Cantonale Universitaire du canton de Vaud), alors que d’autres marques ne posent aucun problème à ce niveau.
Au vu du temps libre qui m’est donné maintenant qui va me permettre de passer plus de temps à lire et de la nécessité de changer la liseuse de Madame K (nos Kindle datent de 2015), nous avons décidé de passer dans un autre monde.
Après bien des recherches, je nous ai trouvé deux liseuses qui me semblent pour le moins correspondre à notre cahier des charges:
- toute petite taille (écran de 6 pouces)
- légèreté
- ouverture maximale permettant l’emprunt des livres et l’achat dans les boutiques de notre choix
Ces deux liseuses, ce sont les Kobo Clara 2E, en très grande partie respectueuses de l’environnement lisez la description:
Voici le Kobo Clara 2E, un lecteur électronique plus respectueux de l’environnement, avec de grandes améliorations dans un petit boîtier. Le Kobo Clara 2E est notre premier lecteur électronique fabriqué à partir de plastique recyclé provenant des océans. Laissez-vous emporter par votre dernière lecture sur un écran tactile HD E Ink Carta 1200 de 6 pouces avec mode sombre et ComfortLight PRO. Lisez la nuit sans affecter la qualité de votre sommeil grâce à la réduction de la lumière bleue. Les 16 Go de mémoire du Kobo Clara 2E permettent de stocker l’intégralité de votre bibliothèque de livres électroniques et de livres audio Kobo, et la technologie sans fil Bluetooth® vous permet d’écouter quand vous le souhaitez. Le Kobo Clara 2E est étanche et prêt à lire dans la baignoire ou en cas d’éclaboussures inattendues.
Site Rakuten Kobo
Cela compte pour nous.
Cette liseuse est très agréable, plus réactive que la Kindle de 2015, ce qui est bien normal, puisqu’elle est sortie en 2022, et semble dotée d’une très bonne autonomie, ce qui est le propre de ces outils de lecture.
Lorsqu’on achète une liseuse Kobo, on part par principe avec la boutique en ligne qui fournit des millions de livres, à savoir Rakuten-Kobo.
Cela fonctionne un peu comme Amazon, sauf que… ce n’est pas Amazon.
Les livres achetés sur cette plateforme peuvent être synchronisés avec votre iPhone ou votre iPad, votre Mac, voire une autre liseuse Kobo, ce qui fait que vous savez où vous en êtes lorsque vous avez lu dans le train votre livre sur le téléphone d’Apple et que vous le reprenez, le soir, sur la liseuse.
Tellement pratique.
En ce qui concerne les livres achetés ailleurs, j’ai fait le test d’acheter chez un libraire romand, à savoir Payot.
J’ai choisi de partir sur le dernier Fred Vargas (j’adore) intitulé « Sur la dalle ».
Problème: le format retenu est, contrairement à ce que nous dit Payot, non pas de l’ePub (qui est le format le plus courant en dehors de celui de Kindle), mais de l’ascm, ce qui est en fait assez normal, le format .ascm étant transformé en ePub par Adobe Digital Edition, un logiciel que vous devriez normalement installer sur votre Mac, votre PC ou vos téléphones. Je l’ai fait sur mon Mac, ce qui n’a pas réglé le problème:
Il y a pourtant une solution, nous allons la voir plus bas, ouf.
Les DRM ou les GDN, je les comprends, je n’en veux pas
DRM signifie “Digital Rights Management” en anglais, gestion des droits numériques (GDN) en français, je n’en veux pas pour nous.
Je m’explique: j’ai des centaines d’applications sur mon Mac, aucune, je dis bien aucune n’est piratée.
Je n’ai jamais, et j’insiste sur jamais, téléchargé quoi que ce soit d’illégal sur mes appareils.
J’ai toujours acheté ma musique, mes films, ou alors, comme vous, je suis abonné à des services de streaming.
Je ne vais pas commencer à télécharger illégalement mes livres non plus, je respecte trop les auteurs pour ça.
Par contre, je refuse qu’après avoir acheté un livre, je ne puisse pas le passer à Madame K, ou inversement.
Je refuse même de ne pas pouvoir passer simplement mon livre aux enfants vivant dans notre foyer s’ils ont envie de le lire.
Or, gérer ces DRM reste extrêmement compliqué, il faut passer par un le logiciel d’Adobe, voir plus haut (hors Kindle qui ne fonctionne avec son système propre), ne lire ses livres que sur le même compte, et surtout, n’avoir droit qu’à quelques appareils (en général de 4 à 6), sachant que si vous changez votre liseuse pour une raison ou pour une autre, vous aurez perdu un droit à un appareil.
Je vous laisse regarder des explications plus précises ici.
C’est d’ailleurs la raison qui fait que les lecteurs adorent acheter des bouquins chez Amazon, où la gestion des droits est plus simple, mais reste liée à un compte unique, ce qui est loin d’être pratique.
Idem d’ailleurs avec la boutique Kobo.
Donc, je suis le premier à acheter les livres électroniques que je lis, mais je ne veux pas qu’on m’ennuie plus que si je les avais achetés en papier.
Jamais je ne craquerai la protection pour transmettre un livre électronique sur le net, par contre, je veux pouvoir “prêter mon livre” à ma famille proche, comme je le fais avec un livre papier.
D’ailleurs, pour en savoir plus sur les DRM, lisez cet excellent article de liseues.net.
Supprimer les DRM avec Epubor Ultimate
Nos livres Kindle, avec Madame K, nous n’allons tout de même pas “les perdre” parce que nous avons changé de crémerie, ou bien?
Pourtant c’est normalement le cas: les livres Kindle ne sont pas lisibles sur d’autres liseuses.
C’est là qu’entre en lice le premier logiciel: Epubor Ultimate.
Ce logiciel est très simple: vous glissez un livre dans sa fenêtre principale, quelques secondes après, il vous crée le même fichier dans un dossier bien à lui sur votre disque, sans la moindre DRM.
Une fois le livre glissé, vous attendez quelques petites secondes (4 ou 5), et vous voyez ceci:
Vous pouvez ensuite le convertir dans ce que vous voulez à l’aide du bouton bleu.
Je laisse cette fonction de conversion à calibre (oui, avec un c minuscule), dont je parlerai brièvement plus loin.
Nous avons glissé, Madame K et moi-même, nos livres Kindle dans cette fenêtre, et la suppression s’est parfaitement bien passée.
Cela étant, rien n’est vraiment simple dans ce bas monde.
Pour que le retrait de la DRM soit possible, il faut que vous ayez téléchargé l’application Kindle sur votre Mac, et que vous vous soyez identifié avec votre compte Amazon sur cette dernière.
Ensuite, il y a un petit problème: Kindle a changé ses protections depuis le début de l’année 2023, les derniers livres achetés depuis cette date ne peuvent pas être convertis depuis votre Kindle (rattachée par un câble USB à votre Mac).
Les télécharger depuis votre compte Kindle ne fonctionnera pas non plus.
Il y a une astuce, et elle est totalement décrite ici.
En gros, il ne faut pas passer par votre compte Kindle, mais par votre compte Amazon et choisir dans le menu de votre compte “Gérer votre contenu et vos appareils”.
Vous cliquez ensuite sur l’icône de la liseuse.
Vous sélectionnez les livres (un par un, eh oui, on ne peut pas faire autrement pour cette fonction.
Vous validez la demande qui apparaît et vous cliquez sur “Téléchargement”
Vous recevrez alors, dans votre dossier Téléchargements, votre livre qui sera toujours, bien évidemment, doté de sa DRM, DRM dans la version d’avant janvier 2023, et le tour est joué.
J’ai donc utilisé Epubor Ultimate pour convertir mes livres, sans la moindre difficulté.
J’ai ensuite fait de même avec ceux de Mme K, me connectant à son compte Amazon et en voulant pratiquer de la même manière que montré ci-dessus.
Tout s’est bien passé, j’ai pu télécharger ses livres, mais au moment de les glisser dans Epubor, j’ai eu un petit problème, ça aurait été trop simple, sinon!
Heureusement, Epubor ne vous abandonne pas, et je dois dire que leur site est incroyablement efficace en matière d’explications et d’aide.
J’ai donc cliqué sur le lien bleu de la fenêtre, qui nous amène ici.
Cela dit, l’aide de la fenêtre est déjà efficace.
J’avais téléchargé le logiciel Kindle sur mon Mac, je l’avais autorisé avec mes identifiants Amazon.
Il se trouve que ce n’étaient pas les mêmes que ceux de Madame K.
J’ai donc dû me déconnecter de mon compte sur Mac, puis me connecter sous le nom de Madame K.
Cela n’a pas tout à fait suffi, parce que cela ne fonctionnait toujours pas.
J’ai dû aller dans les paramètres d’Epubor (dans l’icône de mon compte) et c’est là que j’ai vu que sous Kindle, le numéro de série était celui de ma liseuse (entré automatiquement lorsque je l’avais connectée pour télécharger des fichiers depuis elle, mais ça ne fonctionne pas avec Epubor, voir plus haut pourquoi).
J’ai donc entré celui de la liseuse de Madame K et là, tout a bien fonctionné.
C’est dur, la vie, hein?
Mais quand on trouve, la victoire n’en est que plus belle!
Une fois la protection (DRM) enlevée sur chacun de nos livres (cela se fait en quelques secondes d’un coup pour tous vos livres que vous glissez d’un coup sur la fenêtre, pas besoin d’aller livre par livre pour cette opération), je les glisse dans calibre, qui devient un hub à partir duquel je peux envoyer mes bouquins dans n’importe quelle liseuse connectée.
Juste un petit mot sur le prix d’Epubor Ultimate:
J’ai pris la licence à vie, elle vaut tellement la peine quand on sait combien de centaines, voire de milliers de francs elle a sauvé en bouquins et elle va nous faire économiser par la suite.
Parce qu’Epubor Ultimate fonctionne également parfaitement avec les livres de nos liseuses Kobo, bien évidemment.
La fenêtre d’Epubor lorsqu’une Kobo est connectée à l’ordinateur
Madame K achète un livre sur sa Kobo? Je branche sa liseuse, je glisse le livre dans Epubor, la DRM est retirée, je glisse ensuite le livre dans calibre.
Il me suffit de connecter à calibre MA liseuse Kobo, et j’envoie le livre dedans.
Et quand c’est moi qui achète un livre qu’elle a envie de lire, nous allons, bien sûr, dans l’autre sens.
Comme vous le voyez, nous continuons à acheter nos livres, mais nous nous les passons entre nous, ce qui est bien la moindre des choses.
Ah! Et le livre que j’ai acheté chez Payot au format ascm dont j’ai parlé plus haut, vous vous souvenez?
Pour le passer à Epubor, je devais d’abord l’ouvrir dans Adobe Digital Edition qui a été bien incapable de le faire (voir plus haut, encore une fois).
Eh bien j’ai trouvé la solution: je suis passé par ce site.
Je lui ai donné mon fichier, il me l’a rendu au format ePub, en… enlevant la protection au passage.
Un comble tout de même!
C’est bien la preuve que ces DRM ne sont là que pour emmerder les honnêtes gens qui ne s’y connaissent pas trop, puisque dès qu’on farfouille un peu, on arrive à s’en débarrasser, tout en restant, nous aussi, tout à fait honnêtes, puisque nous avons, je le répète encore et encore, acheté le livre.
calibre, le hub pour vos documents électroniques…
Franchement, calibre n’est pas beau, mais il est gratuit (on peut faire un don, c’est d’ailleurs la moindre des choses si on l’utilise), véritablement efficace et vous permet de gérer au mieux toute votre bibliothèque électronique de livres, mais aussi de PDF ou de documents Word.
Allez, vu que d’autres ont déjà fait le travail, voici le début de la présentation de ce logiciel faite par Wikipedia:
calibre est un gestionnaire de bibliothèques numériques permettant la conversion, le catalogage, l’édition et la visualisation de livres numériques dans les principaux formats disponibles. C’est un logiciel libre créé en 2006 par Kovid Goyal et distribué sous licence GNU GPL.
Ses principales fonctionnalités sont la gestion de bibliothèques numériques, la conversion de livres numériques en divers formats, la modification du code des livres, la synchronisation avec des périphériques de lecture, le téléchargement d’articles sur le web et leur conversion sous forme de livre numérique, la visualisation de livres, et l’accès en ligne à une collection de livres via le serveur de contenu.
wikipedia
Pour l’instant, je n’utilise calibre que pour cataloguer mes livres (en les glissant sur la fenêtre principale depuis le Finder, après avoir retiré les protections (voir tout le début du présent article).
Depuis cet endroit, j’envoie les bouquins sélectionnés vers la liseuse de mon choix, soit celle de Madame K, soit la mienne, et le tour est joué.
Ce que j’ai fait principalement, c’est envoyer des bouquins au format Kindle dans la bibliothèque vers une liseuse Kobo: calibre me propose automatiquement de le convertir.
Je peux noter les livres, gérer leurs métadonnées (en ajoutant par exemple critères des personnels), et surtout les convertir, une fois la DRM retirée, d’un format de liseuse à l’autre.
Je peux également acheter directement des livres depuis le logiciel.
Il semblerait même que je puisse retirer les DRM directement dans calibre à l’aide du plug-in DeDRM, j’ai essayé, je n’ai pas réussi à le faire.
Toutes les explications pour ce faire sont ici sur liseuses.net mais l’auteur de l’article, pourtant spécialiste, nous explique que ça ne fonctionne que très rarement.
Donc ce que je vous ai expliqué plus haut est valable.
Voilà, vous en savez autant que moi à présent sur ce monde a priori hostile des liseuses dont nous croyons être captifs.
Il suffit de creuser un peu, et au final, tout est possible, comme vous avez pu vous en rendre compte.
Pour ceux qui se sentiraient être des délinquants en puissance en retirant des DRM, je vous rappelle que le fait d’enlever ces protections n’est pas illégal, il faut juste ne pas distribuer les livres achetés puis déprotégés en dehors du cercle du foyer familial.
Enfin, j’ai pu le tester ce matin, il est tout à fait possible de lire des livres en provenance des bibliothèques (en ce qui nous concerne, de la BCU).
Il faudra passer par Adobe Digital Edition dont j’ai parlé plus haut et glisser le livre sur sa liseuse.
Super et économique.
Tiens dis, il faudra que j’écrive un article là-dessus un de ces jours, parce que c’est super bien fait, cette histoire de prêts par notre bibliothèque cantonale.
Image de couverture Shutterstock via TechSmith Assets for Camtasia