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Le retour de l’archet qui ne me rend pas très fier face à vous

Je peux vous l’assurer, j’ai pourtant tourné sept fois ma langue dans ma bouche avant d’écrire l’article d’hier, sur la disparition de mon archet.

Ou plutôt, j’ai attendu deux mois pour vous en parler, voulant être sûr de ne pas raconter des bêtises.

Et voilà que l’incroyable est arrivé hier soir.

Pourquoi n’ai-je pas attendu un jour de plus pour publier le texte de vendredi alors que j’avais déjà tellement retardé sa parution?

J’étais en cours de quatuor donné par ma prof, chez elle. Nous étions trois seulement, la violoncelliste étant absente.

Dans ce cours, notre prof joue parfois de l’alto, qu’elle loue juste pour l’occasion.

Elle le sort parfois, mais, lorsque nous sommes entre violonistes, elle préfère travailler avec son violon, déjà parce que c’est tout de même son instrument, mais aussi pour pouvoir mieux nous montrer ce que nous devons faire.

Or il se trouve que quelques jours avant le 10 janvier, date de la répétition avec l’orchestre symphonique, j’ai eu une répétition avec le quatuor qui s’est faite avec l’alto et le violon de ma prof qui passait d’un instrument à l’autre.

Vous pensez bien que j’avais réfléchi à la chose et que j’avais demandé à l’amie qui joue du violon avec moi dans le quatuor si c’était avec elle que j’avais échangé les archets, ce qui n’était pas le cas, et que j’avais demandé à ma prof, après la leçon de violon que j’avais eue avec elle qui suivait la répétition du 10 janvier, la même chose et que là non plus, il n’y avait pas eu d’échange son instrument.

Oui je sais, c’est compliqué, faut suivre.

Depuis, dans nos emplois du temps surchargés, nous n’avons pas eu le temps de refaire une répétition de quatuor, jusqu’à vendredi soir, date de parution de l’article sur cet archet, que j’avais pas mal retardé de peur de me retrouver dans cette situation.

À savoir qu’hier soir, sur le canapé du salon, j’ai vu l’étui de l’alto que ma prof n’avait pas ouvert depuis deux mois et que dans cet étui, il y avait… mon archet.

Je ne vous raconte pas la tronche de notre trio, surtout de ma prof et de moi-même, un peu sonnés, et elle tout à fait désolée.

Et plein de sentiments qui tournaient dans ma tête: la joie de retrouver mon archet, la honte d’avoir douté de quelqu’un dans un orchestre, la honte d’avoir écrit un article à ce sujet, la honte de ne pas m’être rendu compte pendant dix jours que jouais avec une daube (mais bon, là, j’ai une excuse, j’étais tellement fatigué, crispé et stressé sur ce Bruckner que l’archet, je n’y pensais pas trop et qu’il passait loin derrière des difficultés rencontrées par rapport au doigté).

Et puis aussi la tristesse de devoir certainement rendre cet archet à l’assurance lorsque je l’avertirai lundi puisque je n’ai pas les moyens de rembourser ce qu’ils m’ont donné, tout en sachant que mon archet, comme expliqué dans l’article précédent, a pris, j’en suis sûr, une certaine valeur.

Certes, je pourrais rendre le nouveau, mais ce dernier est plus cher que la valeur remboursée par l’assurance puisque j’ai dû rajouter tout de même une certaine somme pour pouvoir l’acquérir.

Et puis, lequel des deux est le meilleur? Il va falloir faire plein de tests, faire expertiser tout de même l’archet « disparu » pour savoir ce que « je perds » en le rendant…

Bref, c’est le bronx dans ma tête.

En attendant que je trouve un semblant de sérénité, j’aimerais m’excuser d’avoir fait paraître l’article de vendredi et de vous avoir fait réagir à son propos.

J’aurais pu me taire et cacher ces retrouvailles, mais je ne peux pas, le non-dit aurait été trop lourd à porter, l’état de ma conscience n’a pas de prix.

Alors oui, je vous prie de bien vouloir m’excuser.

Moi, si j’ai un peu l’air d’un con, je me réconforte en retrouvant foi en l’humanité et confiance en l’autre.

C’est déjà énorme.

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