Les hybrides qui sont en train de gentiment commencer à remplacer le marché des appareils reflex ont pratiquement tous un point commun: ils sont affublés d’un viseur électronique en remplacement d’un viseur optique puisque ce dernier n’a plus sa place au vu de la suppression du miroir.
Ce viseur électronique, à juste titre, a fait peur à tous ceux qui avaient l’habitude d’un beau viseur optique recouvrant 100 % du champ, comme ceux des Nikon et des Canon haut de gamme coûtant fort cher.
Ah, mettre les yeux dans un viseur de Canon EOS 5D Mark IV ou dans un Nikon 850D, c’est tout de même quelque chose!
L’avantage de ces viseurs est bien évidemment qu’on ne parle même pas une seconde de leur définition puisqu’elle est celle de nos yeux.
Pas de scintillement ni de lecture difficile en cas de fort contraste.
Mais l’avantage le plus important pour moi d’un viseur optique, c’est de nous montrer l’image que l’on vise telle qu’on la voit, avec toutes ses subtiles nuances de lumière et d’ombres.
Les viseurs électroniques ont bien évolué depuis les premiers modèles, ils deviennent bien définis puisqu’on dépasse largement les 5 MP sur certains appareils (5’760’000 points sur les derniers Panasonic et Sony) avec une couverture de champ de 100 % et un agrandissement de 0.78, ce qui donne quelque chose d’énorme, digne des reflex professionnels.
Mais même les derniers modèles les plus sophistiqués que je viens d’évoquer ne retranscrivent pas vraiment à l’œil droit ce que vous voyez à l’œil gauche (qui lui regarde « la vraie vie »).
Dans mon article sur le viseur du Sony A7R IV, je disais ma déception sur ce point alors qu’avec sa définition, je m’attendais à la perfection.
Sauf que si la définition est importante, ce n’est pas elle qui retranscrira in fine l’émotion que je vois avec mes yeux, sans passer par un viseur.
Je crois que j’ai enfin compris une chose: un viseur électronique ne pourra jamais reproduire la stricte réalité comme sait le faire un viseur optique.
Au mieux, il tendra à s’en rapprocher.
La raison?
Le viseur optique n’interprète pas, lui.
Il vous montre la réalité, avec plus ou moins de clarté selon la qualité du viseur certes, mais il ne change pas ce que vous voyez selon que vous visez une zone sombre de l’image, ou une zone claire: il reste parfaitement stable.
Alors qu’avec un viseur optique, vous voyez comment l’appareil va interpréter la réalité, et cette interprétation varie parfois considérablement selon l’endroit que vous visez, l’appareil cherchant, via sa matrice et son intelligence artificielle, à vous rendre ce qu’il croit être la meilleure image possible.
Vous avez tous fait l’expérience de viser une rue sombre éclairée par un réverbère: l’appareil va chercher de la lumière là où il n’y en a pas, montrant à l’œil une ambiance qui n’est pas la même que celle que vous avez en réalité.
Voilà simplement pourquoi je dois arrêter d’attendre le Graal dans le domaine du viseur électronique.
Cela dit, ce défaut des viseurs électroniques est lié directement à l’émotion que l’on ressent lorsque l’on photographie.
Dans tous les autres domaines, il est un vrai plus parce qu’il vous permet de vous rendre compte directement de l’interprétation du capteur et le résultat va être très proche de ce que vous obtiendrez sur la photo.
Avantage? Vous pouvez corriger le rendu par une petite correction d’exposition par exemple ou un décalage de programme pour amener un peu de flou d’arrière-plan et vous verrez immédiatement le résultat.
Et ceux qui adorent être informés de tout pourront même aller jusqu’à pratiquement cacher l’image en affichant en temps réel toutes les données photographiques imaginables.
Ce n’est bien sûr pas recommandé, mais il y en a qui aiment…
Alors l’un dans l’autre, je me rends compte que je n’aurai jamais, je pense, le beurre et l’argent du beurre.
Et même si je pouvais choisir entre l’un et l’autre, je serais bien emprunté.
Si je regrette le confort maximal d’un viseur optique, j’aurais bien de la peine à sacrifier tous les avantages d’un viseur électronique.
Maintenant que j’ai compris ça, eh bien voyez-vous, j’ai atteint la sérénité.
Ça fait du bien, et je profite donc avec le plus grand plaisir du viseur de mon A7R IV (appareil testé ici), en arrêtant d’espérer qu’on pourra faire beaucoup mieux.