Alors comme ça, le restaurant de Paul Bocuse a perdu sa troisième étoile qu’il détenait depuis 1965, sans jamais en avoir perdu une seule.
Et ça fait tout un drame chez tous les amoureux de la gastronomie française, faites une recherche sur le NET, vous verrez la consternation partout.
J’ai vu 2 fois en quelques mois cette émission très intéressante de plus d’une heure consacrée à ce grand cuisinier, à savoir 13 heures 15 le dimanche sur France 2.
Pour tout dire, je trouve que Monsieur Paul n’en sort pas vraiment grandi.
Quelle suffisance, voire quelle arrogance quand il s’exprime tout au long de sa carrière!
Alors voilà, Paul Bocuse est mort depuis deux ans, son restaurant perd une étoile, c’est le drame.
Bernard Loiseau l’a perdue en 2003 également, ça l’a mené au suicide. (MAJ du 23 janvier: Bernard Loiseau n’a pas perdu sa troisième étoile, mais, selon sa femme, un article du Figaro évoquant ce risque l’a énormément perturbé).
En 2019, Marc Veyrat perd lui aussi sa troisième étoile, il attaque le Guide Michelin en justice.
Non, mais on va où, là?
Je sais bien qu’il y a énormément d’argent en jeu, c’est d’ailleurs certainement une bonne partie du problème, mais tout de même…
Cela dit, et c’est quelqu’un qui, pendant pas mal d’années, a eu beaucoup de plaisir à regarder Top Chef qui vous le dis, qu’est-ce que l’on est en train de faire avec les chefs de cuisine?
Certes, ils sont souvent talentueux, ce sont des artistes, quelque part, je veux bien l’admettre.
Mais depuis quelques années, cela devient du grand n’importe quoi.
On est dans un star système, non mais regardez ces chefs qui se la pètent comme des rock stars!
Un Philippe Etchebest, tout « meilleur ouvrier de France » qu’il est (bravo à lui, c’est certainement un très bon), mais dites-moi pour qui se prend-il quand il veut se montrer le plus fort, celui que l’on adule, celui qui fait peur… peut-être pour Dieu, va savoir?
Et tous ses petits jeunes qui entrent dans le système, qui tremblent devant… le Chef! « Oui Chef, bien Chef », et qui transpirent du front à grosses gouttes quand il les regarde dans les yeux, c’est d’un triste, d’un pathétique. Le pire, c’est que le bougre adore ça, il le dit d’ailleurs en voix off plus souvent qu’à son tour pendant les émissions, en particulier quand il peut faire trembler des apprentis de 16 ans.
Et puis, déjà que je n’aime pas trop l’armée, rien que ce langage militaire en cuisine, même si je sais bien qu’il y a des coups de feu, une organisation à tenir (j’en sais quelque chose tiens, puisqu’on en parle, à l’armée, j’étais cuistot, on faisait à manger pour entre 100 et 500 personnes), vous voyez ce que j’en pense?
Dans mon domaine, l’école, il fut un temps où le directeur d’un établissement pouvait gueuler sur son personnel, sur les élèves, se montrer dur, intraitable. Le même patron, à notre époque, ne tiendrait pas trois mois.
À quand ce changement dans une cuisine?
Parce que vous ne me ferez pas croire qu’une brigade ne peut pas travailler dans le calme, tout en étant concentrée sur ce qu’elle fait.
Dans l’émission sur Paul Bocuse dont je parlais en début d’article, on apprend par son fils que si lui (son fils donc) se comportait maintenant avec son personnel comme son père parlait à ses commis, ce ne serait simplement pas possible.
Autres temps, autres mœurs, peut-être.
Et puis, il y a autre chose qui commence à me gêner profondément, dans une émission comme Top Chef, émission qui a beaucoup fait pour que les cuisiniers deviennent des stars, c’est le manque total de réflexion par rapport au monde animal.
L’animal est un produit. Il faut respecter le produit qu’ils disent.
Je ne supporte plus cette expression.
L’animal, s’il vous plaît, n’est pas un produit.
Et si l’on pouvait aussi ne pas gaspiller de grosses pièces de viande pour faire deux petits trucs dans une assiette, ça m’irait bien aussi.
Il y a de grands cuisiniers qui sont passé au végétarien. Si l’on pouvait de temps en temps suivre ce courant, allez, pour au moins une émission, en parlant un tout petit peu du problème…
Mais non, rien, jamais…
Bref, vous l’avez compris, je ne suis pas tout à fait sûr que je vais suivre Top Chef cette année, parce qu’il y a chez moi comme un ras le bol général sur ce sujet qu’est la grande cuisine.