Je viens de lire et presque de dévorer le dernier reportage en bande dessinée de Chappatte, le dessinateur de presse suisse que vous connaissez certainement puisqu’il travaille dans de nombreux journaux comme le Canard enchaîné, le Temps, la Neuer Zurcher Zeitung, le Boston Globe et le Spiegel.
Pendant 18 ans, a été le dessinateur de presse attitré du New York Times et n’a jamais été remplacé puisque ce journal a décidé, après l’affaire des caricatures, de ne plus donner de place à cette manière d’exprimer l’actualité, ce qui est tout à fait regrettable, soit dit en passant.
Ce reportage, c’est « Au cœur de la vague », réalisé entre mars et septembre de cette année.
Avec ses dessins très doux en nuances de bleu et de gris, son texte pudique, Chappatte nous raconte de l’intérieur, mais du recul, ce qui s’est passé pendant la première vague, principalement en Suisse, aux Hôpitaux universitaires de Genève, mais aussi ailleurs dans le monde.
On l’y retrouve aussi dans les combles de sa maison, isolé après avoir attrapé cette fichue maladie, sans être sûr jusqu’à obtenir confirmation quelques mois plus tard que c’était bien de cela qu’il était atteint (l’anecdote de son test au moment de ses symptômes vaut le détour…), mais cela ne prend que peu de place dans le récit, parce que voyez-vous, Chappatte me semble être pudique, qualité rare à notre époque.
Il raconte aussi le quotidien du professeur Pittet qui a inventé le gel hydroalcoolique en 1992 et qui est devenu le responsable de la commission indépendante sur la crise du COVID en France, Dr Jérôme Pugin, médecin chef des urgences des HUG, de Madame Dimeglio, infirmière responsable du tri des urgences, mais aussi de nettoyeurs et de nettoyeuses Ikran, Giovanni et Moussa, d’Olivier Grau, policier à Genève, quelque part tous héroïques dans leur domaine pendant cette période.
Et puis, au fil des 122 pages de ce reportage qui, bien évidemment, ne sont pas follement rigolotes, Chappatte nous offre les dessins de presse souvent à mourir de rire qu’il a réalisés sur cette actualité tout au long de ces mois.
Quelque part, son reportage, c’est notre journal de vie pendant ces mois de première vague, nos inquiétudes, mais aussi une analyse fine de ce que nous avons vécu, des réactions de nos politiques.
Un livre fort, magnifique, que je ne peux que vous recommander.
Pour en savoir plus, voici un film dans lequel Chappatte s’exprime sur son reportage.
Vous trouverez ce livre dans toutes les bonnes librairires, en Suisse, notamment chez Payot, pour 28 francs suisses, mais aussi aux éditions Les Arènes, en France, pour 22 €.