Je rebondis sur la fin de mon article sur Luminar de l’autre jour.
Vous savez, je ne suis pas sourd à vos récriminations contre Adobe, j’entends ce que vous reprochez à l’éditeur, notamment sa politique d’abonnement.
Les récents déboires que j’ai eus ces dernières semaines avec leur service après-vente et leur service commercial m’ont également un peu refroidi.
De là imaginer me passer des services de Lightroom qui pour moi reste, en ce moment, la solution la plus complète que l’on soit sur le cloud ou en local est une chose encore éloignée de mon esprit, mais qui pourrait faire un jour son chemin.
J’utilise l’application Photos d’Apple depuis qu’elle est sortie, mais pratiquement pour gérer les photos de mon iPad ou de mon iPhone, et encore… Comme ces images passent directement dans Lightroom lorsque j’ouvre les versions mobiles d’Adobe, c’est plutôt dans ce dernier que je retravaille mes photos.
J’aimerais au passage rappeler l’excellent article de Cerock sur Cuk.ch expliquant ce logiciel en 2015.
Cette application Photos a plusieurs atouts:
Une excellente intégration à nos systèmes
Ce n’est pas difficile: la plupart des applications ayant besoin ou travaillant les photos dans nos logiciels Mac ou iOS sont souvent directement imbriqués avec Photos. C’est très pratique et permet d’attendre notre photothèque depuis lesdits logiciels.
Aucun autre programme n’est équivalent sur ce point.
Une photothèque disponible de partout
Que vous soyez sur Mac, sur iOS, ou sur n’importe quelle machine à travers un navigateur Web, vous avez accès à vos photos, pour autant que vous ayez décidé de placer les images sur le cloud d’Apple.
Ce cloud est relativement avantageux: 10 francs par mois pour 2 Tb. À mettre en relation avec les 35 francs pour le même prix chez Adobe, qui nous fournit Photoshop en plus que je n’utilise personnellement jamais (je ne compte pas Lightroom puisque nous utiliserions Photos si nous passions à cette solution).
De plus, l’utilisation de Photos sur les mobiles est fort bien réalisée et il est très agréable de regarder nos photos sur ces derniers.
Et ce n’est pas rien (voir plus bas), Siri peut être mis à contribution pour chercher des photos.
Une très grande réactivité
J’ai croisé un grand connaisseur du Mac qui m’expliquait ce jour que sa photothèque dans Photos de 106’000 images ne bronchait pas tant sur Mac que sur iOS.
Il m’a fait une petite démonstration de navigation dans ces images: c’est impressionnant de fluidité.
Franchement, sur ce point, Adobe est largement derrière.
Un catalogage qui tient la route
J’ai vu le catalogue de cette connaissance, et retrouver une photo ou un événement est un jeu d’enfant, en travaillant sur les dates, les lieux, les mots-clés, les anniversaires.
Certes, Apple utilise des automatismes pour fabriquer des moments, mais rien ne vous empêche de créer vos propres albums.
Un très bon travail sur les visages
Pour qui a passé des heures et des heures à entrer les visages sur Lightroom Classic, la manière de faire d’Apple est un vrai bonheur.
Surtout que le nouveau Lightroom CC 2018 n’est même pas fichu de reprendre pour l’instant ce travail, ce qui est un comble tout de même!
Sur Photos, c’est ergonomique, rapide. Bravo!
Une intelligence artificielle étonnante
Voir cette connaissance dont je vous parlais plus haut dire à Siri: «?trouve-moi les photos d’éléphants?», et voir en trois secondes 58 photos apparaître triées parmi ses 106’000 images est impressionnant, tout simplement.
Tout pareil quand il dit «?Montre-moi les photos de bateaux?»: 548 images sont trouvées en 3 secondes aussi. Même les épaves sont proposées.
Pour l’instant, c’est encore mieux que ce que propose Lightroom CC 2018.
Un partage paramétrable
Le partage d’albums est disponible, l’export des images peut être faite par mail.
Les originaux dans le Cloud seulement, ou dans le Cloud ET le Mac
Vos Raw peuvent être envoyés sur iCloud ET sur le Mac.
Mais si vous le désirez, vous pouvez n’avoir les images que sur le Cloud, pour permettre à votre portable de supporter vos milliers d’images, ne recevant que des aperçus.
En ce qui me concerne, la solution que je pourrais privilégier: avoir un Mac à demeure qui aurait ma photothèque complète avec les originaux, au cas où. L’important est de les avoir au moins une fois (rien ne vous empêche de sauvegarder la librairie sur cette machine).
Des extensions qui rendent Photos très puissant
L’une des forces de Photos d’Apple, c’est son système d’extensions.
Regardez plutôt celles qui sont disponibles chez moi:
Et si je clique sur Autre… j’arrive sur les applications du Mac App Store qui pourront travailler avec le programme, dont voici un extrait:
Ainsi, il sera possible de profiter de la puissance de DxO par exemple (mais pas dans sa dernière version ni avec toutes ses fonctions), de Luminar, d’Affinity et j’en passe.
Alors quoi, on change ou bien?
Changer pour Photos, au vu de toutes ses qualités, est donc bien tentant!
Et pourtant, je ne vais pas le faire, pour l’instant du moins.
Pourquoi donc?
Principalement parce que Lightroom a une particularité qui le rend indispensable: c’est un programme qui gère les copies virtuelles, ce que ne fait pas Photos.
Je m’explique: Lightroom n’est tout de même pas un manche comme développeur Raw.
Il reste l’un des meilleurs dans ce domaine, meilleur que Photos, beaucoup plus puissant en fait.
Beaucoup de photographes ne sortiront jamais de Lightroom pour profiter de la puissance des plug-ins.
En fait, je dirais même que les plug-ins ne sont là que pour les cas extrêmes lorsqu’on travaille avec Lightroom, à savoir uniquement quand on veut travailler une image aux petits oignons, profiter de DxO PhotoLab et de sa réduction de bruit Prime par exemple.
La plupart du temps, vous ferez vos réglages dans Lightroom lui-même et ils seront non destructifs (ça, Photos le fait aussi).
La grande force de Lightroom, c’est de vous permettre de faire autant de versions d’une même image que vous voulez, il y a toujours UNE image qui pèse lourd, les autres ne sont que des images «?virtuelles?» qui dépendent d’un petit fichier texte décrivant les modifications à faire, modifications que Lightroom appliquera à la volée sur l’original lorsque vous passerez d’une version à l’autre.
C’est seulement lorsque vous exporterez vos images pour les présenter à des amis en dehors des collections partagées que les différentes versions prendront vraiment de la place, le temps que vous les ayez envoyées, puis détruites.
Et encore, la plupart du temps, vos amis pourront, si vous leur avez donné l’autorisation, télécharger les images depuis vos albums partagés. Lors du téléchargement, l’image sera développée et envoyée au demandeur.
Alors que dans Photos, chaque fois que vous faites appel à une extension, l’image sera dupliquée une fois que vous appliquerez les changements, si vous voulez garder l’original.
Certes, dans Lightroom aussi, si vous utilisez des plug-ins, mais vous le ferez beaucoup moins souvent au vu des qualités intrinsèques du produit.
Et puis, Lightroom a encore des avantages que Photos mettra du temps à rattraper, en admettant que le programme d’Adobe stagne, ce qui ne devrait plus être le cas, maintenant que les bases du cloud qui leur ont pris beaucoup d’énergie sont solides:
- les profils de boîtiers;
- les corrections d’objectifs puissantes et nombreuses;
- la disponibilité toujours très rapide du développement des RAWs sur les nouveaux boîtiers;
- les ajustements de perspective;
- l’application de réglages sur plusieurs images à la fois;
- les presets applicables à l’importation;
- …
En conclusion
Comme vous le voyez, même si j’ai été totalement bluffé par les qualités de Photos, pour l’instant, je reste sur Lightroom CC 2018 et Lightroom Classic CC.
Pas parce que je suis un grand fan d’Adobe, non, mais parce que je suis pragmatique, sur ce coup-là.
Il faut dire qu’il vaut mieux réfléchir avant de changer un système qui roule plutôt bien depuis dix ans.
Sans compter que le passage vers Photo me ferait perdre tout le travail que j’ai fait dans Lightroom.
Certes, je pourrais tout exporter et reprendre le résultat dans Photos, mais je perdrai alors pas mal de souplesse, puisque je ne pourrais plus travailler sur les RAWs, à moins de les reprendre d’une sauvegarde, en perdant alors tous les réglages effectués.
Cela dit, c’est ma conclusion, je ne dis pas qu’elle est la vérité.
Si vous avez fait vous-mêmes le passage, je suis preneur de vos expériences!