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Ras le bol de Microsoft!

Aaaaaah, un titre comme au bon vieux temps!

Toutes les passionnées et tous les passionnés des ordinateurs marqués d’une pomme se rappelleront, bien sûr, de cette époque des balbutiements des forums, au milieu des années 90 et au début des années 2000, où l’on cassait du sucre sur Microsoft qui était le grand méchant que l’on haïssait et parce qu’il vampirisait nos machines avec, à l’époque, des logiciels épouvantables.

Il faut dire aussi qu’à l’époque dont je vous parle, Microsoft était l’entreprise qui pouvait faire crever Apple qui était à deux doigts par moments de fermer boutique.

Nous étions les petits, ils étaient les grands méchants qui voulaient tout bouffer.

Rappelez-vous cette pub géniale où l’on voyait Microsoft s’excuser après avoir sorti une version d’Office catastrophique qui avait rendu fous les utilisateurs de Mac qui payaient alors très cher la suite (voyez le prix en francs français d’alors sur la figure suivante) et qui se demandaient (à juste titre?) si la firme de Redmond ne voulait pas bousiller encore un peu plus les ventes d’Apple en fournissant des produits qui prouvaient bien que nos ordinateurs ne valaient rien!

Et en double page dans les journaux, s’il vous plaît! Au moins, cette pub m’avait bien fait rire, et j’avais trouvé cette manière de communiquer assez courageuse (mais la firme pouvait-elle faire autrement?) et maligne.

Une période plus calme, plus douce

Depuis cette époque, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, les utilisateurs Mac se sont bien calmés et la suite Office est un assez bon produit.

J’utilise quant à moi Word qui a été mon logiciel d’édition depuis toujours (avec une ou deux infidélités vers Nisus Writer Pro) et qui le reste encore.

Bien sûr, j’ai passé certaines années à maudire l’éditeur qui, lors du passage d’une version à une autre, faisait gentiment péter la mise en page que j’avais mis des heures à peaufiner.

Bien sûr, Microsoft transporte des bugs de version en version depuis la nuit des temps, sans jamais les corriger.

J’ai appris à tourner autour de ces derniers, je crois que nous savons tous que si nous utilisons ce logiciel, il faut souvent bricoler pour arriver à nos fins.

Mais Word reste un logiciel assez efficace, que j’apprécie au quotidien.

L’abonnement à 100 francs (environ) par année pour Office 365 me convient.

Cela étant, si Word (et les autres) est mis à jour très régulièrement, je ne vois pas vraiment ce qu’il m’apporte de plus dans la dernière version que dans celle que j’utilisais il y a 5 ans, si ce n’est un passage rapide au processeur M1 et une adaptation régulière au fil du temps aux changements des nouveaux systèmes d’Apple.

Microsoft ou le foutoir généralisé?

Au travail, dans nos écoles vaudoises, nous sommes tous passés à Office 365, élèves et enseignants, ce qui a priori est une excellente idée que j’attendais impatiemment depuis des années.

Il faut dire que nous avons des Mac à l’école qui ont des versions de système qui ne sont pas forcément les mêmes que celles que nous avons sur nos Mac privés, et que travailler avec Pages d’Apple est une souffrance puisque les versions ne sont pas compatibles entre elles (comme quoi Apple n’est pas terrible non plus sur son passage de l’une à l’autre).

Je suis parfaitement content de pouvoir communiquer avec tout le monde avec du format Word qui n’a pas besoin d’être converti par mon correspondant pour être lu et modifié sur Pages, puis reconverti par moi-même en format Word à nouveau pour voir les changements qu’il a apportés au document, en plus de ceux qui me sont imposés par les deux conversions qui ne sont bien sûr pas parfaites.

Cela étant, nous avons, toujours chez Microsoft, un espace OneDrive, les élèves communiquent avec Teams, nous pouvons le faire également, ce qui est une bonne chose en ces temps de pandémie, et nous communiquons également sur SharePoint.

Dans nos espaces Teams, nous avons OneNote, mais nous pouvons également ajouter des extensions qui font que, finalement, plus personne ne sait où il en est.

Les équipes Teams se multiplient, nous recevons dans Mail des courriels qui nous avertissent que quelqu’un veut nous parler dans ce logiciel, pour ce faire, il faut l’ouvrir, bref, je ne sais pas si je suis trop vieux pour tout ça ou quoi, mais j’ai bien l’impression que même des beaucoup plus jeunes que moi sont tout aussi perdus.

Vous partagez un fichier dans OneDrive, et c’est SharePoint qui vous annonce que quelqu’un l’a modifié via votre logiciel de mail.

Pire, j’ai mis beaucoup de documents de travail sur le OneDrive cantonal, ce qui est recommandé, et lorsque je les ouvre, je ne peux plus les éditer dans mon Word, je dois le dupliquer pour pouvoir le faire. Il semble que c’est parce que j’ai un compte privé Microsoft, et que mon Word croit que je ne suis pas propriétaire de ces documents, alors que c’est avec le même Word que je les ai créés.

Et là, j’ai un peu la haine qui remonte, quand je perds du temps dans mon travail, et donc de l’efficacité, ou, si vous préférez, de la productivité.

J’ai donc tout rapatrié en local, et tout fonctionne à nouveau.

Et tiens, puisque je parle de productivité, il y a encore un truc, tout nouveau, là, qui me tarabuste.

Alors comme ça, Microsoft veut nous fliquer?

Je n’avais pas vraiment été attentif à une actualité sortie en octobre.

Mais dans son édition du 9 janvier, le Matin Dimanche a fait sa une sur la surveillance de la productivité des employés au télétravail, et bien sûr, rien ne l’empêche, au travail en présentiel. L’article est intitulé: “En télétravail, vous êtes de plus en plus surveillés”.

Oui, c’est petit, je sais, l’extrait qui nous intéresse suit plus bas

Eh bien Microsoft est plutôt bien outillé dans le domaine, tout cela à partir de sa suite Office, de Teams, de Sharepoint, entre autres.

Lisez plutôt l’extrait suivant de cet article:

La récolte de «milliards de signaux de productivité»

Ce qui est incontestable, c’est la récolte de «milliards de signaux de productivité» par des entreprises, en l’occurrence Microsoft, qui le dit ouvertement et qui analyse ces big data dans de très intéressantes études sur le monde du travail. Plus largement, ces enquêtes témoignent de la masse d’informations qu’il est possible de récolter quand on contrôle les appareils électroniques utilisés par les employés.

Dans le détail, la firme a vu que le temps passé dans les réunions virtuelles avait plus que doublé durant la pandémie, que les gens envoient des chats en dehors des heures de travail, que le nombre d’e-mails est en hausse, que les réunions non programmées se multiplient, que nous avons davantage interagi avec nos collègues durant le télétravail, que les gens s’intéressent à des offres d’emploi sur LinkedIn, même quand elles sont éloignées de leur lieu de travail, et que 41 % de la main-d’œuvre mondiale est susceptible de quitter son employeur actuel dès 2022.

73 données pour analyser ses employés

La firme a aussi «mesuré l’apparition d’un troisième pic de travail le soir, en dehors des heures de bureau», en mesurant notre utilisation du clavier. Traditionnellement, dit Microsoft, «les travailleurs connaissaient deux pics d’activité, avant le déjeuner et après le déjeuner. Avec la pandémie est apparu le pic du soir, caractérisé notamment par des envois d’e-mails professionnels.»

Le géant informatique a d’ailleurs songé à commercialiser un programme capable de mesurer la productivité des utilisateurs de ses systèmes et produits. Le Microsoft Productivity Score devait permettre aux managers d’observer les scores individuels de leurs collaborateurs, de manière non anonymisée, par le biais de 73 données mesurant leur comportement.

Polémiques chez Microsoft et Uber

Après une levée de boucliers chez les associations de défense de la vie privée, la firme a dû modifier son système. «Le changement apporté garantit que ce programme ne puisse pas être utilisé pour surveiller des employés individuels», a blogué Jared Spataro, vice-président et responsable pour le marketing de Microsoft 365.

Le Matin Dimanche du 9 janvier 2022, par Jocelyn Rochat

Alors qu’une chose soit bien claire, j’ai totalement confiance en l’État de Vaud qui est extrêmement strict sur la protection des données. Jamais il ne va fliquer ses employés à travers cette technologie, et ce n’est bien évidemment pas pour cela que l’on nous a proposé de travailler avec la suite Microsoft.

Cela étant, j’ai de la chance, nous avons de la chance, dans cette administration.

Je trouve simplement scandaleux que Microsoft ait la possibilité de tout savoir sur notre manière de fonctionner, et qu’il soit encore capable de monnayer tout cela (en tout cas, ça lui est venu à l’idée) à des entreprises.

En conclusion?

Vous me direz que je suis naïf?

Que mes données de courses à pied via mon Apple Watch transitent par Apple qui les analyse peut-être?

Que je suis bien plus fliqué dans ma vie de tous les jours par la Pomme?

Eh bien, et j’ai peut-être tort, je suis persuadé qu’Apple n’aurait jamais eu l’outrecuidance de proposer un “Apple Productivité Score” à mon employeur.

Ne serait-ce que parce que la firme place tout en haut de sa politique commerciale le fait qu’elle n’utilisera jamais nos données. Si elle ne faisait que proposer l’idée qu’elle pourrait le faire, nombreux seraient les clients qui s’en iraient.

Microsoft n’a pas hésité à le faire, et même pas en cachette, parce que, visiblement, la firme s’en fout complètement de ce que pensent ses utilisateurs dans ce domaine.

Il me reste deux ans et demi avant de devoir cesser mon activité professionnelle.

Pendant ce laps de temps, je vais continuer avec Office, en évitant autant que faire se peu Teams et Sharepoint et toutes ces foutues pièces du puzzle que je ne trouve d’ailleurs pas du tout ergonomiques.

Et dans deux ans, je me contenterai certainement de Pages (de toute façon), de Nisus ou de Mellel (il faut que j’investigue, cela dit, ne serait-ce qu’en mémoire d’Anne Cuneo, ce serait plutôt le premier), mais j’abandonnerai Microsoft définitivement.

Image de couverture par Pixaline de Pixabay

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