C’est drôle, la vie, des fois.
Je vous parlais ici du dernier disque d’Albin de la Simone, et ici de Juliette Armanet.
Je n’ai pas parlé de beaucoup d’artistes, depuis l’ouverture de ce blog, et pourtant, voilà qu’ils ont été réunis lundi soir à Montreux, dans un concert tout à fait exceptionnel.
Le cadre d’abord
Montreux, il vaut mieux y aller en transports publics, et alors quoi de mieux que de prendre un de ces bateaux à roues à aubes de la CGN, qui arrive en plein cœur du festival?
Descente en train à Morges, embarquement dans ce magnifique «?Italie?», aux boiseries juste restaurées.
Le concert avait lieu dans la salle Out Of The Box, située dans le merveilleux Fairmont Montreux Palace.
Le tout était de le rejoindre sous l’orage, sans être trempés.
Cette salle est juste magique, voyez plutôt:
Nous qui, pour le prix (45 francs à Montreux, c’est presque inimaginable!), pensions être entassés comme des veaux, nous avons pu prendre place au 3e rang (et encore, il y en avait au premier), puisque nous sommes arrivés à l’ouverture des portes, toute calme.
Vous aurez, j’imagine, compris qu’en ce qui concerne le cadre du concert, c’était dans la poche.
Restait à assister aux prestations des artistes.
Juliette Armanet
Déjà, très agréable, nous avons croisé Juliette dans les salons de l’hôtel se chauffant tout doucement la voix, toute souriante.
En voilà une qui ne se prend pas la tête, déjà, et ça me plaît.
Elle entre en scène, toute de noir vêtue, et elle nous chuchote un bonjour malicieux, sans micro.
Toutes les photos sont prises avec un iPhone 7 Plus… des fois, il souffre un peu en basse lumière
Juliette, tout au long du spectacle, est complice avec son public.
Et quel toucher de piano, quelle pureté dans la voix.
Quelle technique pour vocale, vraiment, c’est étonnant.
Et c’est beau.
C’est drôle aussi, parfois.
Un tout petit bémol, mais alors vraiment petit: si ses chansons sont des petits bijoux, en configuration piano-voix, les variations de style sont un peu plus difficiles que sur l’album.
Il faudra par la suite qu’elle puisse varier quelque peu son jeu.
Mais ce fut 40 minutes de pur plaisir.
Albin de la Simone
Prestation hors-norme.
D’abord en matière de technique sonore.
Lui est sonorisé, avec son piano, avec une petite colonne située derrière lui.
Idem avec la guitare électrique toute douce, le reste est entièrement acoustique, à savoir que les cordes ne sont pas amplifiées, ni les voix des choristes.
Mieux, sur le bis, il revient et chante sans micro, comme les autres.
Ce petit extrait juste pour que vous puissiez vous rendre compte
Cela donne un concert tout en intimité, dans ce cadre merveilleux, c’était juste magnifique.
J’ai déjà écrit ici tout ce que je pense de bien sur ce chanteur, et je ne peux que le confirmer, en ajoutant son côté sympa et proche des gens, de ses musiciens.
Et puis, c’est très rare, les groupes qui montent sur scène, et qui viennent devant le public se présenter, avec prénom et nom de famille, puis explication de ce qui va se faire en matière de son.
On voit déjà là le respect du public, et le respect aussi des musiciens.
Rappelons qu’Albin de la Simone a été musicien des plus grands, il doit savoir ce que cela fait de rester tout le temps dans l’ombre des vedettes.
Là, chaque musicien fait partie intégrante du concert.
Voici une petite vidéo de rien du tout d’une chanson que j’adore qui montre l’ambiance de ce concert mémorable pour nous.
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Pour avoir assisté à un concert comparable (Bugge Wesseltoft & Henrik Schwarz à l’Hôtel des Trois-Couronnes de Vevey, la semaine passée), je ne peux que recommander, moi aussi, ces concerts décentralisés et abordables, dans tous les sens du terme.
Quant à Juliette Armanet, en plus de son album personnel, on peut la retrouver sur deux albums de reprises tout récents, où elle reprend “L’Aigle noir”, sur Elles & Barbara, et “Ultra Moderne Solitude”, sur Souchon dans l’air.
Quelle chance de voir ces deux artistes dans de telles conditions. Je ne connais pas bien Juliette Armanet, mais chaque chanson que j’ai entendue d’elle m’a fait dresser l’oreille. Je vais écouter son album.
Aujourd’hui, je vais être un peu sévère. Pas avec les artistes (Armanet et La Simone, j’aime bien), mais avec le spectateur-photographe ; oui, avec toi, François ! Et avec tous ces gens qui enquiquinent leurs contemporains avec leurs smartphones pendant des spectacles.
Que l’on fasse discrètement des photos avec un appareil photo totalement silencieux et en se servant uniquement du viseur (on aura donc coupé l’écran), pourquoi pas, si les artistes l’autorisent.
Pour moi (mais je suis très loin d’être le seul) l’éclairage produit par les smartphones (les photophones, dit-on au “Chasseur d’Images”), que se soit la vue directe de l’écran ou le halo lumineux produit aux alentours, est une gène majeure : cela me déconnecte du spectacle, me déconcentre complètement et je perds tout plaisir à être là.
Ici, en France, lorsque l’on va au spectacle, il y a toujours une annonce, avant le début, qui demande au spectateurs d’éteindre complètement les portables et de ne faire ni photos, ni vidéos. Cette demande est respectée par une très grande majorité de spectateurs, mais il y a cependant des resquilleurs ; ceux-là sont, la plupart du temps, rappelés à l’ordre par le personnel d’accueil de la salle et tout rentre dans l’ordre. Et je trouve cela très bien. Et, s’il le faut, j’interviens moi-même, très discrètement pour ne pas moi-même (ce serait le comble !) gêner les artistes ou les spectateurs. La semaine dernière je me trouvais à Grignan, lors d’une lecture de correspondance (quelques lettres de Mozart, en l’occurrence) et, pendant les interventions musicales, mon voisin s’est mis à répondre à un message… Quel manque de respect pour les artistes (car, oui, les artistes voient les visages des fautifs éclairés par leurs écrans) et les spectateurs ! Je lui ai discrètement fait part de mon mécontentement et il a éteint et rangé son précieux.
Pire, il y a aussi ceux dont le téléphone sonne pendant la représentation et qui se font assassiner du regard par leurs voisins, ce qui n’empêche pas les plus mal éduqués de répondre à l’appel (si, si, je l’ai vu !).
Bref, il devrait y avoir un dépôt à portables à l’entrée des salles et je verrais d’un bon œil l’exclusion des resquilleurs… Bon, là, je plaisante un peu… Mais, s’il vous plait, n’utilisez pas vos smartphones durant des spectacles, merci.
Tout à fait d’accord, j’ai eu honte, raison pour laquelle le téléphone était très bas, ce qui explique que l’on voie les spectateurs devant. Et quand on ne les voit pas, c’est que j’ai recadré.
Je l’ai fait uniquement en pensant à ce blog, je n’ai aucun plaisir à filmer des spectacles, j’aime bien mieux les voir.
Donc oui, j’adhère totalement à ce que tu écris.
Je n’ai vraiment pas aimé du tout ce disque “Elles & Barbara”. Alors, OK, Juliette Armanet chante bien l’aigle noir (pour une fois qu’on ne la fait pas avec des orchestrations de plus en plus bruyantes, ce n’est pas mal!), mais pour le reste…
François a écrit:
je n’ai aucun plaisir à filmer des spectacles
Ben moi si! Il y a des salles, comme les Docks à Lausanne où ça se passe très bien, comme lorsque la très regrettée Sharon Jones y était venue pour la première fois. Quel concert! Et regardez à 1’50”, elle a l’air tout à fait d’accord d’être filmée:
N.B.: Mets un s à Morges. ?
J’ai corrigé, merci.
Tu sais, peu importe que l’on soit accepté ou pas par l’artiste. Je trouve dommage de voir tous ces gens qui passent leur concert à travers un viseur.
Moi je le fais au Rock’n Poche et au Festiboc, mais parce qu’on me le demande.
Je viens prendre des photos, pas écouter un concert.
Ou alors oui, j’écoute le concert, bien sûr, et j’ai du plaisir, mais je ne suis pas là pour ça.
Ah ces deux-là, j’aime bien les entendre. Du coup, j’en ai repris une couche ce matin. Très agréable. Merci pour le texte.