Ce dimanche, en courant, je pensais aux attaques du loup dans les pâturages vaudois, à quelques kilomètres de la forêt que je traverse plusieurs fois par semaine pour mes exercices.
Pas du tout parce que je craignais une attaque sur ma petite personne, mais parce que des fois, il y a des collisions dans ma tête lorsque je m’entraîne.
Je pensais à ses éleveurs qui ont leurs troupeaux attaqués.
Évidemment, c’est bien triste, il faut faire quelque chose pour les aider à protéger leurs ovins ou leurs bovins, par exemple en subventionnant le matériel pour faire des parcs, et ne plus le laisser le bétail gambader dans les pâturages.
Après tout, nous devons tenir nos chiens en laisse, cela fait longtemps que les chevaux vaudois sont parqués, pourquoi en irait-il autrement des moutons et des vaches?
Peut-être faudrait-il songer également à ne plus couper (brûler) les cornes des vaches, afin qu’elles puissent se protéger elles-mêmes?
C’est tellement bête, comme proposition?
J’ai personnellement vu “en vrai” l’état d’un veau après qu’on lui a brûlé les deux endroits où poussent les cornes quelques heures après sa naissance, je vous jure que ce n’est pas vraiment la joie, et que là, les éleveurs ne sont pas tellement enclins à plaindre leur animal et à verser une larme.
Alors que, lorsque l’on voit un éleveur vaudois pleurer sur une vache ou un mouton tué par le loup, c’est comme si on lui avait arraché un être cher qui était tout pour lui, être cher qu’il aurait mené à l’abattoir si le loup ne l’avait pas tué, un mois, six mois, ou allez, cinq ans après, avec beaucoup moins d’émotion « parce qu’il faut bien vivre, voyez-vous et que c’est notre métier ».
Ce qui est assez marrant, c’est que la plupart des éleveurs qui accusent le loup de tous les maux, parce qu’il attaque férocement le bétail, ce sont les mêmes qui affichent dans bientôt tous les champs et désormais toutes les villes qu’il faut voter non en septembre à l’initiative qui vise à interdire « l’élevage intensif » et à introduire dans la Constitution la notion de dignité des animaux dans les élevages agricoles.
Ce sont les mêmes qui prétendent qu’en Suisse, allez, on en fait déjà bien assez pour les animaux.
Ce sont les mêmes qui ne voient rien à reprocher à ce que l’on impose à nos porcs, à nos poulets, parce que, voyez-vous, on est déjà tellement bons avec eux, en Suisse.
Je vous rappelle l’article que j’avais écrit ici à propos de cette initiative.
Regardez dans le film présenté dans cet article comment les poulets sont tués en Suisse.
Regardez aussi ce que l’on impose à nos porcs, à nos bovins.
Alors, venir me parler de la férocité des loups, ça a juste le don de m’agacer la moindre.
Je disais à Mme K ce matin, lorsque nous discutions de cela, que ce qui me gênait, c’était que les loups dévoraient une vache parfois alors qu’elle était encore vivante, et que même s’il ne faisait pas cela par « méchanceté », mais par instinct, c’était tout de même quelque chose de difficile à supporter.
Elle m’a répondu justement que personne ne s’offusquait tellement de voir un chat tuer une souris en la laissant en l’air de nombreuses fois avant de l’achever, ou un oiseau en le laissant s’envoler quelques centimètres avant de le rattraper plusieurs fois, jusqu’à ce qu’il soit bien mort.
Protégeons donc les bêtes dans nos pâturages, laissons les cornes des vaches, mettons des chiens de surveillance avec les troupeaux, trouvons des solutions, mais arrêtons aussi d’écrire un article qui fait la une des journaux à chaque fois qu’un loup tue un animal.
Et d’un autre côté, parce que les animaux nous importent, votons OUI à cette initiative contre l’élevage intensif en septembre.
Faisons obstacle à cette propagande malhonnête du NON à cette initiative dans les champs.
Je parle de malhonnêteté? L’un des arguments massue, c’est que si l’on vote OUI, il faudra importer de la viande, parce que l’on ne pourra plus produire assez, alors qu’une très grande partie des poussins d’élevage est justement déjà importée en Suisse.
Encore une fois, regardez le film de Greenpeace que j’ai présenté dans l’article lié (voir plus haut), film qui ne montre que les faits.
Et si elle n’était que dans les champs, cette propagande malhonnête!
Ces dernières semaines, je suis allé plusieurs fois en ville.
Les affiches pour le NON y pullulent.
Le monde paysan a compris.
Il faut maintenant être malhonnête aussi en ville, s’il veut réussir à convaincre.
Encore une fois, je me demande qui paie tout cela, parce que de l’argent, pour être aussi présent avec du matériel qui ne doit pas coûter bonbon, il en faut, et comment.
Et que les paysans ne viennent pas se plaindre qu’on ne leur laisse pas de temps pour réagir: l’initiative leur donne… 25 ans pour s’adapter.
Les éleveurs biologiques y sont déjà, alors!