Eh oui, deux articles touchant le culturel qui se suivent, c’était devenu rare, par ici.
Je vous ai déjà parlé souvent de Bernard Lavilliers sur ce blog et sur celui qui le précédait.
Enfin, quand je dis souvent, c’est trois fois.
Ici, en 2014, et sur Cuk.ch, pour la sortie d’un album de reprises superbe, AcoustiQue, qui porte bien son nom d’ailleurs, devinez pourquoi.

Et ici, plus récemment, ici, à propos de la sortie du disque 5 minutes au Paradis, sorti en novembre 2017.

Enfin, le dernier article datait de décembre de la même année, puisque nous étions allés le voir à la Salle Métropole à Lausanne, pour un concert un peu… particulier (j’explique cela dans ledit article).
Vous l’avez compris, je suis un inconditionnel du bonhomme, mais cela ne m’empêche pas, pour une fois, à l’occasion de la sortie de son dernier disque, Métamorphose, d’émettre un petit bémol.
Je ne vais pas réinventer la roue pour mettre cet album dans son contexte, Qobuz le fait très bien, voici donc ce que Nicolas Magenham en dit:
Bernard Lavilliers et le symphonique, c’est une idylle qui ne date pas d’hier. Tout a commencé en 2006 lorsque le chanteur stéphanois a interprété Léo Ferré au théâtre du Châtelet avec l’Orchestre Pasdeloup, que Ferré lui-même avait dirigé en 1975.
Et en 2022, Lavilliers donnait un concert à la Maison de la Radio, avec l’Orchestre de Radio France. Pour le présent album qui reprend ses grandes chansons arrangées pour une formation de plus de cinquante musiciens, il s’est associé à Cyrille Aufort, orchestrateur pour Alexandre Desplat et compositeur de nombreuses musiques de film (Astérix et Obélix: Au service de sa Majesté, Un Homme idéal, Knock…).
On croisera également les quatre compagnons de route habituels du chanteur-baroudeur (Xavier Tribolet aux claviers, Antoine Reininger à la basse, Michaël Lapie à la batterie et Vincent Faucher à la guitare).
©Nicolas Magenham/Qobuz
13 titres sont repris dans cet album, mais une toute nouvelle nous est offerte.
Cette 14e chanson, La bandiera rossa, est vraiment belle, je vous laisse d’ailleurs l’écouter, c’est juste splendide.
En ce qui concerne les reprises, rien à dire sur les arrangements et les orchestrations, on voit que leur auteur, Cyrille Aufort, travaille pour le cinéma.
Regardez la chanson Trafic, ça pourrait être musicalement, du début à la fin, un parfait générique d’un James Bond, vous ne trouvez pas?
Sympa comme arrangement, non?
En fait, si l’on prend chaque chanson individuellement, la réussite est bien là, souvent, on est supris, mais par qui?
Par l’orchestre et les arrangements dont je parlais plus haut.
C’est au niveau du chant que quelque chose me manque.
Oui, la merveilleuse voix dorée et douce de Lavilliers est bien là, et comment!
Mais… mais c’est comme si son esprit, lui, était ailleurs.
Souvent, surtout ces dernières années, Lavilliers nous a habitués à cette voix douce qui peut dire des choses à la fois poétiques et violentes, mais là, on est au-delà de cette douceur.
Un peu l’impression qu’il chante ses textes sans trop y croire, comme s’il était sur la retenue permanente, comme s’il était un peu timide en rapport avec cet orchestre de 50 musiciens.
Et l’écoute de l’album entier à travers cette manière de chanter le rend, comment dire… un peu monotone, peut-être.
Cela dit, que ce soit clair, j’ai tout de même mis cet album dans mes favoris, il reste très beau.
Et vous, vous l’avez écouté? Si oui, qu’en pensez-vous?
Et si vous ne l’avez pas encore fait, ou si vous ne connaissez pas Lavilliers parce que vous êtes bien jeune, alors écoutez-le, il pourrait être une belle porte d’entrée à son œuvre, quitte à réécouter les originales, ou alors AccoustiQue, dont vraiment, je ne me lasse pas.
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Cinquante musiciens pour accompagner un chanteur !!
Je comprendrai… peut-être un jour… ou pas !!
Déjà que je trouve un orchestre symphonique indécent.
Dans les années 1930, le Messie de Haendel avait été donné avec 3000 choristes. Au secours !!
Et Karajan s’appropriant la Passion selon Saint Mathieu avec un orchestre pachydermique comportant … 11 – non, ni 10, ni 12 – contrebasses
Non, vous n’aurez ni mes oreilles, ni mon attention
Les orchestres symphoniques portent bien leur nom: ils sont là pour jouer des symphonies.
Quant à Karajan, plus personne ne dirigerait comme ça maintenant, c’était tout une époque!
Album aussi découvert grâce à la mise en avant éditoriale de Qobuz. Je partage ton sentiment. La remarque sur la musique de 007 m’intrigue : je vais la réécouter !
Tu verras, c’est impressionnant et assez rigolo.
Effectivement, peut être en ralentissant un peu le tempo, ça peut le faire ! Mais aussi, pour les mêmes raisons, dans un Austin Power 😅
Quand l’inspiration n’est plus là, on resuce les vieilleries, oui mais avec un orchestre symphonique!!! et cela devient vite lassant pourtant j’adore Lavilliers mais c’est non cette fois çi.
Je ne dirais pas « non » quant à moi, mais « un peu dommage ».
😉
Ben en fait, c’est vrai que c’est un peu dur de devoir écrire ça, j’ai quelque part un peu peur qu’il tombe sur l’article par hasard…
Je vais vous raconter une anecdote.
Cela se passe durant la saison 89-90, alors que je travaillais pour la Maison des Arts et Loisirs de Thonon les bains. Mon directeur avait reçu une invitation à un récital de Charles Trenet, mais il ne pouvait pas s’y rendre. Il m’a proposé de prendre sa place ce que j’ai accepté avec enthousiasme, grand admirateur de Trenet que j’étais et suis toujours et que je n’avais encore jamais vu et entendu en salle.
Je me rends donc à ce récital à Martigny, dans le beau pays de Suisse, tout proche. À l’heure prévue le rideau s’ouvre sur 2 pianos à queue (Steinway modèle D) installés têtes bêches et après l’entame de l’intro d’ « Une Noix », entrée du Fou Chantant et le concert commence. Une heure et quarante-cinq minutes plus tard commencent les rappels : Y a de la joie est le dernier des quatre grands succès qui ont donnés lieu à moult rideaux et ovations. Le public est debout, en demandant encore. Il commence à scander « La Mer, la Mer, la Mer ». Le fou chantant ressort (longuement…) et revient encore une ou deux fois puis s’approche du micro : « Vous la voulez ? », « Oui, oui » crient en chœur les gens, Trenet : « La voici… ». S’ouvre alors le rideau sur un grand orchestre d’au moins cinquante musiciens qui commence l’intro de cet énorme succès.
Un moment inoubliable et d’ailleurs je ne l’oublierai jamais. Engager tout cet orchestre pour un hypothétique et dernier rappel, c’est quand même culotté, même si, on le suppose, le risque était quasi nul, car cette demande du public pour « La Mer » devait être systématique.
Charles Trenet disait : « La poule pond des œufs, moi je ponds des chansons ». À ma connaissance, plus de mille ont été éditées (et plus de 4000 ont été écrites sans l’être) par le père de la chanson française moderne, reconnu par tous ses successeurs…
La chronique du « Temps » de l’époque à propos de Trenet au Paléo 1989.
La même année au Palais des Congrès de Paris.