Je me rappelle d’un article de Zit sur Cuk.ch qui nous faisait part de son agacement à propos de l’arrivée de l’expression “du coup” dans nos textes, dans nos discours, dans nos dialogues quotidiens, en vrai, à la radio ou à la télévision.
C’est vrai que c’est de la folie, cette épidémie!
Mais comment disait-on avant? On se demande presque, du coup…
Autre nouveauté… apparition d’un nouveau vocable: mainnant.
Maintenant? Il a quasiment disparu, lui, remplacé par le nouveau vocable évoqué ci-dessus.
Observez-vous: je suis sûr que vous êtes touchés de temps en temps.
Moi en tout cas, je m’arrête à chaque fois et je me reprends, tellement j’ai honte quand je m’en rends compte.
Je me console en me disant que toute la francophonie semble touchée.
Mais bon, il y a quelque chose qui me semble incroyable chez vous, en France, beaucoup moins fréquent en Suisse et en Belgique il me semble, c’est la suppression du “R” en avant dernière lettre, avant le “E” final qui gicle aussi…du coup, et après un “T” ou un “D“.
À ce propos, nous plaisantions depuis longtemps, sur Cuk.ch, du Quat-quat de Saluki.
Mais depuis quelque temps, c’est l’hécatombre, pardon, l’hécatombe de ces deux dernières lettres dans notre belle langue orale.
Écoutez les interviews dans la rue: les interviewés, mais aussi, désormais, certains journalistes vous donnent du (j’ai pris de notes):
“Il faut faire attention de mett’ les bons politiciens en place.”
“Les femmes vont êt’ plus nombreuses à l’Assemblée nationale que les hommes”.
“La recette du gâteau au suc’ est assez facile à réaliser.”
“Il est sorti avec une aut’ fille.”
“Il doit perd’ 3 kilos”.
Je pourrais continuer comme ça longtemps, mais ce serait un peu lassant, vous en conviendrez.
C’est tellement horrible cette fin tronquée de certains mots!
C’est comme si c’était trop fatiguant de prononcer un peu comme il faut.
À ma grande honte (je ne dois pas juger, je ne dois pas juger), je trouve cela même assez… vulgaire.
Et maintenant?
On fait quoi?
On revient comment en arrière, que la langue parlée redevienne jolie?
J’ai bien peur que ce soit trop tard, même si le phénomène me semble assez nouveau.
En savoir plus sur Le Blog du Cuk
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
Oui, peut-êt’, mais ça fait aussi des répliques cultes dans les Bronzés:
Vous avez d’la pâte ? Vous avez du suc’ ? Alors avec la pâte vous faites une crêpe et pis vous mettez du suc’ dessus !
?
https://www.youtube.com/watch?v=BBhVSr3rHHw
Dja pour déjà….
Et au dessus du nord ,nous avons un groupe de musiciens, chanteurs qui s’appelle
“les gauff au suc” https://www.google.be/search?client=safari&rls=en&q=les+gauff+au+suc+youtube&ie=UTF-8&oe=UTF-8&gfe_rd=cr&ei=xvFKWa7GCIPVXqDdheAF
Je crois avoir lu que l’élision et le verlan sont les deux vecteurs principaux de l’évolution des langues… Déjà, en Égypte antique…
Oui, mais ce qu’est terrib’, c’est qu’ça empire depuis quequ’zannées.
François, si tu viens un jour au Québec, n’oublie pas tes bouchons d’oreille.? C’est ainsi que tout le monde parle ici.
Un autre truc en France qui m’étonne, c’est l’omission du « ne » à l’oral. Exemple : « je crois pas/je ne crois pas », « c’est pas pareil/ ce n’est pas pareil ». Ce n’est qu’une observation, bien sûr. Avec notre patois tout à fait incompréhensible pour l’Européen qui n’a jamais mis les pieds ici, je serais mal venu de faire la leçon à quiconque.
C’est vrai que votre patois est parfois difficile à comprendre, mais qu’est-ce qu’il est souriant!
De mon côté, je connais plusieurs personnes qui disent : “nécerment” au lieu de nécessairement.
Et je suis d’accord avec Serge, la disparition du “ne” est bien plus répandue… ce qui peut provoquer des incompréhensions parfois!
Oui, c’est vrai, encore une élision que l’on entend souvent.
Ce qui m’énerve au plus haut point, c’est un autre tic de langage que celui qui fait l’objet de la chronique de ce jour. Je le crois propre aux médias (parlés) de Suisse romande. Je n’ai pas eu l’impression de l’entendre à ce point en France. Je dirais même que, en quelques minutes, je sais quel francophone parle. Bien sûr il y aussi les accents qui diffèrent, mais ce n’est pas là l’essentiel.
Je parle des “hein”.
Je ne dis jamais hein, quant à moi.
Je parle du hein qui vise à renforcer le propos, de celui qu’on peut aisément remplacer par “n’est-ce pas ?”.
Le plus grand spécialiste, c’est Darius Rochebin lors de ses interviews de personnalités qui sont invitées dans le téléjournal. J’ai une fois tenté de faire des coches sur un bout de papier afin de les compter sur 10 minutes. Il y en avait tant que je suis allé faire autre chose dans la maison et éteint la TV.
Plein de correspondants et de correspondantes de la TV à l’étranger font exactement la même chose.
J’énerve parfois ma femme (qu’elle me le pardonne), parce que, lors de certains TJ que nous regardons ensemble, je ne peux pas me retenir de répéter “hein” chaque fois que j’en entends un … Et ça en fait tant et tant, vous n’imaginez pas …
Zallag a écrit
“Le plus grand spécialiste, c’est Darius Rochebin lors de ses interviews de personnalités qui sont invitées dans le téléjournal. J’ai une fois tenté de faire des coches sur un bout de papier afin de les compter sur 10 minutes. Il y en avait tant que je suis allé faire autre chose dans la maison et éteint la TV.”
Moi, ce qui m’énerve, c’est que je n’y avais jamais fait attention, maintenant, je sens que ça va m’agacer grave!?
J’avoue aimer ces déformations de la langue lorsqu’elles sont choisies et assumées; sur mon blog, je ne m’en prive pas.
Du coup, je me dit que je dois perdre des lecteurs, hein…
Je pense toutefois que s’il est intéressant de m’en servir comme de figures de style, je me dois d’entretenir mes compétences linguistiques, de manière à pouvoir parler et d’écrire dans un français correc’… kantifaut!
Dom’_) écrit:
*”Du coup, je me dit que je dois perdre des lecteurs, hein…”*
Je sais que tu as travaillé à la TSR, mais… Darius, sors de ce corps!
🙂
Ceci dit, j’ai du mal à comprendre le problème que pose cette expression. Après tout, n’est-ce pas comme ça qu’une langue évolue? Comment parlerions-nous si nos ancêtres avaient de tout temps refusé ce genre de phénomène? Groumpf?
En ce qui concerne la suppression du “ne” dans les négations, je plaide coupable. En revanche, “mainnant” ? Quelle horreur…
Zazie dans le Métro – Raymond Queneau – 1959 :
“Doukipudonktan”, se demanda Gabriel excédé. Pas possible, ils se nettoient jamais. Dans le journal, on dit qu’il y a pas onze pour cent des appartements à Paris qui ont des salles de bain, ça m’étonne pas, mais on peut se laver sans. Tous ceux-là qui m’entourent, ils doivent pas faire de grands efforts. D’un autre côté, c’est tout de même pas un choix parmi les plus crasseux de Paris. Y a pas de raison. C’est le hasard qui les a réunis. On peut pas supposer que les gens qui attendent à la gare d’Austerlitz sentent plus mauvais que ceux qu’attendent à la gare de Lyon. Non vraiment, y a pas de raison. Tout de même quelle odeur.
Gabriel extirpa de sa manche une pochette de soie couleur mauve et s’en tamponna le tarin.
“Qu’est-ce qui pue comme ça ?” dit une bonne femme à haute voix.
Elle pensait pas à elle en disant ça, elle était pas égoïste, elle voulait parler du parfum qui émanait de ce monsieur.
“Ça, ptite mère, répondit Gabriel qui avait de la vitesse dans la répartie, c’est Barbouze, un parfum de chez Fior.
– Ça devrait pas être permis d’empester le monde comme ça, continua la rombière sûre de son bon droit.
– Si je comprends bien, ptite mère, tu crois que ton parfum naturel fait la pige à celui des rosiers. Eh bien, tu te trompes, ptite mère, tu te trompes.
– T’entends ça ?” dit la bonne femme à un ptit type à côté d’elle, probablement celui qu’avait le droit de la grimper légalement. “T’entends comme il me manque de respect, ce gros cochon ?”
Triturer la langue, c’est la faire vivre. Les élisions, l’oubli des négations, les patois, les argots, le langage des banlieues (même Neuilly est touchée), etc… tout cela rend une langue vivante. Outre Queneau, nombre d’écrivains en ont usé (Dard, au hasard).
Il n’en est pas de même des tics de langages qui sont, eux, insupportables. On entend désormais plusieurs fois par jours des gens éminents nous dire que : Untel ou cette société, ce parti, ce média, etc… doivent “changer de logiciel”, pour nous expliquer qu’Untel devrait revoir sa façon de penser, cette société devrait revoir son organisation, ce parti devrait revoir son programme, ce média devrait changer de méthode de travail, etc… Je trouve cette expression nulle et elle m’agace au plus haut point. Il y a pas mal d’autres exemples de ce type et je suis certain que vous en connaissez tous.
Les ajouts en fin de phrase sont tout autant agaçants : Hein ! OK ! D’accord ! En fait ! Heu… !!! C’est un peu comme ces gens qui mettent des points d’exclamations partout (!).
Bref, c’est ainsi que la langue évolue et c’est comme ça depuis des siècles et la raison pour laquelle nous ne parlons plus le bas latin.
Quand ce sont des journalistes qui élisent, ça m’agace. Pourtant, je ne veux pas que la langue soit figée. Mais un mot, c’est beau dans son entier non?
François, tu ne dis rien de “au niveau” ;o))
Je me soigne!
Le site Parler français explique:
*Voilà une expression dont on use et abuse au point d’en oublier le sens.
En effet, la locution prépositive au niveau de signifie proprement « à la hauteur de » et décrit, de fait, la position dans l’espace de deux choses l’une par rapport à l’autre.
La température relevée au niveau du sol.
La fuite s’est produite au niveau de la soudure.
Il est parvenu au niveau du rond-point.
Au sens figuré, cette locution ne doit être employée, selon l’Académie, « que lorsqu’elle exprime une comparaison entre deux termes ».
Son talent n’est pas au niveau de sa réputation.
Cet élève n’est pas au niveau de sa classe.
Les exemples suivants, bien que ne suggérant pas de comparaison, supposent un degré, un grade, un échelon et sont donc considérés comme corrects par de nombreux spécialistes (Bescherelle, Hanse, etc.) mais pas forcément par l’Académie.
Ces dossiers seront traités au niveau des conseillers.
Cette décision sera prise au niveau de la direction.
En revanche, c’est à tort que l’on emploie au niveau de en l’absence de toute notion d’échelle, au sens de « en ce qui concerne, sur le plan de, du point de vue de, pour ce qui est de, en matière de, dans le domaine de, quant à, etc. »
Nous avons un problème en ce qui concerne les ressources humaines (et non au niveau des ressources humaines).
Le talent de cet artiste se manifeste surtout sur le plan de l’expressivité (et non au niveau de l’expressivité).
Il va subir une opération au cœur (et non au niveau du cœur).
On a relevé des erreurs d’arbitrage (et non des erreurs au niveau de l’arbitre).
Les scores du parti progressent (et non Le parti progresse au niveau des scores).
Remarque 1 : Je n’ose ici évoquer cette vilaine expression « au niveau du vécu », qui a fait florès en dépit d’un… niveau de langue à peine correct.
Remarque 2 : L’expression se mettre au niveau de signifie « se mettre à la portée de » et n’est pas sujette à critique.
Afin de bien se faire comprendre, il s’est mis au niveau de son interlocuteur.
Remarque 3 : Employée dans le sens figuré d’au niveau de, la locution au plan (de) est critiquée par l’Académie. On la remplacera par sur le plan (de) – suivi d’un substantif ou d’un adjectif -, ou, mieux encore, par d’autres locutions telles que dans le domaine de, en matière de, du point de vue de, au sujet de, pour ce qui est de, en ce qui concerne.
Sur le plan moral, sur le plan de la santé (ou mieux : du point de vue de la morale, en matière de santé).
Sur tous les plans.*
Bon, mon dernier kat-kat (orthographe d’Alec6) étoilé, celui avec le moteur qui refusa d’aller en Helvétie, avait la clim’, efficace même avec la capote repliée…Utile ces jours-ci.
Il y a une autre expression qui me gonfle grave, c’est : « Voilà ! ». Prononcée dix fois en deux minutes lors de l’interview (pardon : entrevue) d’une people (pardon : célébrité fugace), c’est crispant. Voilà, j’ai pas (je n’ai point) l’R fin, des fois.
Ah ce kat-kat, il était maudi! Après tout ça, même si j’avais eu du pognon, je ne me serais jamais acheté un Mercedes!
Un ancien secrétaire de parti devenu président prononçait “socialiss”, cette élision l’a conduit à l’élimination.
On a exactement le même, mais c’est le président du parti, il parle de son parti en prononçant exactement la même chose?
Ce que je constate, c’est la transformation de certains x en s: “espliquer”, très courant, me semble-t-il, en France, mais pas en Belgique.
Je dis bien “certains x”, parce que je n’ai quand-même jamais entendu un Français parler de relations sessuelles!
?
Je réagis un peu tard mais, longtemps absent du site, j’émerge seulement maintenant et j’ai donc beaucoup de retard dans mes lectures.
Cet usage de “au niveau de” me fait penser à ce que j’ai lu au sujet de l’emploi de “vis-à-vis de” pour signifier “à l’égard de”. C’était, paraît-il, une expression fautive propre au parler genevois, et c’est un citoyen de Genève, Jean-Jacques Rousseau, qui l’a introduite en France. Voici ce qu’en dit le Littré (Remarque 1, en bas de page):
Comme quoi, des expressions qui choquent ou qui déplaisent au moment de leur apparition, peuvent très bien, avec le temps, finir par devenir normales et ne plus étonner personne.
Cela dit, je suis d’accord avec Saluki au sujet des tics de langage: en quelques années, le mot “Voilà!” est devenu omniprésent. Quand j’étais jeune, c’était “n’est-ce pas” qui avait la cote, certaines personnes en plaçaient un tous les dix mots. Maintenant c’est “Voilà”. N’est-ce pas?