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C’est quoi cette Suisse qui élit vert, mais vote tout le contraire?

Bon…

La Suisse a voté 3 fois non aux sujets écoresponsables ce dimanche.

C’est désespérant et à ne rien y comprendre.

Comment un pays qui élit des législatifs et des exécutifs nationaux, cantonaux et communaux de plus en plus de couleur verte (ne parle-t-on pas de vague de cette couleur?) peut-il, droit derrière, voter tout le contraire des valeurs des partis qui la composent?

Les résultats des sujets écoresponsables de ce week-end

Vous admettrez que c’est à ne rien y comprendre, si ce n’est que notre pays est d’accord de voter vert pour montrer qu’il est responsable, mais que dès qu’on touche le concret et plus particulièrement notre porte-monnaie, eh bien on s’oppose à toute mesure mise en place.

Permettez-moi de reprendre une citation de l’éditorial d’Ariane Dayer, rédactrice en chef de l’hebdomadaire “Le Matin Dimanche” du 23 mai de cette année:

Mais est-ce vraiment cela que nous voulons: une transition écologique purement déclarative? Qui ne modifierait rien de nos comportements quotidiens? Qui ne coûterait rien, nulle part, n’exigerait aucune adaptation? Qu’est-ce que c’est que cette écologie d’enfant gâté?

ArianE DAYER, le Matin dimanche du 23 mai 2021

Oui, nous nous sommes comportés comme des enfants gâtés, prêts à aucun sacrifice.

Avec cette loi sur le CO2 refusée, nous pourrons continuer à faire des week-ends sympas à Barcelone, pour y faire du shopping, et cela pour 50 francs aller et retour, ce qui ne couvre absolument pas le prix du transport.

C’est génial, hein?

Comme ça, on va bien pouvoir continuer à polluer à fond, sans se poser de questions.

Oh… je ne dis pas que la loi CO2 aurait résolu complètement ce genre de problèmes, mais au moins aurait-elle fait prendre conscience aux gens qu’un trajet saut de puce, ça coûte tout de même un peu plus cher que ce que nous proposent les compagnies low cost.

On pourra continuer à utiliser du bon vieux mazout ou du gaz pour alimenter nos jolies chaudières, sans que ça coûte trop cher, nous repousserons notre achat de voiture électrique et de ce fait, nous réfléchirons moins à passer à l’énergie renouvelable.

Bravo l’UDC, bien joué, avec vos amis pétroliers, vous avez parlé au porte-monnaie des Suisses.

Et Bravo à la Grève du Climat qui, grâce à son jusqu’au-boutisme, a peut-être participé à faire basculer ce vote sur le non. Je ne serais pas très fier, à sa place.

En ce qui concerne les initiatives eau propre et antipesticides

Là aussi, le porte-monnaie a aussi parlé

Quand je lis ce genre d’arguments:

Pub dans 24 heures de mercredi 8 juin

… je me dis que pour ces gens, le statu quo leur va très bien: les petits revenus continueront à pouvoir manger de la nourriture avec des pesticides, ceux qui pourront se le permettre continueront à manger du bio aux prix souvent honteusement artificiellement augmentés dans nos grandes surfaces.

Un bel exemple de politique alimentaire à deux vitesses.

On parie que bon nombre de ces politiciens qui ont les moyens et qui prônent le deux fois NON mangent bio, eux?

C’est quand même drôlement gentil de penser à ceux qui en ont moins…

Et moi dans tout ça à titre individuel, qu’est-ce que je peux faire?

En ce qui concerne la loi sur le CO2

En ce qui concerne la loi sur le CO2, rien ne va changer puisque de toute manière, j’ai décidé

En ce qui concerne mes achats alimentaires

Soyez sûr qu’à force d’avoir navigué dans la campagne vaudoise, j’ai pu avoir une cartographie assez précise des plus fervents défenseurs de la politique agricole conventionnelle, prônant le NON aux initiatives avec des panneaux immenses, de plus de 10 m2.

Jamais je ne me servirai chez eux puisque je sais qu’ils traitent leurs produits.

Idem chez nos vignerons vaudois, dont beaucoup affichaient lesdits panneaux dans leurs vignes.

Non mais tu crois une seconde que je vais aller acheter du vin chez eux alors qu’ils ont hurlé sur des banderoles qu’il fallait les laisser continuer à traiter leur raisin?

Tu crois une seconde que je vais les défendre désormais quand ils crient misère parce qu’il a fait trop chaud, parce qu’il a fait trop froid, parce qu’il y a trop de vent, parce que les Suisses n’achètent pas assez de vin indigène?

De toute façon, cela fait très longtemps que je n’ai pas acheté une seule bouteille de vin qui ne soit pas issu de la production biologique, qu’elle soit helvétique ou française.

Et puis, je reviens à ce que j’écrivais dans cet article, le 17 juin 2019, déjà:

En ce qui concerne mes achats, de mon côté, c’est clair, si dans un magasin j’ai le choix entre:

• du bio local et bio étranger, j’achète le bio local;

• du bio étranger et du traditionnel local, j’achète le bio étranger, malgré l’impact CO2 négatif, et même si ce n’est pas tout simple, qu’il y a des arguments pour et des arguments contre.

Par exemple, depuis la date de cet article et même un peu avant, je boycotte notre laiterie communale qui offre une bonne cinquantaine de fromages, dont pas un n’est bio.

Un dernier mot peut-être?

Une fois de plus, l’argent a eu le dernier mot:

J’aimerais remercier les très rares paysans qui ont osé afficher un OUI dans leurs champs à eux.

Ils ont été courageux, quand on sait que j’ai pu discuter avec un paysan bio qui me disait qu’il n’oserait jamais s’afficher contre les pesticides dans son village, parce qu’il craignait de se faire lyncher par ses collègues.

De mon côté, je suis fier d’avoir fait ce que j’ai pu sur mon petit blog de rien du tout et d’avoir affiché en première vaudoise dans les campagnes (dans les villes, il y en avait beaucoup) deux panneaux prônant le OUI aux initiatives sur les pesticides. D’ailleurs, c’est rigolo, mais l’hebdomadaire L’illustré a repris ma photo de couverture d’un article pour illustrer la campagne et en particulier ceux qui prônaient le 2 fois OUI. C’est dire qu’ils n’ont pas dû en trouver beaucoup d’autres.

Là aussi, je ne compte pas les gens qui m’ont dit que nous étions gonflés et que nous n’avions peur de rien… Cela dit, je n’ai eu aucune déprédation à relever sur notre maison, c’est une bonne chose.

Voilà…

Week-end de merde.

Mais le combat n’est pas fini, ça, je peux vous l’assurer.

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