J’ai expliqué, il y a bien des années, le 22 octobre 2005, jour de la naissance de ma fille (je me souviens d’avoir dû attendre pas mal de temps seul, dans l’hôpital, avant d’assister à l’accouchement, j’avais pu relire l’article sur l’ordinateur en libre-service de l’hôpital, c’est comme si c’était hier) mon incompréhension voire ma colère en rapport avec les Astérix de l’après Goscinny, quand Uderzo les faisait tout seul.
Il s’agissait de l’épouvantable « Le Ciel lui est tombé sur la tête ».
J’ai relu les commentaires de l’époque, pas un pour sauver cet album.
Depuis, les scénaristes se sont suivis, et récemment, les albums étaient à nouveau plaisants, pas tous, mais bon, difficile toujours de relever le défi.
Notamment ceux scénarisés par Jean-Yves Ferri qui n’est pas n’importe qui (aaah, le Retour à La Terre dessiné par Manu Larcenet, dont j’ai parlé ici, et aussi ici, grandiose!).
Ferri est aussi l’auteur de De Gaule à La Plage, une de mes BD préférées à hurler de rire dont j’ai parlé ici.
Dans ce dernier album, l’Iris Blanc, ce n’est plus Ferri qui scénarise, c’est Fabcaro, pour la première fois, sans que le premier ait véritablement arrêté Astérix, semble-t-il.
Le dessin est Didier Conrad, qui est aux pinceaux depuis 2013 sur la série.
J’aime beaucoup son trait qui ne trahit pas le Uderzo, à première vue, mais qui me semble plus vif, un poil plus dynamique qu’à l’origine.
Quelques mots sur l’histoire.
César est face à son armée déprimée et à ce fichu village gaulois qui continue à le défier et qui n’est pas près de céder: il cherche donc une solution.
Cette fois, c’est Vicévertus, médecin des armées romaines qui s’y colle et propose sa méthode, l’Iris Blanc, basé sur la pensée positive: « pour éclairer la forêt, la floraison d’un seul iris suffit », telle est sa devise.
L’idée est de remotiver les troupes romaines et de ramollir le village gaulois.
Et ce qui est incroyable, c’est que ça marche, au point que le village se met à parler à la « Petit Bambou », application que j’utilise tous les jours pour ma séance de méditation, ce qui, quand on connaît un peu, et alors dans la BD encore plus drôle.
Finies les bagarres, le village apprécie même un spectacle d’Assurancetourix, c’est dire!
Les allusions au monde d’aujourd’hui sont partout présentes, et franchement, je me suis bien amusé.
Ce qui est chouette aussi, c’est que le scénario et le dessin ont amené une magnifique mise en page: il arrive plusieurs fois qu’on tourne la page et que l’on tombe sur un grand dessin hilarant d’une demi-page qui était complètement inattendu.
Je me suis surpris à éclater de rire à plusieurs reprises en lisant cette BD, ce qui ne m’était pas vraiment arrivé depuis longtemps dans la série, en tout cas pas à ce point-là.
Pour le reste, le scénario tient la route, et, bien évidemment, tout fini comme toujours avec un banquet extraordinaire, comment faire autrement, d’ailleurs?
Je ne vous en dis pas plus, si vous n’avez pas encore lu.
Donc, pour moi, une vraie réussite, cet album, au niveau des anciens, je dirais même quelque part assez proche de la Zizanie, sans bien évidemment le plagier.
Bravo Messieurs.
Ah, pendant que j’y suis, j’ai lu également le dernier Gaston Lagaffe sorti hier.
Excellent travail de son auteur, Delaf, qui a la lourde tâche de succéder à André Franquin.
Au niveau du dessin, on ne voit pas la différence, et les gaffes sont de haut niveau!
Mais je vieillis, je sais, parce que même si les pages sont plaisantes, Lagaffe, lui, m’énerve avec ses folies!
Alors qu’à l’époque, j’aurais eu tendance à l’applaudir.
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N’étant pas un grand admirateur de Asterix (je ne sais pas pourquoi, j’ai toujours eu le sentiment de “Passer à côté de quelque chose”, ou encore “Ne pas comprendre”).
Sincèrement, Asterix est un mystère pour moi. Je voyais des amis se plier en cadre de rire. Autant en relisant la page, ma réaction était au mieux “Mouais, ha bon ?!?”.
Cela dit, c’est mon ressenti. Je suis bien conscient qu’il y a un (des) grand talent dans cette BD. C’est juste que je n’y suis pas sensible. Dommage pour moi !
Par contre, GASTON ! Le génialissime Gaston !
Je n’ai pas encore eu l’occasion de lire ce 22 ème tome. Mais je me réjouis tellement de retrouver ce personnage ! J’ai tellement ri en tant qu’adolescent à l’époque ! Génial !
Je suis heureux que de nouveaux épisodes puissent être publiés. Pas comme Tintin, dont tout est bloqué… Pourtant, lorsqu’on voit ce qu’il est possible de faire avec Black et Mortimer, je me dis que la poursuite d’une licence peut largement être bonne, voire excellente !
La différence entre Blake & Mortimer, d’un côté, et Astérix ou Gaston de l’autre, c’est l’humour. Il est plus “facile” de reproduire la trame aventureuse d’un Jacobs, alors qu’il est impossible d’imiter l’humour d’un Goscinny ou d’un Franquin. Et le résultat s’en ressent…
Nous en avons parlé ce matin et je suis bien d’accord.
Il me semble que, pendant des années, les scénaristes voulaient faire du “Goscinny”, et que c’était bien difficile pour eux, bien que Ferri s’en soit souvent bien sorti (sauf dans son dernier, Astérix et le Griffon dont je ne me souviens même plus).
Mais dans celui-là, je trouve qu’il est autrement, même si les éléments de la recette sont bien là, et c’est très réussi.
“Oh, Mssieu François, qu’est ce que vous faaaaiiites ?
Paraphrase de Mademoiselle Jeanne quand Gaston et elle se retrouvent satellisés autour de la Terre dans un engin Home-Gaston-made, du dernier album de Franquin himself
Ah, Mademoiselle Jeanne, elle est tellement adorable, tellement amoureuse, et Gaston, lui, il s’en fout…
Grrrrr…
La différence essentielle entre Blake et Mortimer, Lucky Luke, Astérix et Tintin, Gaston et d’autres c’est que les auteurs des premiers ont donné leur accord pour la transmission de leurs personnages alors que les seconds, non. Hergé s’est très clairement exprimé sur ce sujet. Franquin, un peu moins, mais un témoin de première qualité, sa fille, très proche de son père prétend qu’il s’y opposait.
Maintenant, mon avis sur les cas particuliers de :
1) L’Iris Blanc : ne m’a pas arraché le moindre sourire. Difficile, pour ne pas dire impossible, d’égaler Goscinny.
2) Le “nouveau Gaston” : je ne le lirai pas par respect pour son créateur, le génial André Franquin, le plus grand dessinateur de la grande époque de l’école de Marcinelle (dixit Hergé, lui-même). Qui peut prétendre à l’égaler (cf image jointe).
J’ajoute :
Franquin et la RTS.
Je ra-joute :
L’Invité Numa Sadoul, avec lequel je suis tellement d’accord. C’est passionnant avec un propos très intéressant à l’heure qu’il est à 8’40”.
Le risque est effectivement qu’on assiste à une copie de Gaston figée dans le temps…
Peut-être que prochainement une IA, à qui on aura fait ingérer tous les albums de Gaston, pourra reproduire de nouveaux gags à la chaine ?!
Il y en a d’autres, des Emoji dans le style?
Ah oui, celui-là:
Merci pour le lien!
Ah! Mais qu’est-ce qu’elle est chou, ce n’est pas possible!
Etonnant que tu n’aies pas aimé l’Iris Blanc, mais bon, je comprends.
Je trouve aussi que parfois, cela dépend de l’état d’esprit dans lequel on est au début de la lecture.
Même les premiers Astérix ne te faisaient par rire?
Astérix chez les Helvètes, par exemple, était splendide!
J’ai exactement le même sentiment que Cyan_282, peu de plaisir, presque une indifférence pour Asterix, alors que j’adore Gaston. Peut-être que, parce qu’étant bricoleur moi-même (mon dieu quel malheur !), j’ai remarqué que ses inventions étaient le plus souvent remarquablement réalistes dans les détails…
Et peut-être aussi que j’aurais aimé pouvoir prendre la vie comme il le faisait (et fait encore, apparemment), reeeelaaax, sans stress…
Bon, du coup, c’est l’entourage qui doit faire avec, en particulier Prunelle et de Mesmmaeker ; le monde n’est jamais parfait !
Tu pourrais vivre avec lui?
Je trouve Prunelle tellement patient, au bout du compte!
Bonnard… tu lis sur Izneo ?
J’ai acheté Gaston sur Izneo pour 5 francs. Il n’est pas encore dans l’abonnement, tous les autres de la série oui.
😉
Mettre un livre au feu, c’est pas bien ! Mais en l’occurence, y pas de meilleur endroit.
Mais noooonnnn…
Allons!😉
Encore un exemple du génie de Franquin :
Le sens du détail… 😉
C’est lui, là, non?
Évidemment que c’est lui. C’est un autoportrait avec M’oiselle Jeanne.
Sauf si vous en voulez encore, c’est le dernier dessin de Franquin :
Magnifique!
Ne pas perdre de vue que cette planche date d’avril 1977, elle a été publiée dans le journal de Spirou ( Trombone Illustré) il y a donc 46 ans. À cette époque il n’y a qu’une petite dizaine de réacteurs en France. Les antinucléaires ne commenceront à défiler dans les rues qu’à partir de 1983. Chapeau M. Franquin.
Sur le site http://www.gastonlagaffe.com, on trouve ces deux textes plutôt contradictoires :
1 – Franquin et Gaston
Auteur de talent, André Franquin reprend le personnage de Spirou en 1947 et va enrichir l’univers du groom de personnages aussi sympathiques qu’incroyables : le comte de Champignac, Zorglub, le Marsupilami…
En 1957, il crée un héros sans emploi, Gaston Lagaffe, à l’encontre de tous les canons des héros de l’époque, et contre l’avis de son éditeur.
Travailleur assidu, il passe le relais de la série Spirou et Fantasio à Fournier en 1968 pour se consacrer à Gaston et aux Idées noires.
L’âge venant, sa production se restreint et Gaston n’atteindra pas les mille gags, au grand dam de ses millions d’admirateurs. Franquin s’est tellement identifié à son « héros sans emploi » qu’il n’a jamais imaginé que Gaston puisse continuer ses facéties sans lui.
Franquin nous a quittés le 5 janvier 1997.
2 – FRANQUIN ET GASTON LAGAFFE
Publié le 2 novembre 2023 à 08h00
Les éditions Dupuis ont-elles le droit de faire une suite pour Gaston Lagaffe ?
En 1992, André Franquin décide de céder ses personnages et leurs droits. Il fait rédiger, pour sa propre société, un contrat reprenant les grands principes d’un précédent contrat qu’il a déjà signé, quelques années auparavant, pour vendre le Marsupilami.
L’arbitrage reconnaît donc qu’il n’y a aucun doute sur le fait qu’André Franquin a pleinement souhaité la vente de son personnage et la modalisation de son droit moral. D’autant qu’il valide deux fois cette décision, en tant qu’auteur mais aussi en tant que gérant de la Franquin S.A. Que ce contrat, comme dans le contrat portant sur le Marsupilami, formule dans des termes très clairs le droit de réaliser de “nouveaux albums dessinés par un autre artiste qu’André Franquin”. Et que créer des suites à Gaston Lagaffe est d’ailleurs la seule raison capable d’expliquer le montant élevé de la transaction.
Pourquoi un arbitrage a eu lieu et quel en est le résultat ?
Isabelle Franquin et les éditions Dupuis n’étant pas d’accord sur l’interprétation du contrat signé par André Franquin en 1992 par lequel il vend son personnage Gaston, ses droits d’exploitation (droits d’édition, audio, merchandising…) et le droit de faire des suites. D’un commun accord, elles ont désigné un arbitre pour trancher définitivement cette question de faire des suites de Gaston.
La sentence arbitrale reconnaît que le contrat de 1992 est clair et qu’André Franquin désire vendre son personnage Gaston, ses droits d’exploitation (droits d’édition, audio, merchandising…) et le droit de faire des suites. L’arbitre a donc reconnu non seulement le droit de Dupuis d’éditer des suites de Gaston mais il a aussi plus spécifiquement autorisé la publication de l’album de Delaf.
Est-ce que le droit moral est respecté ?
C’est un contrat de droit belge, droit qui permet d’aménager l’exercice de son droit moral, dans lequel André Franquin a précisé très clairement que les éditions Dupuis ont le droit de faire des suites de Gaston pour autant qu’elles doivent lui soumettre les projets pour approbation et qu’il ne peut faire que des remarques d’ordre éthique et artistique.
Sa fille, Isabelle Franquin, ayant hérité de ce droit moral, a reçu les planches de l’album « Le retour de Lagaffe » dessiné et scénarisé par Delaf mais n’a pas souhaité les commenter. La sentence arbitrale rendue le 30 mai 2023 a définitivement tranché le litige existant indiquant que « l’édition, la publication et la commercialisation de cet album est licite » et que Dupuis a le droit de faire des suites de Gaston.
André Franquin a dit qu’il ne voulait pas que quelqu’un fasse de suite pour Gaston ?
En réalité, la situation est bien plus complexe et c’est pour cette raison que les interviews d’André Franquin ont fait l’objet d’une étude par des arbitres. Ils ont constaté que la plupart des propos sont antérieurs à la vente, mais aussi que Franquin a parlé toute sa vie de son personnage au conditionnel : Il ne « préférerait pas » que le personnage vive sans lui… mais qu’il s’est toujours exprimé au présent de l’indicatif pour évoquer son testament : Il ne l’interdira jamais.
Enfin, les bandes enregistrées des interviews le plus souvent citées ont été analysées. Il ressort de cette analyse que les versions publiées ne retranscrivent pas toujours l’intégralité des propos enregistrés. Dans l’une d’entre elles, parmi les dernières interviews données dans sa vie, André Franquin annonce même chercher un repreneur et déclare possible une reprise prochaine de Gaston par un artiste qu’il vient d’approcher. Il voudrait que cette reprise se fasse dans la tradition de la transmission de maître à apprenti des ateliers de peintres, mais que l’artiste approché aurait pour le moment refusé.
Les prises de position d’André Franquin démontrent donc que sa volonté n’a jamais été monolithique. Et certains de ses derniers propos, comme le contrat qu’il fait rédiger, indiquent que sa disposition d’esprit était finalement de faire en sorte que la vie de Gaston se poursuive au-delà de sa propre création.
Pourquoi le dessin est si proche de celui d’André Franquin ?
Lorsqu’André Franquin a vendu son personnage du Marsupilami en 1986 (6 ans avant Gaston), Batem a repris le dessin dans le style d’André Franquin, à sa demande.
De même, les séries Modeste et Pompon (vendu en 1959) et Starters (vendu en 1961) qu’André Franquin a créées, ont été dessinées et scénarisées par d’autres après lui, dans son style graphique, toujours à sa demande. Pour toutes ces reprises de personnages qu’il a créées, André Franquin a toujours souhaité que cela se fasse dans la continuité de son style graphique.
Enfin, lorsque Franquin déclare dans une interview chercher un repreneur pour Gaston, il indique qu’il voudrait que cette reprise se fasse dans la tradition de la transmission de maître à apprenti des ateliers de peintres, qui implique une parenté esthétique forte avec le repreneur.
Comment se fait-il que, si Franquin à signé un contrat de vente de Gaston en 1992, l”éditeur ait attendu 2023, soit 31 ans (!), pour passer à l’acte ?