Vendredi, parmi les nombreuses sorties de la semaine, j’ai découvert le dernier album d’Edgar Moreau, accompagné divinement par Les Forces Majeures, tout ce beau monde dirigé par l’excellent Raphaël Merlin.
Alors là, pour tout vous dire, ça a été une vraie claque.
Déjà que le violoncelle est l’instrument qui m’a toujours fait rêver (si je devais repartir à zéro, je prendrais le violoncelle plutôt que le violon), mais là, j’en suis tombé par terre.
Edgar Moreau n’a pas encore 25 ans, est né à Paris, est surnommé depuis longtemps “Le Petit Prince du violoncelle” avec son air d’éternel adolescent sympa.
Franchement, pour moi, il est carrément passé de Petit Prince à roi dans cet album.
Il faut savoir que le premier concerto joué dans ce disque a été composé et présenté au public par Jacques Offenbach lui-même en 1847 en tant que soliste.
Eh bien l’ami Jacques ne devait pas être un manche en violoncelle.
Nous avons ici droit à l’oeuvre complète qui dépasse les 40 minutes.
Le marathon du violoncelliste virtuose, comme l’explique Raphaël Morin dans le petit film que je vous montre plus bas.
Oui, mais bon, de la virtuosité pour de la virtuosité, ça va un moment.
Sauf que là… tout semble tellement limpide, tellement facile pour les musiciens et pour Edgar Moreau!
Et puis, ce grand concerto pour violoncelle dit “Concerto militaire” est d’une beauté déconcertante. On entend parfois le style d’Offenbach, mais il y a aussi l’influence de Mozart là derrière, ou souvent encore de la musique romantique, d’un Brahms pour ne pas le nommer.
C’est assez inclassable.
Avant de parler du deuxième concerto absolument incroyable, celui de Gulda, j’aimerais vous montrer un petit film de 6 minutes qui a été fait autour de l’enregistrement de cet album.
Vous avez vu?
Cette osmose entre ces jeunes musiciens?
Ça dépasse largement la musique, il y a comme un esprit de grande famille qui veut du plaisir, qui veut du beau, mais qui veut aussi s’amuser.
Tout cela s’entend tellement dans cet album magnifique, c’est assez incroyable.
J’en reviens donc au concerto pour violoncelle et orchestre à vents de Friedrich Gulda (1930–2000) absolument exceptionnel.
J’avais écrit mes doutes sur la musique contemporaine ici.
Eh bien de la musique contemporaine comme ce concerto écrit en 1980 par Gulda, j’en redemande.
On passe par tous les états d’âme.
Regardez (et écoutez) un passage de l’ouverture (on part ici dans le troisième passage de l’ouverture, depuis le “retour au calme”. Laissez tourner jusqu’au bout, et vous allez être étonné, en particulière à partir de la seconde 48.
Vous avez vu?
On est entre le jazz, la funk, le Big Band.
Tout l’orchestre est dans un groove incroyable, Moreau, on n’en parle même pas, tellement c’est dingue en matière de solo.
L’enregistrement est sur cette introduction du concerto un peu particulier: on est dans un one shot, dans une configuration classique.
Quel plaisir.
Mais Gulda nous emmène encore dans tant d’autres mondes dans ce concerto…
On passe par des moments de musique folklorique, des mélodie magnifique, on se retrouverait même par moments en pleines Alpes suisses à écouter du cor des Alpes.
Mon Dieu que c’est beau et intelligent, tout ça.
Et comme c’est joué avec finesse, alors que là aussi, la virtuosité est impressionnante, passant toujours au second plan tant l’émotion passe devant.
Ce disque, je crois que je l’ai écouté au moins dix fois depuis vendredi.
Il a tourné en boucle comme on dit dans mon bureau toute la journée de lundi, un peut fort peut-être, j’espère que mon collègue derrière le mur n’a pas trop été dérangé.
Je crois que c’est la toute première fois que je vais décerner un label Too Much Bô à un album, mais il le mérite tellement…
Pour terminer, j’aimerais vous proposer un enregistrement, toujours de l’ouverture de ce concerto de Gulda, mais joué en 2014, pas du tout avec le même orchestre est dirigé par un autre chef.
La prise de son est faite en public, la guitare électrique est trop forte, mais ce n’est pas grave, regardez Edgar Moreau jouer.
C’est à tomber par terre.
Et le plus incroyable voyez-vous, c’est qu’Edgar Moreau a remporté un prix de piano au conservatoire.
Il y a des gens, je ne sais pas… Je ne comprends pas…
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Ouf !J’adore. Rien de plus à dire.
C’est déjà pas mal!:-)
Techniquement, rien à dire, en dehors du fait que l’expression musicale qui véhicule de l’émotion, enfin…normalement, me parait bien lointaine.Edgar Moreau, fait comme la plupart des jeunes musiciens de très haut niveau: il fait un coup afin de pénétrer le temple de la soi-disant notoriété. On verra plus tard. Surtout, après qu’il aura enregistré les suites pour violoncelle seul de JS Bach.Enfin, et rien de spécifique à Edgar Moreau, mais cette maladie, c’en est une, si, si – de la maladie de Parkinson de la main gauche… infectant aussi les violonistes, c’est quoi ? Quelle en est l’utilité ? Pourquoi pas une chambre d’écho aussi ?
Le vibrato dont je parle n’est pas lié au type de musique. Le vibrato est un ornement comme un autre au même titre qu’un tremblé, un port de voix, etc…Ce que je reproche aux violonistes et violoncellistes actuels est l’ajout systématique du vibrato sur pratiquement chaque note. Il ne s’agit alors plus d’un ornement mais d’un parti pris, confinant au maniérisme.Quant à l’émotion, que je n’ai pas perçue, je dirais quant à ce type de musique, ce qu’Alfred Deller avait dit à son claveciniste un peu trop généreux dans un prélude: “you play too many notes”.
Quant à Bach, tu trouves des sonates qu’il joue sur youtube.Par exemple ici:
Je sais bien qu’en musique baroque, il y a moins ou pas de vibrato, mais dans les autres styles, il doit être là.Et si tu écoutes les concertos en entier, tu verras que l’émotion est bien là, et elle est magnifique.
Monstrueusement erroné ! Vibrato à foisons, legato jusqu’à la nausée. Pouah !!
Je partage cet avis. Mis à part l’aspect technique éblouissant, le parti pris du vibrato sur la plupart des notes finit par “agacer”. Le violoncelle deviendrait presque violon ! Ce n’est pas la sonorité que je préfère du violoncelle.