Il fut un temps, sur Cuk.ch, où nous avions un spécialiste BD, Fabien Conus, qui nous faisait régulièrement découvrir des pépites qui nous ravissaient l’esprit dès que nous commencions à les lire avec une délectation certaine. C’est lui qui m’a mis le pied à l’étrier pour le Retour à la Terre de Manu Larcenet et plus généralement à cet auteur dont j’ai assez longuement parlé ici.
Ce n’est pas de Manu Larcenet dont je veux vous parler ce jour, ni même de la série Blake et Mortimer que j’ai relue dans son entier pour la Xe fois avec un plaisir non dissimulé sur izneo, même si j’ai la série complète sur papier.
Lire sur iPad Pro de la BD, c’est tellement génial que j’ai définitivement laissé de côté les albums papier, sauf quand on me les offre.
À propos de Blake et Mortimer tout de même, j’ai commencé par “l’après” Jacobs pour cette relecture, cette “nouvelle” série tenue par plusieurs scénaristes et dessinateurs, tous aussi brillants les uns que les autres. J’ai remarqué tout de même une différence de traits entre les différents illustrateurs, chacun amenant une personnalité un peu différente en particulier à Mortimer.
Mais ce qui est amusant ensuite, quand je suis passé à la première partie de la série, celle donc écrite par Jacobs, c’est de remarquer à quel point le trait du dessin a également évolué dans l’œuvre de Jacobs lui-même, et ce jusqu’au premier tome des trois formules du professeur Sato, dernier volume signé par l’auteur puisqu’il n’a jamais pu finir, malgré de nombreuses années de travail, cette aventure avant sa mort.
Autre chose à propos de cette série: à ma dernière relecture sur papier, il y a deux ou trois ans, j’ai souvent souffert des textes tellement serrés dans les cases que parfois, ils sortent de leur cadre ou de leur phylactère. C’est d’ailleurs assez moche et gâche le plaisir.
Cette année, j’ai donc tout relu sur iPad Pro 12’9 via izneo (testé ici auquel je suis abonné), comme je l’ai écrit plus haut, et je n’ai constaté aucun problème, s’il le faut vraiment, on zoome un peu, et puis elle est belle. Et je vais plus loin: l’édition numérisée n’a pas les défauts constatés sur la version papier.
Bref…
Tout ça pour vous dire que j’ai terminé il y a peu la Saga de Grimr, une BD magnifique qui a remporté le Fauve d’Or du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême début 2018 récompensant un album paru l’année précédente, en 2017 pour l’album dont je parle ici donc, mais j’imagine que vous aviez fait le calcul tout seul.
L’histoire se passe à la fin du XVIIe siècle en Islande, secouée par des éruptions volcaniques et occupée par les Danois depuis des siècles.
220 pages de force, de poésie, de paysages grandioses, de traditions qui pèsent sur les habitants de ce pays.
Scénariste, illustrateur et coloriste de cet ouvrage, son auteur, Jérémie Moreau, nous plonge dans cette ambiance avec son dessin assez particulier un peu naïf parfois, chaque case étant comme une peinture à l’aquarelle mêlée pour le dessin du trait à de l’ordinateur, le tout rendant magnifiquement la puissance des paysages.
Il vous explique tout ici sur sa manière de procéder:
Grimr perd ses parents dès le début de l’histoire dans une éruption volcanique ce qui fait démarrer cette saga sur les chapeaux de roue par une scène terrible. C’est un petit garçon très fort qui devient peu à peu un homme sous l’enseignement d’une sorte d’ermite un peu brigand, lui inculquant de belles valeurs, dont une importante pour ce monde islandais de l’époque, la réputation qu’on laisse quand on disparaît.
On croise la dureté des éléments naturels, celle des chefs danois qui font régner une justice tout à leur avantage d’oppresseur, l’amour-passion et une fin tout à fait étonnante dans le cadre d’une autre éruption volcanique qui a détruit une grande partie de l’île à l’époque, la boucle étant pratiquement bouclée.
Une superbe histoire que je ne peux que vous conseiller si vous avez envie de vous dépayser tant dans le temps que dans l’espace.
Saga de Grimr
Date de parution: 13/09/2017 / ISBN: 978-2-7560-8064-2
Scénariste: MOREAU Jérémie
Illustrateur: MOREAU Jérémie
Coloriste: MOREAU Jérémie
Série: SAGA DE GRIMR (LA)
Collection: MIRAGES
Editions: Delcourt
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Magnifique en effet !Lue l’année passée, lorsqu’elle a obtenu le Fauve d’Or à Angoulême :-DJ’ai adoré :-DDans les BD monumentales, qui m’ont bien secoué, il y a également ceci:https://www.editions-delcourt.fr/special/comeprima/
Salut,Je ne vais pas commenter la Saga de Grimr, tout simplement parce que je ne l’ai pas (encore) lue !Mais je vais réagir à propos de Blake et Mortimer et particulièrement de la première époque, celle scénarisée et dessinée par Edgar P. Jacobs.Enfant, j’ai lu ces épisodes page après page, d’abord tous les jeudis, ensuite les mercredis, en quatrième de couverture de l’hebdomadaire Tintin. Toutes les semaines, ce journal arrivait en même temps que Spirou et plus tard, Pilote ! Ceci ne manquait pas d’enclencher à chaque fois une dispute avec mon frère, l’un et l’autre voulant arracher des mains de l’autre l’hebdo qui s’y trouvait, peu important lequel ! Ah ! les sales gamins !Ces lectures ont commencer avec L’Énigme de l’Atlantide, car j’étais trop jeune lors de la parution des épisodes précédents. Les albums arriveront ensuite à la maison lorsque je pourrai me les acheter avec mon argent de poche (ma grand-mère me donna en effet un “dimanche” à partir de 10 ans).Il y avait longtemps que je n’avais pas ouvert un album de Jacobs. Un séjour récent au Caire m’a donné l’envie de jeter à nouveau un coup d’œil au “Mystère de la Grande pyramide”. Je dois avouer ma grande déception à la relecture des deux épisodes de ce récit. Certes, les dessins sont magnifiques, très léchés, les décors sont très bien rendus : pour les avoir visités, le Musée Égyptien et le Mena House sont hyperréalistes ; graphiquement, c’est superbe ! Mais cette histoire est à dormir debout, mal ficelée, car le scénario n’est pas à la hauteur du dessin ; comment croire en un Olrik grimé en Professeur Grossgrabenstein (!?!) et encore moins en un Blake (sois-disant mort à Athènes) se faisant passer pour Abbas, un ouvrier de fouilles local. D’autre part, j’ai été très surpris de découvrir une redondance presque permanente entre le texte situé en dessus de case et le dessin qu’elle contient, deux exemples :5c90bacf7439aa82e65c58c8.JPG5c90baec9636d05404b0a5dc.JPGC’est assez ennuyeux quand même, le récit s’alourdit fortement à cause de cette manie.Pour avoir une idée de qui était Edgar P. Jacobs, visionnez ceci.Pour info, une chouette vidéo à propos du “Piège Diabolique“.Une info concernant les planches originales de Jacobs dont une grosse partie à mystérieusement disparu…Enfin, je me dois de vous dire (si vous n’êtes pas déjà au courant) qu’un prochain épisode de la saga est en vue. En effet, le 29 mai 2019, paraîtra un nouvel album de la série : “Le Dernier Pharaon“. Il sera dessiné, tenez-vous bien, par François Schuiten, sur un scénario écrit par une équipe constituée de Schuiten, Jaco Van Dormael et Thomas Gunzig et mis en couleur par le très talentueux Laurent Durieux.5c90bbcbb5739c830936ba8a.jpgInutile de dire qu’il faudra se précipiter ! On en parle ici, mais aussi là.Voilà, ma contribution du jour. J’espère qu’elle vous aura intéressésJe crois qu’il n’y a qu’à Bruxelles que ce terme remplace “argent de poche”.
J’avais déjà entendu parler de cette BD. Faut que je regarde ça de plus près.Etant allé deux fois en Islande, j’ai lu avec beaucoup d’intérêt le livre Jon l’Islandais, de Bruno d’Halluin.Dès le XVe siècle, des États et des hommes intrépides se lancent à la découverte du monde. Des vaisseaux triomphants, battant pavillons espagnols et portugais, sillonnent les mers et se disputent la découverte de nouveaux continents. Une époque vertigineuse où un océan peut encore être découvert au détour d’une forêt vierge.À la même époque, par une tragique ironie de l’Histoire, un peuple disparaît. Les Vikings du Groenland. Un peuple qui a pourtant brillé, cinq siècles plus tôt, par ses expéditions fabuleuses dans les confins glacés.Jón, le personnage principal du roman peut mesurer, mieux que quiconque, le poids de cette injustice de l’Histoire, car il en est le meilleur témoin. Enlevé à l’âge de sept ans par les Anglais, il quitte contre son gré son pays natal et traverse pour la première fois l’océan. Commis à Bristol pour le compte d’un riche armateur, il nourrit en secret le rêve de retrouver sa mère et l’Islande, son pays natal. Il deviendra un marin exceptionnellement doué pour le maniement de la voile et des instruments de navigation.Jón l’Islandais est le périple émouvant d’une vie, celle du dernier héritier des Vikings du Groenland, qui file à vive allure dans le sillage de ses ancêtres et aux côtés des plus grands de son temps, parmi lesquels Christophe Colomb et Vasco de Gama.5c90cc8a9303ac853bad1884.jpgSinon, en matière de BD, nous rentrons tout juste de Bâle, où se tient une magnifique exposition consacrée à TARDI. On peut y voir énormément de planches originales. Encore quelques jours:5c90cd9e1ce8f65519385c3e.jpgEt puis, je viens de terminer Babylon Berlin, une BD magnifique, tirée d’une série allemande.5c90cdda4c56367c97df4700.jpg
J’ai lu les cités obscures, bien sûr.Magnifique !
Je suppose que tu connais François Schuiten, mais dans cas improbablement contraire, tape ce nom dans Google Search Images et tu trouveras environ 916 000 résultats…Sa grande œuvre est désormais livrable dans cette belle boîte : Les Cités Obscures.Pour ce qui est de l’invraisemblance des albums de Jacobs, je suis évidemment d’accord avec toi pour dire qu’elle fait partie de l’œuvre. Dans les histoires de science-fiction, c’est parfait. Mais concernant l’antiquité égyptienne, ça le fait un peu moins. Cela n’enlève évidemment rien aux qualités graphiques indéniables des dessins.
Ah! Il est sur izneo! Yes!
J’aime beaucoup le dessin de Babylon Berlin.Bon… ben de un, il n’est pas sur iZneo et de 2, je me demande si je ne vais pas essayer de voir la série qui est pleine de bonnes critiques.
C’est vrai qu’il y a comme une redondance.Pour le côté à dormir debout, je dois dire que toute la série est assez forte dans ce domaine!:-)Mais c’est aussi ce qui fait son charme.Pour les nouveaux albums, il y en a un qui est sorti il y a quelques semaines, mais j’attends la deuxième partie pour le lire.Celui que tu cites est bien évidemment tentant et l’illustration que tu montres est magnifique.
Merci pour cette proposition, je vais regarder.
J’ai omi de mentionner que “Come Prima”, a également remporté le Fauve d’Or à Angoulême (en 2013 si ma mémoire est correcte).Bonne lecture 😉
Non non, il n’y a pas qu’à Bruxelles. J’ai passé mon enfance au Havre, où je recevais toutes les semaines mon “dimanche”. Bon, Le Havre, c’est un peu au nord de la France…
Je t’accorde que Bruxelles est aussi un peu au nord de la France… Nous partageons donc nos “dimanches”. Le Havre est une ville que j’aime beaucoup (j’aime les ports, en général) et où j’ai failli m’installer car j’avais été recruté comme régisseur général au “Pot de Yahourt”, Maison de la Culture appelée aujourd’hui “Le Volcan”. Ce bâtiment est dû à Oscar Niemeyer.5c93510c40c820a8b26bbaba.jpg Mais, j’ai finalement refusé le poste, l’administrateur de l’époque ayant une assez mauvaise réputation… C’était au début des années ’80, on pouvait se permettre de genre d’attitude car on trouvait encore assez facilement du travail, époque hélas, révolue.