Je me réveille ce matin, jour du Jeûne Fédéral, férié dans le canton de Vaud ainsi que dans une partie de la Suisse, et je lis ce commentaire très intéressant et circonstancié de Mirou en rapport avec mon article de vendredi sur la paysannerie “traditionnelle” que, très justement, un autre lecteur, Soheil, me demande d’appeler désormais “conventionnelle”, ce que je fais de ce pas, vous voyez un peu à quel point je peux faire preuve de souplesse.
La problématique que Mirou soulève est importante, raison pour laquelle je passe ledit commentaire, ainsi que ma réponse, en article complet.
Je viens de lire dans le Courrier une interview d’une des rédactrices du GIEC. Elle dit notamment qu’elle ne peut plus dormir sans somnifère à cause de l’angoisse. Et là, on ne parle que de climat… pas de la pollution des sols. Et donc la colère est totalement légitime. Nécessaire, même. Et bien plus légitime que l’apathie dans laquelle on se vautre. (Dans laquelle je suis moi-même vautré, écrivant ces lignes, sur un iPad presque neuf, en training de coton-certes-bio-mais-acheté-à-NYC-en-avion…)
Ce qui me questionne dans ton article – ce qui m’a questionné tout le week-end – ce n’est ni la colère elle-même (légitime, nécessaire), ni la source de cette rage (compréhensible, fondée sur les faits), mais sa destination.
Je n’ai pas vu le Temps Présent en question. Mais je me demande si adresser cette colère aux seuls paysans et paysannes, qui pour la plupart ne lèvent pas le nez de leurs vaches, de leurs charrues, et bien souvent de leur maigre comptabilité, ne prenant jamais un jour de congé, dont beaucoup trop finissent par abandonner, non pas leur métier, mais carrément leur vie tellement iels sont à bout, est bien raisonné.
Iels ont clairement une responsabilité, comme nous toutes et tous d’ailleurs.C’est toute une chaîne de destinataires de notre colère qui doit être définie. La paysannerie, oui. Mais aussi les consommateurs et consommatrices. Et surtout, les personnes qui fabriquent et promeuvent les pesticides, et un système agricoles totalement débile et dévastateur.
C’est difficile de changer, mais c’est impossible si tout est fait pour nous en empêcher.
Mirou, un lecteur-commentateur fidèle que j’adore.
Mirou, sur le fond, tu as parfaitement raison.
Le système agricole est pourri, du haut en bas de l’échelle.
Madame K était l’autre jour au magasin.
Elle voit un couple se promener dans les rayons la femme prend une salade.
Son mari pousse un cri: NON, C’EST DU BIO!
Il y a du chemin à faire en effet.
Mirou, je suis le premier à voir et à comprendre les difficultés de l’agriculture, j’ai été Syndic avec des amis paysans dans ma Municipalité.
Oui c’est dur.
Au pire, ce que j’aurais attendu d’eux, c’est dire “je suis désolé, je sais que nous faisons de la merde avec la terre, mais je n’arrive pas à faire autrement, je suis démuni, la transition est tellement difficile…”.
Là, c’est tout le contraire: ils ont fait passer ceux qui dénoncent leur empoisonnement général de la terre, de l’eau et de l’air, et même de leur propre santé (regarde le Temps Présent, ce sont les premiers touchés) pour des menteurs, des destructeurs du pays.
Ils ont fait le travail des usines chimiques qui n’ont finalement pratiquement rien eu à faire (mis à part financer la campagne du non de ce début d’année, j’en reste persuadé), les petits soldats-paysans se chargeant de faire le nécessaire à leur place pour qu’elles puissent continuer à vendre et produire leurs poisons.
Il faut voir certains paysans vaudois avec leur arrogance: c’est Ma terre, c’est nous savons, les autres, ce sont des cons d’écolos arf arf arf.
C’est VOTRE terre?
Aucunement, vous n’avez pas le monopole de la terre, c’est la NÔTRE.
Soit les paysans conventionnels sont cyniques, soit ils sont complètement stupides.
Je penche pour la première hypothèse, les écoles de paysannerie étant depuis des années très poussées quelqu’un de stupide ne les réussit pas, n’arrive pas au bout de ses études.
Le paysan sait ce qu’il fait, donc il nous ment, comme les cigarettiers nous mentaient à l’époque.
Le pire, c’est que les initiatives voulaient les aider à faire une transition en 8 ans (pour la première) et 10 ans pour la seconde.
C’était justement l’occasion pour les premiers dont je parle dans ce commentaire, ceux qui sont démunis, de faire un passage en douceur. Ils ont pourtant, pour la plupart, voté non également et planté leurs immondes banderoles dans tous les champs.
Le pire du pire, c’est que les sondages et les études après-votation montrent que c’est l’immense implication des paysans suisses dans ces initiatives de juin qui a fait capoter la loi sur le CO2 proposée au peuple le même jour qui pouvait nous faire progresser.
Re arf arf arf, tant qu’on y est, on va leur montrer à ces cons d’écolos, que même cette loi (pourtant soutenue par tous les partis, sauf l’UDC bien évidemment!), on va la faire capoter.
Alors tu vois Mirou, oui, je suis en colère, et non, je n’ai plus aucune pitié pour eux, je parle bien sûr des paysans qui pratiquent l’agriculture conventionnelle.
Les autres sont, finalement, des héros.
Parce que je ne vous raconte pas les pressions qu’ils ont subies des autres paysans conventionnels, pendant toutes ces années où eux, les bios donc, tout seuls, criaient dans le désert.
Alors oui Mirou, c’est tout le système qu’il faut changer.
Mais ce sont les paysans conventionnels, ces derniers mois, qui sont les artisans du fait que ce ne sera pas pour tout de suite.
Image de couverture par Mylene2401 de Pixabay
Merci pour la mise en lumière de mon petit commentaire ! J’ai pris du temps pour répondre, je faisais ma pâte pour le gâteau au pruneau réglementaire de ce lundi de jeûne…
En fait: je suis absolument d’accord avec toi, donc je n’ai pas grand chose à rajouter.
Ma “gêne” est que je n’aime pas quand on s’en prend aux plus faibles d’une chaine. Par exemple, quand on s’attaque au prix de l’essence en France, on met la pression écologique sur les précaires en province ou en banlieues, des zones sans transport public efficace (or ce n’est pas elleux qui polluent le plus, mais les bobos-riches du centre-ville qui n’ont pas de voiture, mais habitent des magnifiques appartements dans des bâtissent magnifiques mais inchauffables et pas isolées… et qui prennent l’avion le week-end (c’est un cliché, mais c’est pour l’exemple). Le cas de la paysannerie, c’est que c’est un corps de métiers hautement responsable sur la question des pesticides, mais aussi hautement précarisé par le système qui les emploie (et que j’alimente chaque fois que je perd patience et que je me décide pour une salade pas bio parce que c’est ça ou rien manger dans certains cas).
Donc je n’aime pas quand on tape sur les paysan·ne·s. Je préfère quand on critique la paysannerie. (
Je te rejoins donc dans le propos, moins dans la cible, bien qu’effectivement, à force de dénoncer des groupes flous, on noie le poisson (et le poisson, c’est encore un autre grand sujet).
Et pour reprendre ta métaphore filée des petits soldats… Dans l’armée traditionnelle… ou euh, conventionnelle… souvent les troufions en première ligne ne sont pas vraiment là par choix. Alors oui, ils peuvent se mutiner, mais en, fait c’est rarement vraiment possible si simplement…
Clairement, en Suisse, à la fin, “wir schaffen das!” , comme dirait Mutti.
Mais je remets ci-dessous mon dernier commentaire à ton article précédent et j’aimerais avoir ton avis sur ce qui va se passer au niveau mondial, une fois sortis de notre petit cocon richo-bobo-écolo. En gros, ma conclusion, c’est “nourrir beaucoup de monde avec de la merde chimique, ou nourrir peu de monde avec du bio.” Par exemple, ce serait intéressant de savoir s’il y a beaucoup de bio dans le PAM (Programme Alimentaire Mondial). J’aimerais avoir ton avis sur le dernier paragraphe de mon commentaire.
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Oui, j’ai vu le Temps Présent. Ce que je pense, c’est que ces gens sont victimes du syndrome de Stockholm. Nous aussi en bonne partie, d’ailleurs.
Ce que je veux dire, c’est qu’on a construit un modèle de civilisation au détriment de la Terre (pour simplifier) et qu’on ne pourra pas faire perdurer ce modèle en protégeant la Terre. Il n’est possible de nourrir des mégapoles qu’avec des méthodes “dures”. On ne peut pas leur demander d’aller à vélo chercher leurs légumes bio de proximité. Pour nourrir autant de gens en bio, il faut encore plus de surfaces cultivées, sans compter qu’il y a une déperdition encore plus grande sans produits phytosanitaires pour le transport.
“Le site « city population » place en 2017 l’agglomération de Guangzhou au premier rang avec 48,6 millions d’habitants, suivie de Tokyo (2e, 39.8 millions d’habitants), Shanghai (3e, 31.1 millions), Jakarta (4e, 28.9 millions), Delhi (5e, 27.2 millions), Karachi (6e, 25.1 millions), Seoul (7e, 24.8 millions), Manille (8e, 24.1 millions), Mumbai (9e, 23.6 milions), Mexico (10e, 22.3 millions), New York (11e, 22.2 millions), São Paulo (12e, 21.9 millions), Beijing (13e, 20.7 millions).”
Que ce soit clair: je suis évidemment pour le bio. Mais il va falloir reconnaître que notre modèle global est faux et qu’on ne va pas pouvoir l’adapter. Il faut juste admettre que ça va se concrétiser par des famines, comme au bon vieux temps, et que les choses vont mal se passer dans la phase de rééquilibrage. Je commence à comprendre pourquoi les pays ont à cœur de s’équiper militairement, en ce moment…
Je suis d’accord avec toi.
La « solution » pour moi elle est justement d’arrêter de dire que ça suffira pas.
C’est faux.
Tout d’abord, on jette près de la moitié de ce qui est mangeable (ou 40%? je sais plus, mais disons: beaucoup trop).
Ensuite il faut 3 calories végétales pour produire 1 calorie de poulet; 7 pour une de cochon et 9 pour une calorie bovine. Donc en arrêtant de manger de la viande (déjà, en arrêtant de manger « autant » de viande »), on s’approche du but. (On obtient toutes les protéines nécessaire en mangeant des légumineuses en plus des céréales, tout le fer qu’il faut dans les légumes. Manque que la vitamine b12, qu’on trouve dans des algues, et si on aime pas ça, à la pharmacie, qui pour une fois est bienvenue dans le régime).
Donc en tous cas: arrêter de gaspiller (de la production à la consommation, c’est toute la chaine qui gaspille, nous compris), et réorienter l’alimentation, la végétaliser.
L’autre axe d’action serait la réduction de l’augmentation de la population. C’est discutable au niveau des effets, et des moyens, et éthiquement, empécher les gens d’avoir des enfants, c’est pas joli joli. Mais on peut, je cite Aurélien Barrau ici et d’autres, de tête, avoir de bons résultats avec deux moyens super chouette: l’éducation, notamment des filles (pas parce qu’elles sont plus bêtes, mais que souvent elles n’ont pas accès à l’éducation dans certain pays), et la protection sociale: assurance maladie, assurance chômage, assurance retraite…
Questions forts légitimes et pertinentes.
Pour apporter un brin de réponse, l’Organisation pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) a donné sa réponse à la question :
” Les agriculteurs biologiques peuvent-ils produire assez pour nourrir tout le monde?”
visible ici
http://www.fao.org/organicag/oa-faq/oa-faq7/fr/
La conclusion pouvant être résumée à
“Les documents et les expériences concrètes montrent que l’agriculture biologique a le potentiel de nourrir la planète si certaines conditions sont réunies.”
Le potentiel est à priori là. Reste à mettre en place une organisation, et des habitudes alimentaires comme le mentionne Mirou, qui permettraient de nourrir tout le monde avec les produit de ce type d’agriculture. Plus facile à dire qu’à faire…
D’un autre côté, je ne suis pas certain que l’avenir soit aux mégapoles et que dans le monde qui s’annonce, nous auront besoin d’avoir plus de monde dans les champs. Cela aura un coût, mais d’un autre côté, il y a 50 ans, 35% des dépenses (des français) allaient à l’alimentation, contre 20% de nos jours. Ce serait donc à priori en pratique faisable et supportable.. (sauf que les bénéficiaires du resto du cœur et autres associations sont déjà de plus en plus nombreux ?)
Plusieurs petits points :
1) dire que l’agriculture est “conventionnelle” ou “traditionnelle” pour l’agriculture “chimique” est faux pour la simple raison que le “chimique” n’est arrivé en masse qu’au 20ème siècle, suite à la demande pour de la nourriture lors de la 2ème guerre mondiale. Avant ça, ce n’était que de l’agriculture bio depuis le début de l’agriculture…
On devrait tout simplement dire “agriculture chimique”
2) on sait avoir des rendements fabuleux en agriculture bio, soit en alternant les cultures sur les parcelles, soit en faisant du semi Direct sous couvert permanent (il y a peut-être d’autres méthodes aussi) –> http://www.youtube.com/watch?v=3N928ywAOVQ
3) nous mangeons bcp trop de viande, signe de richesse. Lu dans un bouquin de nutrition pour sportif (et qui m’avait sacrément marqué à l’époque) qu’il ne servait à rien de manger plus de 250g de viande rouge par semaine parce que le corps humain ne sait pas en bénéficier, les excédants de nutrients seront rejetés tout simplement. Vu le prix de la viande rouge … Bonne raison pour en manger moins !
4) faut savoir aussi que l’on ne consomme que 1/9 de ce qui est produit mondialement, le reste est perdu au fil de la chaîne d’approvisionnement de la source jusqu’au consommateur, j’avais vu ça dans une conférence TED
Donc, si on diminuait considérablement les pertes on aurait de quoi nourrir convenablement 2x la population mondiale – on est pas près d’y arriver …
5) les produits laitiers sont inutiles pour l’humain, en autant que vous ayez une alimentation variée qui vous apportera le calcium nécessaire… Aucun mammifère adulte, autre que l’humain, ne consomme de produits laitiers d’un autre mammifère…
Ça éliminerait une grosse partie du méthane émis par le cheptel bovin, GES qui impacte immédiatement le climat.
Reste les grosses questions –> 1) Comment convertir tous ces éleveurs ? Et pire 2) Comment convaincre la population mondiale d’arrêter ?
Mon médecin parisien m’avais dit, suite à cette discussion, que “Dieu est auvergnat !”, pourquoi? “À cause du Saint-Nectaire fermier !” CQFD (on est pas sorti de l’auberge)
Tu as tout dit!
Respect!
Caplan, j’aimerais que tu arrêtes avec “une fois sortis de notre petit cocon richo-bobo-écolo”.
J’en ai marre qu’on nous empêche de parler sous prétexte que quand on le fait, qu’on s’exprime dans un certain nombre de domaines, on est des bobos.
Je vais d’ailleurs te répondre très bientôt par un article complet sur le sujet.
Tu veux que je te dise le titre? Fier d’être bobo.
Pour le reste, WhyNot t’a répondu.
Eh bien là, ils ne se sont pas mutinés, loin de là: ils ont au contraire joué le jeu des grands, et je suis persuadé qu’ils l’ont fait tout à fait consciemment.
C’est à eux qu’on doit le refus des trois initiatives de juin.
Dire qu’ils osent dire qu’ils aiment la nature…
Je crois qu’on est vraiment des bobos fortunés. Au niveau mondial en tous cas. Ça ne nous empêche pas de parler (comme tu le fais d’ailleurs justement). On voit que des qu’on sort de nos milieux la perception de la problématique est fort différente.
C’est exactement ça. Tu as tout à fait raison.
C’est tellement simple de nous faire croire que nous ne nous en sortirons pas avec le bio!
Et les initiatives visaient justement à aider les paysans à faire la transition, ensuite, le bio aurait été la norme en Suisse.
Un voyage de moins dans l’année, un iPhone de moins, et le problème du prix est réglé.
Comme je l’expliquais dans cet article, quand on fait par exemple soi-même son pain, on le respecte, on ne jette plus.
Quand on comprendra la valeur d’un légume cultivé avec respect, le kilo de tomates qui ne coûtera plus 2.40 parce qu’on a exploité des ouvriers africains en Italie, on gaspillera moins.
Alors oui, c’est difficile.
Ça va être long, alors, on commence quand?
Moi pas.
Je m’excuse, ils ne seront pas plus précaires après être passés au bio, bien au contraire.
Ils ne dépendront plus des usines à poison, ils retrouveront le plaisir de travailler, sans être malades, et en sachant qu’ils ne foutent pas en l’air la planète de manière directe et tellement rapide.
Les précaires ne mentent pas à la population, de manière systématique, comme les paysans le font actuellement.
Heureusement qu’on peut encore manger des plats qui nous font plaisir et pas seulement ce qui est « utile ».
Pourquoi ne pas interdire le café vu que nous sommes les seuls mammifères à en consommer?
Tu as bien dit “encore”, profites-en pendant que ça dure …
Concernant le café, je ne suis pas contre l’interdiction puisque j’ai pratiquement arrêter d’en consommer.
Mais dans ce cas il ne faut consommer que de l’eau, quelques légumes et légumineuses.
Ah c’est dommage que tu sois pas d’accord avec moi parce que j’étais d’accord avec toi. ?C’est que j’ai mal articulé mon propos. Je voulais juste exprimer une gêne (pas un désaccord) face à la cible d’une colère.Peut-être (probablement? Je ne sais pas en fait) que le passage au bio ne réduirait pas à terme les revenus de ces personnes. Je sais vraiment pas. Mais je comprends que quand tu as le nez sur le guidon (et qu’on te tient la nuque en bas et qu’on t’ajoute des œillères) tu ne puisses même pas voir, tu ne puisses même pas oser croire, qu’il y a d’autres routes à explorer.Comprendre n’est pas accepter. Je comprends qu’iels agissent/pensent de la sorte. Je ne suis pas d’accord avec ça nécessairement.
Je comprends.?
Je n’y connais rien, je lis des choses par-ci par là. Mais une chose est sûre et certaine est qu’une fois de plus l’argent est le moteur de tout ça. Et tant que l’argent fera tourner le monde..
Les grands groupes qui produisent des pesticides et engrais qui bousillent tout ont un tel pouvoir…et surtout dans les pays émergeants. Et que dire du lobbyisme qui tourne autour de toute cette problématique…
Petite ” anecdote” au passage, concernant le gaspillage alimentaire: le Chuv jette en moyenne 1 tonne de nourriture par jour…entre autres, le trop- plein des quantités gargantuesques qu’ils servent à leurs hôtes..
Bonjour
un truc qui je crois n’est pas été dit, les légumes ou fruit qui sont pas calibrés ou moches, qu’ils soient bio ou pas ne se vendent pas à cause de leurs aspect et la franchement nous sommes tous complice pour gaspiller, j’ai vu les déchets journalier chez un maraîcher, lui même dégoutez de devoir jeter sa production à la poubelle.
Tout ça car leurs défauts ne fait pas envies.
Bio bobo écolo ou consommateurs lambda, les mentalités ne sont pas prêtes de changer dans une société ou le paraître et le m’as-tu-vu, passe avant le reste.
Les fruits et légumes, pas droits, sont normalement utilisés pour faire des purées, des jus, et autres produits issus de ces produits non conformes aux canons imposés par la distribution.
pas pour tous j’ai vu des containers remplis de légumes de toutes sortes hélas.
Les pommes ou poires par contres sont je l’espère ramasser plus tard pour faire ces jus ou purées. Autour de chez moi il y a beaucoup de verger et à la saison du ramassage on ne touche pas aux pommes qui sont tombées au sol
Bonjour Corinne,
Incroyable, une tonne de nourriture par jour, c’est inimaginable!
Je me rappelle de l’hôpital de Bâle Campagne (pour ceux qui ne savent pas, le CHUV est l’hôpital universitaire vaudois, un énorme paquebot) qui avait constaté les mêmes problèmes, c’était il y a déjà 40 ans, je connais bien l’expérience, c’était un oncle de mon ex-femme qui était directeur dudit hôpital, on en parlait souvent.
Ils avaient revu fondamentalement leur manière de gérer les repas, en partant sur une carte variée et ciblée sur les besoins quantitatifs et bien sûr diététiques de chacun.
C’était un peu comme dans un bon restaurant alors que nous étions dans un hôpital public.
Le système pouvait paraître luxueux, mais les économies avaient été énormes.
Peut-être que le CHUV pratique déjà ainsi, mais visiblement, si c’est le cas, la méthode n’est pas tellement efficace.
Oui, vous avez raison, ça aussi, ça doit changer.
Comme quoi on arrête de gaspiller un maximum, et le bio suffira à nourrir nos pays.
Bonjour,
Votre acte militant dans les derniers articles est certes louable, mais risque simplement d’opposer de manière caricaturale le bon bio au méchant reste du monde.
Je ne pense pas que le bio peut, à lui seul, régler rapidement tous les problèmes de l’agriculture moderne.
C’est un chainon, peut-être important, qui est encore en phase de réglage.
La gestion des produits phytosanitaires n’est pas du tout au point. On s’interroge encore sur la nocivité de la fameuse “bouille bordelaise”, on ne sait pas répondre à l’accroissement de la demande des produits induite par le developement de l’agriculture biologique.
Pour exemple, les pyréthrines naturelles, utilisées en AB et pourtant tueuses d’auxiliaires, sont extraites de la culture intensive de chrysanthèmes arrosées de pesticides de synthèse…
Et certaines pratiques sont plus que douteuses. La méthanisation, autorisée en AB génère du digestat dont l’utilisation est controversée.
Sans compter les pratiques héritées de l’agriculture conventionnelle comme le travail du sol à outrance, ou la gestion de l’eau.
Certaines expérimentations (rares) amènent un rapprochement AB et semis direct, mais ce compromis génère pas mal de questions.
=>
Aucun mammifère adulte, autre que l’humain, ne consomme de produits laitiers d’un autre mammifère…Et alors? C’est plutôt bien si les humains ont des capacités qui ne se retrouvent pas chez les autres mammifères. Ce n’est pas parce que autres mammifères ne le font pas que ce n’est pas bien.L’élevage d’animaux pour en tirer un bénéfice n’est pas une invention spécifiquement humaine. Les fourmis font pareil avec les pucerons pour leur miellat. Et il y a plein d’autres exemples d’animaux “profiteurs”. Dans le cas idéal, c’est un partenariat gagnant-gagnant.Tout ça pour dire que si je comprends bien le problème de la production de GES, celui de dire que les autres animaux ne le font pas me laisse pantois.
Pour poursuivre la discussion, et souligner encore que changer l’agriculture et la façon dont nous nous nourrissons est un sujet complexe, un billet de Sylvestre Huet apporte un éclairage en rapportant des travaux de l’INRAE, qui essaient de répondre aux questions :
“Le développement de l’agriculture biologique pourrait–il être limité par la disponibilité en ressources azotées compatibles avec le cahier des charges de l’agriculture biologique ?
Cette disponibilité limitée est-elle susceptible d’avoir des impacts sur le rendement des cultures et la sécurité alimentaire mondiale ?”
Leur conclusion est qu’avec de nombreux ajustements (diminution des apports caloriques du régime occidental, diminution du gaspillage, relocalisation des élevages, etc…) l’agriculture biologique permettrait de nourrir 60% de la population. Des méthodes pour augmenter les intrants d’azote compatibles AB pourraient permettre d’augmenter de pourcentage.
(Voir aussi le communiqué de l’INRAE à ce sujet)
(Je n’ai pas encore vu les vidéos indiquées dans les commentaires, précédents, il faut du temps pour toutes les voir ! ? J’en conclus cependant que c’est un sujet compliqué… mais crucial)
Par rapport au gaspillage alimentaire, la RTS (toujours elle) a une partie de la réponse dans le ABE de mardi:
La courte vie des poules pondeuses, A bon entendeur – https://www.rts.ch/play/tv/redirect/detail/12509982
70% des poules pondeuses suisses sont éliminées au bout de 12 mois, parce qu’elle ne « pondent plus assez » et que leurs oeufs sont « pas assez solide ».
La moitié de ces 70% est incinérée (et « valorisée » en biogaz…).
Les raisons sont diverses… Mais ça montre un exemple de développoement possible (et ce serait encore plus simple sans manger de produits animaux tout court).
Bon. J’ai regardé le Temps Présent avant-hier.. C’est effectivement édifiant. Et j’ai fondu en larme avec le paysan de la fin, d’autant que le reportage enchaine avec la « pub » pour le prochain du reportage, sur la situation en Afghanistan.
Drôle de monde.
Et j’ai bien pensé à Cuk quand je suis passé, dans mon village natal, à côté de champs « tout secs », et un autre encore vert, mais en train d’être bien sprayé… ?
Eh oui, merci d’avoir regardé en tout cas.
On y croit quand même ou bien?
Croire quoi?
Dis François, traiter des paysans de stupides et être sans pitié pour eux, c’est pas gentil gentil. On n’insulte pas la main qui nourrit encore une bonne partie de la population. Alors qu’ils sont parfaitement conscients et que c’est compliqué pour eux.
Tu as été pendant des années à la pointe de la technologie avec Apple, avec un taux de renouvellement que l’on pourrait aujourd’hui désormais qualifier… d’effréné :-p. Et déjà à l’époque des personnes s’élevaient contre ce mode de vie/consommation, sans plus d’écoute ou respect. Autrement dit la question porte sur notre prise de conscience. Seulement le jugement la contrainte et la confrontation n’aboutissent qu’au conflit, la libre réflexion sur la condition humaine, comme sortir de ses habitudes son environnement ses certitudes son histoire/expérience sa zone de confort, ça prend du temps, même si ce temps nous l’avons de moins en moins.
Le coup de pouce c’est je pense l’incitation. On le voit par exemple avec le télétravail et la numérisation “aidés” par la situation sanitaire. Et là il faut clairement se tourner vers le Politique. Politique qui lui aussi a sa problématique de prise de conscience et son carcan actuel (idéologie, mode de vie/consommation, lobbies, comptes publics, électorat, durée mandat). La Politique Agricole Commune de l’Europe au lendemain de la dernière guerre a été un cadre incitatif pour atteindre un certain modèle et assurer une sécurité alimentaire. Le développement de la chimie dans l’agriculture a été une incitation au productivisme ambiant souhaité. Là on voit bien qu’il faut se renouveler pour faire différemment, et le Politique avec nous les citoyens électeurs consommateurs éclairés et réfléchis devront être de nouveau aux commandes de notre destinée. Mais on ne pas se monter les uns contre les autres, c’est contre-productif.
Je rejoins Caplan, on va vers du radical et in extenso de la casse. La nourriture, l’eau, la pollution, le changement climatique, l’énergie, la décarbonisation sont des défis monstrueux pour l’humanité toujours en augmentation mais interdépendante, qui seront diversement vécus et appréciés que l’on soit né sur le trottoirs de Manille de Paris ou d’Alger pour apprendre à marcher. Et où le militaire et le conflit ne sont jamais loin, des états “forts” l’ont déjà parfaitement intégrés dans leur géopolitique/stratégie. Repenser un modèle global avec autant de diversités ne peut que prendre du temps, dépassant malheureusement déjà les échéances urgentes partagées par le GIEC, donc avec des choix radicaux tardifs qui vont engendrer des conséquences radicales immédiates.
Le bio comme l’a rappelé @Ritchie, ça ne date pas d’hier, c’est ce que l’on pratiquait de manière séculaire avant l’apport de la chimie et se pratique encore dans le monde. Et le problème n’est pas tant de se passer de la chimie pour basculer dans le label bio, sinon de nourrir une population, croissante dans certaines régions, autrement : conserver des rendements tout en préservant les terres agricoles, maitriser les coûts + prix + revenus des agriculteurs, produire et consommer local et de saison, lutter contre le gaspillage et les pertes, consommer mieux et moins (comme la viande, céréales économes et eau), juguler le commerce international alimentaire etc.
Oui, j’ai été surpris que les “Poules heureuses bio” où j’achète les oeufs sont remplacées après une année pas plus.Alors je peux comprendre qu’après 1 année, elles ne soient plus en forme mais c’est quand même étonnant.Après, les règles d’hygiènes doivent être strictes : dans les exploitations industrielles, tous les oeufs sont passés à la lumière pour voir une éventuelle faille sur la coquille !L’important est que ces poules puissent être transformées en “chicken” ou charcuterie car il est clair que la poule au pot n’est plus dans les recettes actuelles !
Alors justement. La moitié sont just jetée à la poubelle…
Bonjour Drazam,D’abord, une correction: relis mon texte et tu verras que je n’ai pas traité les paysans de stupides, j’ai écrit:”Soit les paysans conventionnels sont cyniques, soit ils sont complètement stupides.Je penche pour la première hypothèse, les écoles de paysannerie étant depuis des années très poussées quelqu’un de stupide ne les réussit pas, n’arrive pas au bout de ses études.”Alors par pitié, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Tu as bien compris que la deuxième hypothèse était là pour montrer que c’était la première qui était valable par opposition.Pour le reste, tu ne sais pas ce que les paysans ont mené comme combat ces derniers temps en Suisse, pour garder leurs pesticides. Si tu avais vécu à la campagne, en Suisse, entre mars et juin, tu aurais compris la rogne que l’on peut avoir contre eux, qui nous ont tellement menti.Peut-être devrais-tu regarder le Temps Présent dont je parle dans l’article, et tu pourrais commencer à comprendre un tout petit peu.Pour le reste, bien sûr que c’est compliqué, mais de nombreux modèles montrent qu’on peut faire autrement.Tu dis que ça prend du temps de changer?On ne l’a pas. Maintenant, il faut agir. 75% de la biodiversité en matière d’insectes a disparu, en quelques années. Tu crois vraiment que l’on peut encore passer du temps à se dire… qu’on a le temps?Pour le reste, bien sûr que j’ai été coupable quand je mettais en avant un certain nombre d’objets pendant des années, et que je les achetais.Ce site a déjà passablement changé, il va le faire plus encore ces prochaines semaines, je vais expliquer pourquoi ces prochains temps.Moi-même j’ai changé.De ça aussi, modestement, je vais parler.En conclusion: non, je ne vais pas être gentil avec les paysans conventionnels suisses, ils ont la possibilité de faire autrement.S’ils étaient stupides, comme tu prétends que je l’ai dit, je ne leur en voudrais pas, ce ne serait pas de leur faute, mais ils ne le sont pas, c’est pour cela qu’ils sont impardonnables en traitant tous ceux qui leur rentrent dedans d’écolos idéalistes.Quant à la main qui me nourrit, qui nourrit ma famille, c’est celle des paysans biologiques, à 95%.
C’est à vomir cette histoire de poules, merci de m’avoir donné le lien.
Le pire, c’est que j’ai vu des reportages en France avec des poulaillers importants qui recueillent les poules qu’on allait “jeter” (quelle saloperie de monde on vit bordel de merde!!) pour qu’elles continuent à produire des œufs magnifiques, que les consommateurs concernés sont d’accord de payer un poil plus cher.
Donc c’est possible de faire autrement, une nouvelle fois!
J’ai honte pour cette industrie. Et c’est d’ailleurs là que le bât blesse: on parle d’industrie! La même qui broyait jusqu’il y a quelques mois les poussins mâles vivants parce qu’ils n’étaient pas rentables. On est beaucoup plus humains maintenant, on les gaze. Quel progrès!
Quant à toi Noisequick, j’ai vu des responsables d’un énorme poulailler bio prôner le non aux initiatives anti-pesticides.
Tu comprends pourquoi maintenant? Il y a un certain nombre d’entre eux qui ne sont passés à cette manière de produire bio que parce qu’ils ont compris que c’était la meilleure solution pour s’en sortir, ce qui est tout à fait vrai d’ailleurs.
Quelque part, je m’en fous, pourvu qu’ils changent, mais il ne faut pas s’étonner que certains d’entre eux, pas tous et de loin pas, heureusement, soient encore un peu bloqués sur des réflexes d’avant leur conversion.
Je connais d’autres paysans qui produisent moins, vendent leurs œufs en vente directe et ne jettent pas leurs poules pour les “valoriser” en biogaz près un an.
Je te dis, rien que d’écrire cette dernière phrase avec “jeter” et “valoriser”, j’ai la nausée.
Bon, je vais aller reprendre trois gouttes de CBD maintenant, je suis de nouveau tout énervé.
Entièrement d’accord.