Comme je l’ai expliqué dans cet article, dans un peu plus d’un mois, le 13 juin, en Suisse, nous devrons voter, entre autres sujets importants, sur deux initiatives, la première est intitulée « pour une Suisse sans pesticides de synthèse » et la seconde « Pour une eau potable propre et une alimentation saine – Pas de subventions pour l’utilisation de pesticides et l’utilisation d’antibiotiques à titre prophylactique“.
Je prévois de vous en parler plus en détail vendredi (lundi étant le jour de l’Open Bar).
Je sais que le milieu agricole est en mode panique.
En effet, si l’on en croit les derniers sondages, les deux initiatives passeraient la rampe si elles étaient votées aujourd’hui.
Alors, oui, tout est bon pour les opposants pour les faire exploser en vol.
Le missile: l’effet Femmes
Quel n’a pas été ma surprise de lire en me réveillant ce matin Le Matin Dimanche du 2 mai 2020, voyez plutôt!
Je ne reviens pas sur les nouveaux 68’000 francs dépensés pour cette page par, j’imagine, Paysannes.ch: une nouvelle fois, je constate que le milieu n’est pas dénué d’argent alors qu’il nous explique en permanence à quel point il est dur de survivre au quotidien dans le monde agricole, ce qui est l’évidence.
Cherchez alors d’où vient l’argent.
Mais oser surfer sur la vague violette, il fallait oser.
Que ce soit clair: Madame K, sa fille, ma fille, sont des féministes engagées et sont allées manifester à la grève des femmes, en Suisse le 14 juin 2019. Depuis toujours, je suis à fond avec elles, l’égalité des femmes est primordiale et malheureusement pas encore aboutie dans notre pays, ce qui est un scandale.
Ce qui me choque ici, c’est que si les femmes signataires, toutes de droite, ce qui est bien sûr leur droit, utilisent un combat qu’elles ont certes réussi pleinement, avec courage et compétence dans leur vie professionnelle, comme si c’était celui de toutes les femmes, qui, pour la plupart de celles qui sont allées manifester le 14 juin 2019, voteront pourtant certainement Oui à ces initiatives.
Tiens, les femmes signataires ont utilisé un fond bleu sur leur encart et n’ont pas osé utiliser le violet: elles auraient pu y aller, déjà qu’on frôle l’indécence.
J’imagine ma colère si, des hommes de droite, avaient osé placarder le même article avec “Appel des hommes” et tout ce qui s’ensuit.
Je me serai senti trahi.
La torpille: semer le doute
Mais ce n’est pas tout.
Un peu plus loin, en page 11 du même journal, nous lisons ceci:
Je le sentais venir depuis quelques jours.
Les opposants commencent à se dire qu’écrire partout que les initiatives sont trompeuses et excessives ne suffit pas.
Il leur faut maintenant être plus subtil: semer le doute sur le bio.
On voit bien, dans l’émission Forum à la RTS jeudi, par exemple, que la représentante des opposantes (PLR) essayait de faire glisser le sujet sur le bio qui, selon elle, ne serait pas si bon que cela.
Pire, on commence même à faire peur: si les initiatives passent, même le bio ne sera pas en danger, ce qui ne devrait pas être le cas si on lit l’article et l’encart qui permet aux initiants de s’exprimer.
Cela n’est pas nouveau en fait, lisez cet article excellent sur un blog du journal Le Temps (merci Mirou!), c’est édifiant!
Tiens, d’ailleurs sur ce point très précis, il faut que je vous raconte quelque chose d’assez rigolo.
Lorsque j’ai fait paraître mon article lundi sur le financement de la campagne des initiatives, j’ai envoyé le lien dudit article aux responsables de campagnes des deux initiatives.
Sauf que pour l’une, je me suis trompé d’adresse, et j’ai écrit à l’Union Suisse des Paysans,
Il fallait le faire, je sais, mais voyez-vous, je suis très fatigué, ces temps!
La responsable de la compagne du non, après avoir lu mon article, m’a répondu très poliment:
Les sources de financement sont à 100 % d’origine agricole et nous ne recevons pas d’argent de la chimie. L’industrie chimique a sa propre campagne 2x NON.
Sandra Helfenstein, Union Suisse des Paysans, en réponse à cet article.
Si c’est vraiment le cas, c’est bien la preuve que l’USP a des fonds énormes pour financer cette campagne qui coûte des centaines de milliers de francs, voire bien plus.
Mais directement derrière, la responsable renvoyait la balle en semant le doute:
Pour le financement, nous vous invitons néanmoins aussi à vous interroger sur les moyens financiers des initiants (pro-oui). En effet, ceux-ci sont notamment financés par des organisations comme la Fondation MAVA à Gland, qui appartient aux héritiers de la société pharma Roche. Nous soupçonnons également des financements par l’étranger, car les pro-oui ont des moyens impressionnants.
Une chose souvent méconnue en Suisse : le lobby écologiste a plus de moyens que le lobby agricole. Ainsi, WWF a plus d’argent à disposition que l’Union suisse des paysans.
Sandra Helfenstein, Union Suisse des Paysans, en réponse à cet article.
S’en suivent plusieurs liens vers des articles incriminant les milieux écologistes.
La bombe atomique: promettre des compensations
Et puis, troisième moyen pour les opposants de réagir à ces deux OUI qui pourrait aboutir le 13 juin: donner vite quelque chose pour montrer qu’on fait des efforts.
Alors que la droite suisse, vient de faire capoter la grande réforme de l’agriculture PA22+, pourtant pas vraiment dangereuse pour le milieu paysan, on voudrait tout soudain nous faire croire que la Confédération va tout faire pour réduire le risque de pesticides d’ici à 2027.
Tout cela alors qu’à peine un mois auparavant, le parlement faisait, comme je l’ai dit, capoter des propositions bien moins ambitieuses.
Dites les amis, ça ne vous rappelle pas quelque chose?
Rappelez-vous: lorsque nous devions voter pour une assurance maladie unique pour toute la Suisse…
Comme par hasard, alors que les primes d’assurances augmentaient toutes les années, sans exceptions, nous avions eu droit à une légère diminution avant les votations, pour bien nous prouver que le système des assurances privées était la panacée.
Et bien entendu, les primes avaient à nouveau augmenté chaque année, une fois l’assurance unique refusée!
C’est évidemment exactement pareil ici: le Conseil fédéral nous promet une amélioration (merci les initiatives, tu penses bien que sinon, on n’aurait rien vu venir!), amélioration reprise par les opposants (vous voyez, nous aussi allons faire des efforts!), et quand elle devra passer devant le parlement et son lobby paysan tellement bien organisé, cette amélioration aura, comme pour PA22+, toutes les chances d’être refusée.
Je m’excuse, mais ne nous prendrait-on pas, un tantinet, pour des cons?
Allez?
Franchement?
Bref, en ce dimanche, je suis écœuré, mais, heureusement, des associations de paysans, des associations d’experts vont s’exprimer ces prochains jours, et j’espère que les citoyens suisses sauront les entendre.
Image en couverture par Erich Westendarp de Pixabay
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Je suis désolé pour les premiers lecteurs de l’article ce matin, c’est la version non corrigée qui est sortie, je ne sais pas trop pour quelle raison, faudra que je trouve le pourquoi de la chose pour que cela ne se reproduise pas.
Ah ah, je ne savais pas qu’Amaudruz, Moret, Luisier Brodart et cie étaient des femmes paysannes ?
Python, Python, ce patronyme ne m’est pas inconnu ?
Je ne sais rien de la politique suisse, et de la politique en général, sauf à évoquer le monde médical.
Les “politiques” qui nous ont gouverné et nous gouvernent encore ont du mal, et je peux l’entendre, à voir la globalité des problèmes qu’ils souhaitent gérer. On en arrive trop souvent à traiter la superficialité sans doute très correctement et à ne pas voir les conséquences des décisions prises: en 2007, le gouvernement impose une nouvelle politique de tarification aux établissements médicaux: la T2A (tarification à l’activité).
Il a été récemment démontré que ce mode de tarification génère structurellement un déficit.
Autre décision politique: la limitation du nombres de lits de réanimation – je n’ai plus le nombre mais on est autour de 6500. Pourquoi ? Simple, lipide et logique: un (1) lit de réanimation génère un déficit de 115000€ pour l’établissement.
Je m’interroge.
Enfin, le déficit de “fabrication” d’un médecin et des infirmières.
Les infirmières: la fermeture acharnée des services hospitaliers avait, à tort considéré le “trop-plein” d’infirmières. “On” avait fermé les écoles d’infirmières et renvoyé chez eux les enseignants. Puis, on s’est aperçu que, finalement, la marche arrière devait être enclenchée. Manque de chance, les enseignants qui avaient congédiés avaient trouvé un autre travail. Même pas grave: la formation des infirmières se feraient à la fac… qui n’avait pas de place pour accueillir les élèves infirmières, donc cours en distanciel via Internet … à une époque où tout le monde n’était pas équipé non plus que les structures d’enseignement.
Les médecins: j’ai déjà rapporté le numerus clausus. La France manque de médecins, généralistes ou spécialistes.
L’effet a été une aubaine pour les collègues compétents: un urgentiste se voit proposer 2000 € par week end.
J’ai fait des remplacements en néphrologie pendant deux ans et demi. J’ai conversé avec le chef de service d’un hopital général de province. En travaillant avec les mêmes horaires et le même temps que lui, je percevais un salaire double du sien.
Allô ? il y a quelqu’un ?
Un article de 24 Heures sur la campagne en cours
Ce correcteur orthographique est-il bio ?…
Eh oui, ils rivalisent pour savoir lequel fera la plus grosse statue à la gloire de la politique agricole actuelle.
Cela fait partie de ce que j’écrivais en début de semaine.
Et si je ne fais erreur, l’instigateur de tout ça est un bio…
Cela dit, Bio Suisse est pour l’initiative contre les pesticides, mais contre l’initiative pour une eau propre, à une courte majorité (dans ce cas, pour un argument qui peut se comprendre, mais qui, au final, n’en est pas un puisque c’est une mauvaise interprétation selon une étude de droit indépendante, nous en parlerons vendredi).
Il me semble d’ailleurs que les 2 initiatives ne peuvent pas cohabiter ensemble par définition (celle des pesticides rend caduque celle des eaux) ?
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?
Si si, elles le seront d’une manière ou d’une autre, sinon tu penses, les opposants auraient utilisé cette argumentation.
Après l’article sur le COVID complètement hallucinant, en voici un autre basé sur des articles parus dans la presse. Il n’y a aucun recul, aucunes données scientifiques pour étayer les propos de cet article.
De la pure propagande à l’état pure ….
Je me pose la question: avez-vous juste et seulement lu l’article?
Parce que vous êtes entièrement à côté de la plaque, je ne parle même pas de pollution.
Je me prononce sur une campagne: faut-il avoir lu 350 articles scientifiques pour le faire?
Mais ne vous inquiétez pas, vous pourrez le recycler (quoique, j’emploie ici un vocable lié à la propagande, j’imagine, pour vous), dès vendredi.
Je me réjouis déjà comme un petit fou!?
leblogducuk a recruté un humoriste. Et jeune, en plus : fou rire de 2002 !
On peut espérer que tout ce qui vient de se passer fasse bouger les choses et reconnaître mieux le domaine de la santé.
J’ai des doutes, au vu de ce qui se passe et de ce qui est annoncé chez vous (et chez nous).
Espérons pour le monde médical que nous n’oublierons pas ce qu’il a fait pour nous.
“Python, Python, ce patronyme ne m’est pas inconnu ?”
Aucun lien de parenté !
L’interdiction des denrées alimentaires produites avec des pesticides concerne aussi les produits transformés ?
Concrètement et bêtement : pâtes Barilla non bio, interdites ou pas ?
La FRC (Fédération Romande des Consommateurs) soutient l’initiative “Zéro pesticide”
L’initiative dit
[…] L’importation à des fins commerciales de denrées alimentaires contenant des pesticides de synthèse ou pour la production desquelles des pesticides de synthèse ont été utilisés est interdite.
On ne peut pas être plus explicite: adieu tous les produits non bio!
En faisant des recherches généalogiques, vous découvrirez probablement qu’il y a bien un lien, fût-il lointain.