Pourquoi il faut voter OUI à l’initiative “Pour une Suisse libre de pesticides de synthèse”

Je vous ai parlé par trois fois des votations du 13 juin, en me focalisant sur les initiatives écoresponsables.

La première fois, c’était ici, à propos de la campagne des opposants, la deuxième fois, un coup de gueule, c’était là, à propos de la “prise en otage” des femmes, toujours dans la campagne des opposants, et la troisième fois, c’était ici, où j’expliquais pourquoi il fallait voter OUI à l’initiative dite “Eau propre”.

Dans ce dernier article, je vous disais que j’allais, ce vendredi, vous parler de la deuxième initiative écoresponsable intitulée: Pour une Suisse libre de pesticides de synthèse.

Je tiens parole, et, pour ce faire, permettez-moi de commencer par vous faire lire le court texte de l’initiative.

Initiative populaire fédérale ‘Pour une Suisse libre de pesticides de synthèse’

Initiative populaire fédérale ‘Pour une Suisse libre de pesticides de synthèse’

La Constitution1 est modifiée comme suit:

Art. 74, al. 2bis

2bis L’utilisation de tout pesticide de synthèse dans la production agricole, la transformation des produits agricoles et l’entretien du territoire est interdite. L’importation à des fins commerciales de denrées alimentaires contenant des pesticides de synthèse ou pour la production desquelles des pesticides de synthèse ont été utilisés est interdite.

Art. 197, ch. 122
12. Disposition transitoire ad art. 74, al. 2bis

1 La législation d’application afférente à l’art. 74, al. 2bis, entre en vigueur dans les dix ans à compter de l’acceptation de cette disposition par le peuple et les cantons.

2 Le Conseil fédéral édicte provisoirement les dispositions d’exécution nécessaires par voie d’ordonnance en veillant à assurer une mise en oeuvre progressive de l’art. 74, al. 2bis.

3 Tant que l’art. 74, al. 2bis, n’est pas totalement mis en oeuvre, le Conseil fédéral ne peut autoriser provisoirement les denrées alimentaires non transformées contenant des pesticides de synthèse ou pour la production desquelles des pesticides de synthèse ont été utilisés que si elles sont indispensables pour repousser une menace fondamentale pour les hommes ou la nature, notamment une pénurie grave ou une menace exceptionnelle pesant sur l’agriculture, la nature ou les hommes.

1 RS 101
2 La numérotation définitive de la présente disposition transitoire sera fixée par la Chancellerie fédérale après le scrutin.

Avant de parler du texte de l’initiative, permettez mois de situer le contexte.

Les pesticides sont partout, ils nuisent à la biodiversité, ils nuisent à nos eaux, à nos terres, ils nuisent à notre santé.

L’exemple des pommes suisses dans l’agriculture conventionnelle

Ce qui m’a définitivement ouvert les yeux, c’est un reportage du magasine de la télévision suisse romande que vous pouvez regarder sur le site de Play RTS intitulé “Les pommes suisses, un cocktail de pesticides“.

Pour eux qui n’auraient pas le temps de le voir, je vous propose le résumé donné par la RTS elle-même.

Les pommes: un cocktail de pesticides?

La pomme: difficile de faire plus suisse! Un fruit que l’on veut. Et cette pomme on la veut toujours plus chatoyante, plus ronde, plus lisse, en un mot parfaite. Cette exigence a un revers: la plupart des pommes vendues en Suisse sont traitées avec des pesticides de synthèse pour répondre aux demandes des consommateurs et de la grande distribution. Ces pulvérisations à grande échelle, répétées une bonne vingtaine de fois entre mars et septembre, laissent des résidus dans l’environnement, avec des effets désormais visibles sur la faune et la flore. En revanche, leur impact sur la santé humaine est encore mal connu. ABE a voulu savoir ce que l’on croquait à pleines dents en testant une trentaine de pommes vendues en Suisse. Les résultats ne sont pas toujours rassurants.

Il ressort aussi de ce reportage que les pesticides se retrouvent non seulement dans la peau de la pomme, qu’ils y sont toujours présents si on lave, et pire, qu’ils sont présents dans le fruit même si on la pèle.

Pensez, 20 pulvérisations, ça laisse des traces, pas seulement chez les voisins des vergers traités, mais aussi dans le fruit lui-même, bien sûr.

Lorsque j’ai vu ce reportage en 2016, j’étais responsable (entre autres choses, hein!) depuis des années, d’organiser une disitribution de pommes sur trois semaines pour les élèves de mon école, une promotion de ce fruit organisées par les maraîchers vaudois: 15 pommes (5 par semaine) pour 5 francs suisses par enfant.

Le choc après le visionnement de ce reportage: et si depuis des années, nous qui croyions bien faire en donnant des fruits sains à nos enfants, nous leur faisions, sans le savoir, plutôt du mal?

Ni une ni deux, j’ai téléphoné à mon fournisseur pour savoir s’il pouvait nous proposer du bio, ce qu’il n’a pas pu faire.

Je l’ai donc quitté (avec regret parce que je l’appréciais beaucoup) et suis passé au bio.

J’ai trouvé un fournisseur bio un peu plus cher qui a poussé l’éthique jusqu’à hésiter quelques jours de répondre favorablement à ma proposition parce qu’il pensait que livrer à 30 kilomètres de son lieu de production n’était pas très écoresponsable, mais qui a fini par accepter parce qu’il trouvait l’initiative de notre école plus qu’intéressante.

J’ai averti les parents des 1’300 élèves que les pommes seraient désormais bio et que l’abonnement restait au même prix, mais pour deux semaines seulement.

Nous n’avons eu que des échos positifs, voire enthousiastes, et tant les enfants que les enseignants ont tous été enchantés et étonnés du goût de ces nouvelles pommes juteuses et simplement délicieuses.

Je ne dis pas qu’elles l’étaient parce que le fruit était bio, mais simplement parce que la sorte de pommes était géniale (je confirme). Juste pour préciser à ceux qui doutaient encore qu’un fruit bio n’est pas forcément repoussant.

Depuis 2016, nous continuons notre action “Pommes à la récréation” avec le même fournisseur bio et j’ai la conscience tranquille.

L’exemple du film sur Arte “Gluten, l’ennemi public”

Ne pensez pas que je suis complètement à la ramasse: je sais bien que le gluten n’est pas un pesticide.

Il n’empêche, le film “Gluten, l’ennemi public” diffusé sur Arte il y a quelques semaines est édifiant par rapport aux pratiques de l’agriculture conventionnelle.

https://youtu.be/j9mrNSuhgAQ

Alors oui, je veux bien qu’en Suisse, l’on ne pulvérise pas les cultures 15 jours avant la récolte de glyphosate, comme on le fait au Canada, mais pour le reste, l’agriculture conventionnelle dans notre pays est concernée par ce reportage.

La situation n’est plus tenable, je le répète, pour notre biodiversité, pour notre santé, pour la qualité de nos eaux et de nos terres.

Les agriculteurs, les premiers concernés

Quand j’écris plus haut que ces pesticides de synthèse sont mauvais pour la santé, les premiers concernés sont les agriculteurs qui les pulvérisent.

Dans un article du Matin Dimanche du 9 mai 2021,

Le Matin Dimanche du 9 mai 2021, Sylvain Besson, Fanny Giroud, Roland Gamp

Les agriculteurs sont, comme vous pouvez le lire, touchés en première ligne.

Alors, bien sûr, je me pose la question du pourquoi ils ne se protègent pas…

La réponse est donnée le lendemain dans le journal du même éditeur, 24 heures, par Michel Darbelay, de l’Union Suisse des Paysans: à la question “Avez-vous vu des agriculteurs qui ne se protègent pas assez de vos propres yeux?”:

Je l’ai vu, évidemment. Il y a vingt-cinq ou trente ans, on n’avait pas conscience de tout ça. J’étais en apprentissage agricole. On nous en parlait. Mais c’était alors normal de manipuler ces produits sans gants, sans protections respiratoires. On n’avait pas de matériel de protection, on n’avait pas de cabines sur les tracteurs. Des gens ont donc pu inhaler ces produits. Aujourd’hui, on a une cabine avec filtre au charbon actif, des combinaisons. Mais dans les vignes, si on traite avec une combinaison en scaphandre, on est mal vu. Ça pousse certains à ne pas se protéger assez.

24 heures du 10 mai, Sylvain Besson

À propos de l’initiative elle-même

Image: PublicDomainPictures de Pixabay

L’initiative a le mérite d’être clair.

D’ici 10 (dix!) ans, les pesticides de synthèse doivent être interdits en Suisse.

L’utilisation de tout pesticide de synthèse dans la production agricole, la transformation des produits agricoles et l’entretien du territoire est interdite. L’importation à des fins commerciales de denrées alimentaires contenant des pesticides de synthèse ou pour la production desquelles des pesticides de synthèse ont été utilisés est interdite.

Quelque part, cette initiative est plus directe et moins compliquée à comprendre que l’initiative “Eau propre”.

Elle a pour elle un argument fort: les agriculteurs seront protégés par le fait que les importations seront régies aux mêmes contingences que celles imposées dans notre pays.

C’est un truc qui m’a toujours rendu fou en Suisse, un exemple parmi tant d’autres: les œufs (bio ou pas) répondent à un certain nombre de normes pour la protection des poules, interdisant notamment les batteries, ce qui est une très bonne chose.

Il est évident que ces normes ont un coût qui doit être reporté sur les œufs.

Or, que trouve-t-on ans nos magasins?

Des œufs suisses valant (ce sont des exemples) 3.60 francs la demi-douzaine, et des œufs d’un pays voisin ne répondant pas du tout aux mêmes normes pour 2 francs pour ce qui semble être la même barquette.

C’est tout simplement scandaleux, si j’étais paysan, je deviendrais fou.

Eh bien cette initiative règle le problème.

Elle en pose évidemment un autre: nos traités de libre-échange devront être revus.

Nous avons dix ans pour y parvenir.

Une agriculture sans pesticides de synthèse est déjà possible aujourd’hui : plus de 8000 exploitations biologiques qui n’utilisent pas de pesticides de synthèse et qui sont rentables en sont la preuve. Avec notre initiative, nous renforçons l’agriculture écologique et équitable, car l’interdiction s’applique aussi bien aux produits nationaux qu’aux produits importés. En outre, au cours de la période transitoire de dix ans, la Suisse aura suffisamment de temps pour devenir une vitrine de l’agriculture saine et durable grâce à la recherche et au développement. De cette manière, nous créerons des conditions équitables pour nos agriculteurs et toutes les couches de la population auront accès à une alimentation saine et abordable.

Argumentaire des initiants à l’initiative “Pour une Suisse libre de pesticides de synthèse”

Je l’ai déjà écrit à propos de l’initiative “Eau propre”: nous n’avons de toute façon pas le choix.

Tôt ou tard, nous devrons aller vers l’abolition de ces pesticides de synthèse, et même en acceptant l’initiative dont il est question aujourd’hui, il faudra dix ans pour y arriver, c’est à la fois peu et beaucoup.

Il a été scientifiquement prouvé que l’environnement, les animaux et les plantes souffrent énormément de l’utilisation de pesticides de synthèse: le nombre d’insectes a chuté de près de trois quarts en une seule génération, les cours d’eau ont été empoisonnés, les sols sont devenus de plus en plus infertiles et des colonies d’abeilles entières ont disparu. Les pesticides de synthèse entrent dans les cycles naturels par l’air et l’eau, détruisant des écosystèmes entiers. Avec notre initiative et le Oui à l’interdiction, nous voulons mettre fin aux effets massifs de ces poisons sur notre environnement, arrêter la mort des insectes, mieux protéger l’eau et ainsi assurer la base de l’existence des générations futures.

Argumentaire des initiants à l’initiative “Pour une Suisse libre de pesticides de synthèse”

Les réponses aux questions que vous vous posez

Le site des initiants de l’objet mis en vote le 13 juin vous propose toutes les réponses aux questions que vous pouvez vous poser sur cette initiative.

Vous pourrez les retrouver ici.

À noter que Bio Suisse recommande le OUI à cette initiative.

En conclusion

Je suis bien évidemment conscient que cette initiative et celle dont je vous ai parlé vendredi passé impliquent des changements importants pour les agriculteurs.

Ils sont pourtant indispensables pour la survie de notre espèce et de la biodiversité.

Tous les métiers subissent de gros changements: je peux vous dire qu’être enseignant il y a 20 ans et être enseignant aujourd’hui sont deux professions presque entièrement différentes.

L’agriculture a évolué elle aussi, mais elle ne peut passer à côté de la révolution à venir.

Que ces initiatives passent ou pas, elles montreront qu’une bonne moitié de la population veut un changement drastique des modes de culture.

Et je ne compte pas dans cette moitié ceux qui voteront NON parce qu’ils auront été convaincus par une campagne massive des opposants aux initiatives.

Beaucoup d’entre eux voudraient que ces produits ne soient plus utilisés chez nous mais ne veulent pas brusquer les agriculteurs.

Oui, de toute manière, les choses vont changer, mais le temps presse, raison pour laquelle je voterai OUI à cette initiative.

Image de couverture: PublicDomainPictures de Pixabay


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28 Commentaires
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Caplan
il y a 3 années

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Jefrart
Jefrart
il y a 3 années

Comme le dit Jean-Marc Jancovici, si le changement (énergétique, climatique, écologique, agricole, etc) n’est pas choisi avec des contraintes volontaires, il sera subit, avec les conséquences que l’on peut imaginer…

Francois Cuneo
Francois Cuneo
il y a 3 années

Oui, je crois qu’il faut être volontaire, c’est la seule solution pour ceux qui vont nous succéder.
À nous de faire le travail!

Francois Cuneo
Francois Cuneo
il y a 3 années

C’est encore un des vieux préjugés de Suisse centrale qui prétend que les fruits biologiques sont plus petits que les autres!

Bon, faut remettre les choses dans leur contexte et dans l’époque, aussi.?

Mirou
il y a 3 années

A l’époque elle était probablement bio, la pomme.

Daniel Pesch
il y a 3 années

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Noisequik
il y a 3 années

Donc, plus de bananes, café, cacao non bio dès le premier jour vu que cela n’est pas « indispensables pour repousser une menace fondamentale pour les hommes ou la nature, notamment une pénurie grave ou une menace exceptionnelle pesant sur l’agriculture, la nature ou les hommes. »

ysengrain
ysengrain
il y a 3 années

Je me demande, sans trouver la réponse, comment il est encore possible, aujourd’hui, d’utiliser des pesticides, de manière raisonnée, raisonnable et raisonnante.

Noisequik
il y a 3 années

En tout cas, concernant la culture du colza, il n’y a pas vraiment d’autres solutions à moins d’être prêt à sacrifier sa récolte les moins bonnes années.Est-ce que l’huile de palme importée d’Indonésie est préférable à l’huile de colza non bio suisse ?

Francois Cuneo
Francois Cuneo
il y a 3 années

Belle partition!?

Francois Cuneo
Francois Cuneo
il y a 3 années

Non, tout cela va se mettre en place en dix ans.

Il y a toujours l’interprétation des juristes, il n’y a aucun risque que ça arrive tout de suite.

Francois Cuneo
Francois Cuneo
il y a 3 années

Mais ça n’a rien à voir.

Moi, je cuisine à l’huile de colza bio depuis des années.

Et là où je l’achète, l’agriculteur n’a connu aucun problème.

Il ne faut pas croire ce que les conventionnels nous assènent à longueur de journée!

Les bios existent depuis 50 ans!

Noisequik
il y a 3 années

Oui moi aussi j’en achète mais c’est quoi, 5% de la production? Tout le reste est utilisé dans les aliments transformés et c’est là que la tentation est grande de remplacer par de l’huile de palme. Surtout que les suisses ont voté OUI a l’accord avec l’Indonésie.

Noisequik
il y a 3 années

Et désolé, pour une friture, je ne vais pas gâcher de l’huile bio à 15 francs le litre.Edit : les pertes pour le colza sont estimées à 80% selon article du Nouvelliste de ce jour.609fbffc4fdb0f10b3d91dfe.jpeg

Francois Cuneo
Francois Cuneo
il y a 3 années

Mais encore une fois, c’est ce que nous disent les traditionnels. Mon fournisseur-producteur n’a pas ce genre de problèmes.

Quant aux bananes importées dont tu parlais au début, après tout, qu’on n’importe que du bio tout de suite: elles ne sont pas vraiment plus chères que les autres, elles respectent les producteurs, on les trouve partout sans problème.

Idem pour le café: le bio est juste parfait. T’inquiète pas que si Nestlé y est forcé, ils vont privilégier le bio sans problème.

wrontien
wrontien
il y a 3 années

Des œufs suisses valant 3.60 francs la demi-douzaine, et des œufs d’un pays voisin ne répondant pas du tout aux mêmes normes pour 2 francs pour ce qui semble être la même barquette.Tout est dans le “semble”: il faut que l’affichage soit parfaitement clair sur ce genre de choses. Je suis d’ailleurs surpris que l’élevage de poules en batterie semblent toujours autorisé en France.Des traitements contre les maladies ou ravageurs utilisés en agriculture biologique ont bien un (ou des) principes actifs, ou alors ils ne sont pas efficaces. Dans le cas d’un principe actif “bio” non dangereux (pas celui issu de la roténone), pourquoi en interdire la synthèse directe ?En faisant le lien “synthèse par une réaction chimique en laboratoire = mauvais”, l’initiative joue sur la peur des gens devant l’inconnu, peur due aux faibles connaissances en chimie d’une grande majorité de la population.Après, si l’on découvre qu’un engrais ou un pesticide bio pose problème, on pourra l’interdire aussi.Tout comme cela a déjà été fait pour certains pesticides de synthèse. Je comprends parfaitement qu’on soit contre les surdosages et certains traitements par produits chimiques (je le suis aussi). L’initiative ne vise malheureusement pas directement ces vrais problèmes, mais propose à la place une solution extrême et simpliste (l’interdiction sans exception de tout pesticide de synthèse dans 10 ans), même si, dans 11 ans, on fait face à une destruction catastrophique de cultures par des parasites et/ou maladies. Son vocabulaire non-scientifique heurte de plus la logique: en quoi le principe actif d’un pesticide “bio” diffère-t-il du même principe actif produit en laboratoire ?Je reviens sur l’exemple du purin d’ortie (même si ce n’est pas mon dada).Alors oui, il faut diluer le purin d’orties pour qu’il ne soit pas dangereux pour la plante, mais en aucun cas, il n’est dangereux pour le sol, même mal utilisé. [..] Vous dites avoir un ami chimiste qui vous a dit qu’il n’était pas bon, ça vous suffit donc, […]Le surdosage est dangereux pour la qualité de l’eau. Secundo, ça correspond à produire des produits azotés moins efficacement et proprement qu’en laboratoire. Tertio, mal réalisé, il peut être dangereux. Comme le chimiste mentionné dans mon commentaire récent est malheureusement décédé depuis plusieurs années, je ne peux pas lui demander plus de détails sur le(s) produit(s) toxique(s) générés en cas de mauvaise fermentation (contrôle de l’apport d’oxygène et de la température?). J’ai posé toutefois la question à un autre chimiste. Il m’a répondu qu’une fermentation anaérobie peut produire du sulfure d’hydrogène. Une recherche m’a vite confirmé cela: https://www.societechimiquedefrance.fr/sulfure-d-hydrogene.html. Le H2S est un gaz toxique à l’origine d’accidents mortels: accident dû à la décomposition d’algues vertes cité en fin du document précédent (document très informatif). Voir aussi https://www.inspq.qc.ca/toxicologie-clinique/un-poison-violent-l-hydrogene-sulfure-h2s. Il n’y a pas besoin d’être chimiste pour comprendre que si une décomposition anaérobie d’algues peut produire des gaz toxiques, c’est certainement aussi le cas d’orties en décomposition anérobie.Curieusement, des sites écolos recommandent justement de faire de la fermentation anaérobie, par exemple https://www.cagrouille.com/post/2020/04/02/lextrait-fermenté-dortie-anaérobie-à-la-eric-petiot. Mais c’est naturel et donc “sans danger aucun” et “mieux que ce que fait l’industrie chimique”… L’artisanal a du bon, mais mieux vaut savoir quelle réaction chimique de synthèse on est en train de faire dans son garage.Que ces initiatives passent ou pas, elles montreront qu’une bonne moitié de la population veut un changement drastique des modes de culture.Elles montreront aussi une belle méconnaissance de principes chimiques (une molécule bio ? la même molécule de synthèse), une prise inconsidérée de risque par ceux qui veulent lancer un signal et qui comptent sur d’autres pour refuser une initiative trop extrême, et aussi une déconnexion de la population urbaine par rapport à la difficulté de produire massivement de la nourriture sans recourir à certaines techniques modernes qui peuvent sauver des récoltes. Je ne compte plus le nombre de récoltes perdues dans mon potager et verger (bios) à cause de divers fléaux. C’est facile pour quelqu’un (pas forcément vous) qui n’a jamais essayé de produire bio lui-même des aliments variés, et qui n’a pas fait face aux nombreuses difficultés rencontrées, de dire que les paysans n’ont qu’à s’adapter en 10 ans. C’est bien dommage d’être face à une initiative écolo trop extrême, qui dessert la cause. Son probable refus par la majorité sera aussi un signal sur ce caractère trop extrême. Mais les initiants entendront-ils ce message?P.S.: wrontien = topoman. GraphComment me pose problème sur mon MacBook Air M1: impossible de coller du texte. J’ai dû passer par mon autre ordinateur, ce qui a causé involontairement ce changement de pseudo.

AntSto
AntSto
il y a 3 années

Je trouve très désagréable d’essayer de tordre le débat, à croire que l’USP est derrière?!?
Oui, une molécule « naturelle » peut être plus dangereuse qu’une synthétique! Et alors…

L’initiative dit « stop aux pesticides de synthèse » car ces dernières sont globalement mauvaises pour l’environnement… on ne dit pas si elles sont mieux ou moins bien que les naturelles ou bien?

Globalement, dans les grandes lignes, tous les pesticides de synthèse sont mauvais pour l’environnement, en grande partie une solution de facilité pour l’agriculture et une dépendance vis-à-vis de l’agro-industrie! Point!!!

Quelle est le rapport de savoir si des molécules « naturelle » peuvent être pire ou pas!!! Le débat n’est pas là…

Francois Cuneo
Francois Cuneo
il y a 3 années

Je trouve tout à fait étonnant de voir quelqu’un (je parle de wrontien alias Topoman) qui explique ne pas avoir lu les initiatives il y a une semaine arriver en plein débat avec soudainement une connaissance pointue sur la dangerosité du bio!

Tout ça en se basant sur quoi? Sur le fait que l’on va faire n’importe quoi avec du jus d’orties!

Est-ce que wrontien sait ce que j’ai fait il y a vingt ans avec du glyphosate dans mon jardin? Parce que mon voisin paysan me disait ” y faôôô çaaa rouneedopeeer” (gros accent vaudois). C’était la révolution, on pensait ne pas faire de mal.

Les jardins privés sont parfois des laboratoires chimiques ambulants, pires que les cultures agricoles. Je ne suis pas sûr d’avoir fait le “bon dosage”, comme ils disent (il n’y en a pas en fait, le glyphosate, c’est de la merde).

Pour ça aussi, il faut interdire les pesticides.

Alors qu’avec mon jus d’orties, je suis bien moins dangereux, quoi que je fasse.

Oui, il s’agit bien d’une nouvelle tactique des opposants, semer le doute partout où ils peuvent le faire sur le bio, alors que ce n’est pas vraiment le sujet.

Alors qu’on sait que le bio fait tout pour conserver la biodiversité, alors que les pesticides de synthèse, bien gérés ou pas, foutent en l’air notre santé, les terres et la nature.

Par contre, il n’est pas renseigné sur les œufs en batterie en France.

Oui, c’est encore possible, jusqu’en 2022. Et c’est un journal de droite (entre autres) qui l’écrit.

AntSto
AntSto
il y a 3 années

Pour ce que j’en sais, l’huile de colza peut sans autre être remplacée par l’huile de tournesol!

Or la culture de tournesols nécessite très peu d’intrants chimiques… donc les opposants préfèrent parler de l’huile de palme! Ça fait plus « peur » aux bobos citadins ?

Macgicien
Macgicien
il y a 3 années

Bonjour,
J’admets ne pas réussir a encore prendre une décision sur ces votations.
D’un côté, moins de poison c’est toujours mieux. D’un autre côté, l’agriculture bio utilise aussi des pesticides de synthèse (validés pour l’utilisation bio).
Est-ce que l’interdiction des pesticides de synthèses pourrait nuire à la production bio?
Est-ce que remplacer un poison de synthèse par un poison naturel est réellement avantageux?
Existe-t-il des exemples de productions bio qui fonctionnent 100% sans pesticide de synthèse?

Albert de St-Felix
il y a 3 années

Quand j’avais moins de 10 ans, les surfaces cultivables étaient entourées de buissons et autres arbustes, le paradis pour les prédateurs qui officiaient comme régulateurs contres les nuisibles, les récoltes étaient correctes. Les champs de blé étaient plein de coquelicots, le vent asséchait moins vite la terre.De nos jours les vastes étendues cultivables n’ont plus ces barrières protectrices… Les temps modernes n’ont pas apporté que du bon.

Francois Cuneo
Francois Cuneo
il y a 3 années

Reprenez l’émission d’ABE que j’ai mise dans l’article.

Vous verrez que le paysan bio traite ses pommes, mais il l’explique lui-même, avec des produits qui ne sont aucunement des poisons, ces produits sont d’ailleurs certifiés.

Dans la vigne, il y a des vignerons qui font de la biodynamie, sans souffre, sans cuivre.

AntSto
AntSto
il y a 3 années

Est-ce que remplacer un poison de synthèse par un poison naturel est réellement avantageux?

Et je pose une autre question… pour faire quoi? Être dépendant de l’agro-chimie?

Si ces poisons étaient identiques, il n’y aurait aucune raison logique, notamment financière, pour utiliser des produits de synthèse?!?

wrontien
wrontien
il y a 3 années

J’espère que vous réalisez que le présent débat n’est pas “Pour ou Contre le bio”. C’est Pour ou contre une initiative qui veut faire passer tout le monde au bio obligatoire en 10 ans. Avec 0% de pesticide “de synthèse”, et pas d’exception possible après 10 ans. Ce n’est pas tout du tout ma même chose ! Je trouve tout à fait étonnant de voir quelqu’un […] arriver en plein débat avec soudainement une connaissance pointue [sur la dangerosité du bio] Vous croyez que j’ai attendu cette initiative-là avant de m’intéresser un peu au sujet ? L’écologie étant très souvent à l’actualité, quoi d’étonnant que j’aie quelques opinions sur ce sujet ? [dangerosité du bio] Tout ça en se basant sur quoi? Sur le fait que l’on va faire n’importe quoi avec du jus d’orties! Voilà une énorme déformation de mon propos. J’expliquais pourquoi je voterai Non à une initiative que je trouve trop extrême et dont la démagogie anti-chimie de synthèse me heurte. Je me bats aussi contre certains raccourcis simplistes. J’ai introduit l’exemple du purin d’ortie pour expliquer que c’est de la chimie de synthèse faite artisanalement. Et j’ai expliqué que faire certaines choses artisanalement peut être moins efficace que par des professionnels. Et que le problème est le dosage et non comment les choses sont produites. Suite à votre commentaire que c’est “sans danger aucun”, j’ai ajouté que cela pourrait être dangereux si la fermentation est anaérobie (et, sous entendu, si le local est confiné). Les personnes sont svt plus passionnées quand des espoirs sont déçus (ici le contenu de l’initiative alors qu’une initiative plus raisonnable aurait pu faire avancer les choses en pratique). J’ai été élevé dans une famille avec une conscience écologique bien avant l’heure: énorme potager sans produit chimique (seule exception: quelques rares graines bleues pour éviter de perdre tous les semis), habillé quasiment exclusivement d’habits de seconde main, pas de jouets en plastique (j’avais acheté un schtroumpf en plastique à 11 ans avec de l’argent de poche et que je cachais honteusement), pas d’achat de fruits exotiques, y compris de melons car non produits en Suisse, pas de lave-vaisselle malgré une famille nombreuse, etc. Depuis que l’écologie est souvent au premier plan, les positions extrêmes, servies parfois avec des arguments simplistes (“molecule naturelle” = bon, “molecule issue de synthèse chimique “= mauvais), ont tendance à m’agacer en tant soit peu. alors que les pesticides de synthèse, bien gérés ou pas, foutent en l’air notre santé C’est si dur à comprendre qu’il pourrait être judicieux de synthétiser le principe actif d’un pesticide toléré en agriculture bio ? Et quid de l’interdiction totale de l’usage exceptionnel d’un pesticide permettant de sauver une récolte ?La proposition extrême de l’initiative attire naturellement des réactions tranchées. Et encore une fois, ce n’est pas un débat sur le bio en général. C’est un débat sur ce que propose le texte de l’initiative. Pour l’instant, ce n’est pas les réactions que j’ai reçues à mes commentaires qui vont me faire changer d’avis. J’ai retardé de plusieurs jours l’envoi de mon vote par correspondance en attendant les réactions. Assez inutilement pour l’instant. P.S. Je précise que je n’ai aucun lien avec l’USP.

Macgicien
Macgicien
il y a 3 années

@ François Cuneo

Ok, merci, je prendrais le temps de regarder cette vidéo avant de remplir mon bulletin de vote.

@ Albert de St-Félix

J’imagine donc que nous verrons le retour des barrières de buissons autour des champs si le oui l’emporte.

@ AntSto

Si l’industrie actuelle à fait un choix, c’est qu’il y a des avantages (en tout cas pour eux, donc financier, etc.).

De plus, il faudra bien que quelqu’un produise les nouveaux produits (donc pas de synthèse) pour repousser les agressions sur les cultures.

Francois Cuneo
Francois Cuneo
il y a 3 années

Ah mais je suis désolé, je ne vais pas jouer à c’est celui qui dit qui l’est, mais c’est vous qui êtes venus sur le bio au départ.

Justement, j’aimerais qu’on ne parle pas d’eux ici.

Pour moi, tous les pesticides de synthèses actuels posent pas mal de problèmes, même s’ils sont bien dosés. À la limite, un seul n’est pas si grave, c’est ce foutu cocktail qui est catastrophique.

Donc je n’en veux pas.

Bravo à vos parents de vous avoir éduqué dans cette belle philosophie de vie.

C’étaient des précurseurs, respect.

skyroller
skyroller
il y a 3 années

Hello, ces deux initiatives me posent un problème; il me semble qu’on ne prend pas le problème par le bon bout. Elles sont louables, mais soit elles ne visent pas la bonne cible, soit elles sont disproportionnées. Mais je suis aussi d’accord que le Conseil fédéral n’a rien fait durant les 20 dernières années et que rester sans rien faire n’est pas bon.

Mais, j’ai quand même un petit exemple, sous la forme d’une question: la combinaison des initiatives mises en votation fait qu’un agriculteur, pour recevoir des subsides, devra produire lui-même (enfin, son exploitation) son fourrage ou la nourriture de ses animaux. Bien.

Beaucoup d’agriculteurs n’ont pas le terrain nécessaire pour le faire, et donc (les initiants le précisent déjà) une bonne partie des agriculteurs devront réduire la voilure.

Sauf qu’une des initiatives laisse une porte ouverte: en effet, l’une d’elle précise que la nourriture des animaux (production agricole, ou privé) n’est pas couverte par le texte de l’initiative… Les nouvelles règles concernent la nourriture directement pour l’humain, pas pour les bêtes.

Donc, si je me résume, on se retrouve avec un agriculteur qui pourra toujours acheter du soja transgénique brésilien, nourrir ses bêtes avec, bêtes suisses élevées en Suisse qui se retrouveront directement dans notre assiette (pour ceux qui en mangent encore, ce qui n’est plus mon cas depuis 15 ans). Et ça, les initiatives laissent passé !

J’ai étudié les textes des initiants hier dimanche. L’initiative pour une eau propre combinée à l’initiative pour une nourriture saine et bio n’empêchera pas ce cas de figure…

nicolas monguzzi
nicolas monguzzi
il y a 3 années

Un petit « c » a disparu, apparemment brulé par le pesticide… « Pour eux qui n’auraient pas le temps de le voir… »

RTS: «(…) la plupart des pommes vendues en Suisse sont traitées avec des pesticides de synthèse pour répondre aux demandes des consommateurs et de la grande distribution. »

Je pense que c’est plutôt pour répondre aux demandes de la grande distribution qui à la longue a influencé la demande des consommateurs. Ce n’est pas le consommateur qui demande des fraises toute l’année ou des kiwis de la nouvelle Zélande…

Et encore une disparition. Cette fois un «d». « Or, que trouve-t-on ans nos magasins ? »

Bonne journée,
ciao, n

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