En ce lundi de Pâques, je vous propose, pendant que je finis un gros test pour demain à propos de MailButler, de vous intéresser ou non à quelques petites découvertes musicales que j’ai faites ces derniers temps.
Tiens, pour ces petites découvertes dont je vais vous faire part régulièrement, je vais essayer un concept. D’abord, je vous dis pourquoi j’ai aimé l’album et pourquoi il m’a marqué, et lorsque c’est possible, je vous glisse “l’avis de Qobuz”. Ce sont des spécialistes bien plus forts que moi dans le domaine de la critique, je trouve intéressant de vous faire profiter de leurs conseils.
À noter (je ne le dis qu’une fois, et puis c’est tout), que je n’ai aucun arrangement avec Qobuz, que je n’ai droit à aucun passe-droit et que je paie mes abonnements et mes albums comme tout le monde.
Commençons par un album que j’ai découvert il y a quelques semaines.
Freedom Highway
Ce disque est tout à fait étonnant.
Rhiannon Giddens chante sur des accompagnements très divers, avec des styles qui nous font parfois penser à ce que nous entendions dans les années 70 (elle reprend d’ailleurs une chanson de Joan Baez). De la chanson Folk, mais aussi du Gospel, du jazz traditionnel, du blues, une voix incroyable et des arrangements à la fois simples et tellement “classe”, qui le sont tout autant. Qu’elle soit accompagnée simplement par une guitare, par son banjo (4 cordes si j’ai bien vu), son violon, ou par son groupe, un disque incroyable, marquant musicalement.
My Turn, son premier album solo paru en 2015 et sur lequel elle revisitait des merveilles signées notamment Elizabeth Cotten, Dolly Parton, Hank Cochran et même Aznavour, l’avis du célèbre producteur résonnait comme une évidence. Le voyage dans l’Amérique éternelle du folk, du jazz, du gospel, du blues, de la soul et de la country se poursuit pour l’ancienne membre du groupe Carolina Chocolate Drops avec ce Freedom Highwaydont le titre est celui d’un hymne du mouvement des droits civiques composé par les Staple Singers pour les fameuses marches de Selma à Montgomery en Alabama en mars 1965. Un album bien moins ancré dans le passé qu’il n’y parait, à l’heure où l’Amérique vit justement des instants on ne peut plus chahutés. De sa voix vraiment renversante, Rhiannon Giddens agite donc les fantômes de la lutte pour les droits civiques, mais aussi ceux de l’esclavagisme, et les rend plus modernes et vivants que jamais. Même lorsqu’elle entonne Birmingham Sunday de Joan Baez, on jurerait entendre un air de 2017 ! La force de Rhiannon Giddens est de ne jamais faire de la taxidermie. Superbement produit et interprété, Freedom Highway n’est pas un beau joujou sépia juste là pour décorer le salon, la conscience et les esprits. Non ! Voilà un disque fort et magnifique qui perpétue une tradition musicale, spirituelle et idéologique qui ne pourra jamais mourir ; surtout lorsqu’elle est interprétée de la sorte. © MZ/Qobuz
Petite amie
Une voix qui balance entre Véronique Sanson, Milène Farmer, des arrangements modernes, mais un peu “ringards” aussi parfois, assumés par la chanteuse, tout cela donne un album absolument délicieux à écouter, sans vraiment se prendre la tête.
Au départ, on se dit, oui, j’ai déjà entendu ça, et puis, on se laisse prendre, parce que cet album, c’est bien plus que du déjà entendu. De la variété assumée, et qui plaît même aux inRocks, c’est dire!
Je vous laisse avec Qobuz, qui vous parlera bien mieux que moi de cette découverte, sur laquelle la plateforme met le paquet depuis quelques jours, il n’y a qu’à voir l’une de leurs pages d’accueil en ce dimanche d’écriture!
Avec son premier EP Cavalier seul, Juliette Armanet s’imposait comme la révélation inattendue du printemps 2016. Le ton était donné d’entrée de jeu,, entre chanson française vintage assumée (Véronique Sanson, William Sheller,Michel Berger, Yves Simon, Isabelle Adjani) et pop moderne, luxueuse et arrangée (Sébastien Tellier). La force de son premier album qui paraît un an plus tard, Petite amie, est de continuer à s’amuser avec l’inconscient de l’auditeur et ses plaisirs coupables un brin kitsch (le saxo de La Carte postale et surtout le clip de Manque d’amour), tout en conservant une réelle exigence dans la plume comme dans les mélodies. Sur la pointe des pieds, Armanet entre dans un no man’s land que l’on croit connaître et qui demeure pourtant nouveau et frais au possible. Un no man’s land troublant où il est souvent question d’Amour avec un grand A (L’Amour en Solitaire, Manque d’Amour, A la Guerre comme à l’Amour), thème éternel qu’elle aborde, comme ses aînées, avec sérieux ou de biais, un sourire au bord des lèvres. Un écart assez grand pour combler à la fois le grand public comme les officines de la hype… Et puis derrière son piano, Juliette Armanet c’est aussi cette voix d’une clarté renversante, limpide et touchante. Aucun doute : a star is vraiment born ! © MZ/Qobuz
Duets
Alors là, voyez-vous, pendant de longues années, j’ai dit que si je devais prendre un album sur une île déserte, je prendrais le Concert à Cologne de Keith Jarrett.
Ça m’embêtait un peu, d’ailleurs, parce que je n’aime pas trop trop le personnage, même si le musicien est incroyable.
Depuis, j’ai changé d’idée et si vraiment je devais partir sur une de ces îles désertes (mais pourquoi donc, au fait, je n’en ai pas du tout envie, en fait) je me prendrais plutôt un CD de Janine Jansen, soit les concertos de Bach, soit celui de Brahms, si je peux, je prends les deux, pourquoi dit-on toujours que l’on ne doit en prendre qu’un, et puis si c’est possible, je prendrais du coup mon Mac et je me connecterais à n’importe quelle plateforme, et là, oui, ça ne serait peut-être pas mal, le concept de l’île déserte).
Mais bref, je m’égare.
J’en reviens à mon sujet, à savoir Marialy Pacheco, pianiste cubaine.
Et si j’ai parlé de Keith Jarrett plus haut, c’est parce que, pour la première fois, je retrouve le son et le touché de l’artiste dans cet album de Marialy Pacheco.
Un jazz mélodique, sensible, et, j’insiste, une prise de son du piano qui fait ressortir la précision de Marialy Pacheco et de ses invités, qu’elle n’a pas choisis au hasard (voir l’avis que Qobuz juste plus loin).
Pour quelques jours encore en avant-première sur Qobuz dont voici l’avis.
Il n’y a pas que Gonzalo Rubalcaba, Roberto Fonseca et Omar Sosa sur la planète des pianistes de jazz cubains ! Il y a aussi Marialy Pacheco ! Avec Duets, la musicienne de La Havane a convié un joli casting d’invités : Hamilton de Holanda, Omar Sosa, Joo Kraus, Rhani Krija, Miguel Zenon et Max Mutzke. Une démarche qu’elle explique assez clairement : « Le concept du disque comme le choix des compositions jouées était assez clair pour moi. Les invités ne sont pas juste des artistes que j’admire, mais des artistes avec une identité musicale forte et bien définie. Je suis entrée dans leur monde musical, j’ai choisi une chanson qui me parlait et l’ai arrangée pour être interprétée en duo, gardant à l’esprit l’authenticité de l’artiste. Ainsi, chaque chanson possède un son bien à elle. » L’album offre ainsi de vrais dialogues. Des conversations intenses pour lesquelles Pacheco improvise avec la virtuosité et l’inspiration qu’on lui connait. Un disque pour étoffer un peu plus l’aura d’une pianiste qui n’a rien à envier à ses compatriotes et confrères masculins… © CM/Qobuz
Bedroom Crimes
Ne cherchez pas ce CD sur vos plateformes préférées, vous ne le trouverez pas encore, il sort le 12 mai officiellement.
Mais comme j’ai reçu le CD en avant-première (ben oui, de temps en temps, c’est bien d’avoir un blog un tout petit peu lu) je peux déjà vous dire que vous pouvez vous préparer à une beau moment musical.
Auren Lavie, qui est né à Tel-Aviv, aime les lits, et ça s’entend parfois… mais dans le bon sens. Son disque est tout doux, avec des arrangements superbes et des mélodies qui le sont tout autant. Piano, cordes, guitares, mais toujours très doux, oui, voix agréablement paresseuse (vous savez bien que je n’aime pas ce qui crie…).
Il s’agit ici de son deuxième album, le premier The Opposite Side of the Sea, ne se trouve que sur AppleMusic (remarquez, ailleurs peut-être, mais en tout cas pas sur Qobuz (grrr) ni sur Tidal) si vous désirez l’écouter.
Vous pouvez voir le clip du single tiré du disque, avec une invitée de marque tout de même, puisqu’il s’agit de Vanessa Paradis.
[youtube https://www.youtube.com/watch?v=SaK4t6hKKO4&w=560&h=315]
Vous verrez, ce clip, que je trouve tout à fait prenant, Oren Lavie n’en est pas à son coup d’essai dans le domaine, est à l’avenant de tout l’album.
J’aime beaucoup.
Dans les bacs comme on dit, et certainement sur toutes les plateformes (puisque le single est sur Qobuz et Tidal) le 12 mai, comme annoncé plus haut.
Ah, et si le nom d’Oren Lavie vous dit quelque chose, c’est peut-être parce que vous avez vu son clip en stop motion (un des premiers puisqu’il a été tourné fin 2008 et mis en ligne tout début 2009) qui a été vu, au moment où je lie cette vidéo, 31 290 957 de vois, excusez du peu.
Très bonnes écoutes et bon lundi de Pâques à toutes et tous.
En savoir plus sur Le Blog du Cuk
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
Excellent !
Effectivement, j’étais aussi “tombé” sur Rihannon Giddens en suivant les découvertes de Qobuz.
Marially Pacheco : une découverte, merci ! Effectivement, à première écoute, on retrouve un peu la manière d'”occuper l’espace sonore” du grand Keith. Faire aussi bien que le Köln concert ? Je demande à voir – pardon, à écouter – et je ne vais pas m’en priver !
Deux petits partages qobustiques de mon côté : la mini-playlist “Télé écoute”, rafraichissante et agréable aux oreilles. Tout comme la musique dudit Tété, d’ailleurs.
Et aussi, un genre de compil que j’écoutais en boucle en août dernier lorsque je m’étais monté ma chaîne hi-fi et que je testais des solutions, avec comme élément important du cahier des charges : “écoute de qualité à bas volume”. Il s’agit de “Vintage Chic 100 – Part Two” (trouvable aussi sur Spotify). Mes favoris : “the game of love” et “Lovesong”.
Il s’agissait de “Tété écoute” (et non pas “télé”) 🙂
Je ne dirai rien des contenus, n’ayant pas d’intérêt pour ces musiques là; mais le contenu du quobuzien-discours utilise tous les marqueurs de notre temps et codes de langage: “s’impose comme la révélation inattendue”, “continuer à s’amuser avec l’inconscient de l’auditeur et ses plaisirs coupables”.
Peurrkk
Merci pour ces découvertes. Bien aimé Marialy (avec un seul l) Pacheco et Rhiannon Giddens, qui reprend une chanson de Joan Baez. ?
Pour ma part, j’attends des Amériques un 78 tours commandé sur eBay, qui illustre la période du pré-rock ‘n’ roll:
Arthur “Big Boy” Crudup – Where Did You Stay Last Night
Décidément, j’ai vraiment de la peine avec les noms moi.
C’est corrigé, merci Kaplan.
Frençois
Puisqu’on en est à des écoutes qui nous ont frappés, je voudrais évoquer une chanson emblématique de Selda Bagcan, une militante emprisonnée moult fois depuis 1972. Cette chanteuse est âgée maintenant, mais elle reste une icône, un peu comme l’était Joan Baez à son époque.
J’en ai fait la découverte récemment, par le biais d’appuis scolaires à des enfants de migrants auxquels je participe. Une fillette turque m’en a parlé.
Le père d’origine kurde est emprisonné, la mère est venue seule en Suisse avec sa fille, elle était journaliste dans son pays …
Je n’ai trouvé que des traductions imparfaites, seulement en anglais, des paroles.
La chanson est d’une force, d’une énergie folle, même si on ne comprend pas les mots. Ils évoquent la corruption politique, la prison, l’hiver, la mort.
Et ces riffs lancinants, ce rythme, c’est hypnotique.
(https://www.youtube.com/watch?v=0nonCuddOac).
Si vous allez visiter le site personnel de la chanteuse (http://www.seldabagcan.com.tr/), sachez qu’il existe depuis plusieurs années, m’a dit la mère de la fillette, mais, quand Recep Tayyip Erdogan a commencé à parler de son projet de référendum constitutionnel, le site n’a plus guère été accessible…
Zallag a dit:
Et visiblement, on ne va pas aller vers le mieux…
Merci pour ces idées. Comme Ysengrain, je n’écoute presque que de la musique baroque, mais j’aime de temps en temps aller écouter ce qui se fait ailleurs, même si j’y reviens rarement. Et Grâce à ces (relativement) nouvelles formules illimitées, entre Qobuz et Apple Music, je découvre souvent des petites perles, baroques ou autres.
Noter aussi que “Bedroom Crimes” est déjà disponible sur Apple Music.
JD
Je n’écoute pratiquement de la musique des périodes de la renaissance, baroque, classique et romantique, mais cela ne m’empêche pas, quand je suis à la maison, comme vous, de découvrir plein de choses grâce à ces formules à abonnement.
Avec des ados à la maison, on est bien obligés de passer de temps en temps à ce qu’ils aiment, et je dois dire qu’il y a des trucs pas mal, comme Rammstein (c’est juste Caplan?), que j’adore! Ah, Mutter… c’est absolument génial et tout à fait symphonique! Laissez-le aller jusqu’au bout, et vous verrez, c’est dingue…
Rhiannon Giddens: euh mais c’est que 4a m’a l’air pas mal du tout, c’t’affaire. J’y reviendrai.
Mais en tant que récemment converti au jazz, c’est sur Marially Pacheco que je me suis jeté en premier (enfin… sur son disque, hein….). Ce d’autant plus que la vidéo que tu donnes à voir m’avait mis l’eau à la bouche. Et c’est vraiment très bien. Mais le premier titre de la vidéo, Metro, je le préfère presque sur la version solo de la vidéo. Et puis j’en ai trouvé une version en trio sur son album Introducing. Et comme je suis fan de trio, je vais ajouter ce disque dans ma playlist PianoTrio sur Qobuz.
Puis-je… Ma première réaction, ce matin, en découvrant ton article du jour, a été de regretter qu’une partie si importante soit composée de copiés-collés de Qobuz. Perso, des liens m’aurait suffit! Si je viens sur Le Cuk, c’est pour lire du Le Cuk, non d’un pétard!
Et ça c’est juste parce que j’avais oublié de cocher la case “Avertissez-moi par email des nouveaux commentaires”
Oui, je comprends, mais je trouve que c’est complémentaire. Je donne mes impressions et l’avis des spécialistes. Si Qobuz n’intéresse pas, rien de plus simple que de sauter les paragraphes qui lui sont dédiés.
Je ne comprends pas ta réponse à toi-même… qu’est-ce qui est arrivé? Tu as loupé quelque chose?
Quand j’ai validé mon premier commentaire, j’ai oublié de cocher la case. Du coup j’ai ajouté un deuxième pour pouvoir la cocher. Tu peux le supprimer si tu veux!
Je souscris au commentaire de Dom… j’ai lu avec intérêt le début et quand je suis arrivé aux avis de Qobuz j’ai trouvé ça long et j’ai sauté à la fin ! Je suis également abonné à Qobuz de longue date (je l’avais découvert grâce à Cuk !) et j’apprécie la qualité du streaming en qualité CD, ainsi que les playlists et la mise en exergue des nouveautés qui permet souvent des découvertes d’artistes que l’on ne serait pas allé écouter sans l’incitation Qobuz. Mais leurs commentaires m’intéressent effectivement peu, ils sont très convenus et parfois grandiloquents. Ma découverte se suffit à elle-même ! Mais bon, ce n’est pas le principal.
Et donc merci à François de ses compte-rendus d’écoute, j’avais déjà apprécié Rhiannon Giddens et Juliette Armanet, je m’en vais de ce pas écouter Marialy Pacheco !
Je comprends, mais les blocs Qobuz étant bien marqués, il est vraiment facile de ne pas les lire si l’on ne veut pas. Moi, ça me rassure d’avoir l’avis de “disquaires”. Et puis, ça montre aussi la valeur ajoutée d’une maison française à un service qui, bien trop souvent ailleurs, est en anglais. Moi, j’y tiens à Qobuz!?
François, je ne sais si tu connais, mais il faudrait que tu écoutes Mélanie De Biasio.
Son “Blackened Cities” est un album/morceau (une seule piste de 24 minutes) absolument envoutant et superbe.
Tant au casque qu’aux enceintes, il te plonge dans une ambiance incroyable.
Tu le trouves sur Qobuz.
Je voudrais signaler ceci :
Radio 3 Concert Sound
Listen to BBC Radio 3 at the highest possible audio quality. High FLAC fidelity is here!
Uniquement sur la dernière version de Firefox pour l’instant.
Je l’écoute en ce moment et c’est vraiment pas mal. La BBC avait déjà un son très propre en standard, mais là, c’est vraiment un réel progrès.
Vendredi soir, on est allés aux Docks de Lausanne pour écouter la chanteuse mexicaine Julieta Venegas. J’avais totalement flashé sur son album MTV Unplugged. Elle est vraiment charmante.
Une ch’tite vidéo faite avec mon iPhone 5s:
Julieta Venegas – Limon y Sal