J’écoute de la chanson française depuis tout petit.
Certes, moins depuis quelques années, mais tout de même, j’en écoute toujours, avec quelques découvertes ou confirmations, comme Camille, Juliette Armanet, Albin de La Simone ou encore Radio Elvis, dont je vais vous reparler bientôt.
Il y a quelques semaines, Marc Maurer, ingénieur chez Jean Maurer dont je vous ai abondamment parlé sur Cuk.ch et accessoirement fils de ce dernier, était chez moi pour des raisons hi-fiyennes que je vous expliquerai bientôt.
Dans la conversation, il me disait tout le bien qu’il pensait de Gauvain Sers, un chanteur qui fait, entre autres choses, les premières parties de Renaud.
Quand Marc est parti, j’ai écouté sur Qobuz quelques extraits de son dernier album.
Et j’ai déclaré séance tenante que je n’aimais pas, qu’il était une caricature de Renaud, jusqu’à la casquette, avec des intonations du Renaud d’alors, des textes du même acabit, ce qui n’est pas trop mal cela dit, vous en conviendrez.
Je l’ai même écrit en commentaires ici, suite au texte que j’avais écrit sur Renaud, après son passage au Paléo.
Eh bien je n’aurais pas dû être à ce point péremptoire, oh que non.
Lorsque je suis monté au Rock’n Poche, j’avais environ deux heures de voiture à faire, et je me suis dit que j’allais tout de même prendre le temps d’écouter cet album dans son entier.
J’ai bien fait
Je ne l’ai pas écouté une fois, mais deux.
Il y a un truc assez incroyable chez Gauvain Sers, c’est cette faculté de raconter des histoires, qui peuvent être simples (La bagnole de mon père, Dans mes poches), des histoires d’amour magnifiques, comme la chanson Pourvu dont vous pouvez voire le clip officiel plus bas, dans cet article.
Et puis, il y a les chansons engagées, et comment, Hénin-Beaumont, dans laquelle Gauvain dit sa honte de livrer le courrier dans une commune qui a voté massivement Front National.
Il y a même des poèmes, Un clodo sur toute la ligne, et Le poulet du dimanche.
Vous savez, lorsque j’écoute de la chanson française, j’ai souvent de la peine à m’arrêter au texte, à l’écouter sans décrocher à un moment où à un autre.
Eh bien, avec Gauvain Sers, cela n’arrive jamais.
Je ne m’explique pas comment cela se fait, j’écoute les paroles, je les absorbe, je crois bien que je n’en rate pas une.
Ça me touche.
L’autre jour que j’étais en train de repasser au sous-sol, j’ai réécouté ce disque (j’ai mon ancienne chaîne stéréo près de la planche à repasser, ça me permet d’écouter de la musique, le repassage, ça ouvre l’esprit).
J’étais à la fin de la onzième chanson quand j’ai terminé mon ouvrage, il en restait trois.
Je suis resté comme un con debout, dans la lessiverie, à les écouter, jusqu’à la fin de l’album.
La dernière chanson est bouleversante: Mon fils est parti au djihad.
Bien sûr, ce que dit Gauvain dans cette chanson, on a pu l’entendre, on a vu des émissions où les parents de djihadiste disaient toute leur souffrance d’avoir vu leur enfant partir en Syrie, après une transformation dans leur attitude et leur manière de vivre dont ils s’étaient plus ou moins rendu compte.
Mais la force de Sers, c’est d’en faire une chanson qui résume ces témoignages à travers la voix d’une maman, nous faisant comprendre que cela peut nous arriver à nous aussi.
Une chanson absolument bouleversante, oui, qui finit mal, bien sûr.
Comment pourrait-il en être autrement?
Ce qui est étonnant aussi, ce sont les arrangements de ce disque.
Il y a certes du Renaud, dans Gauvain Sers, comment peut-il en être autrement, c’était l’une de ses idoles, mais il y a aussi du Bénabar, du Ferrat, du Brassens, du Brel, du Leprest, ces références musicales d’adolescent. Pour une fois, ce n’est pas pour la frime, ces références, c’est du vrai, ça se sent.
Oui, cela se sent, non seulement dans ses paroles, dans ses textes ciselés, mais également dans ses arrangements.
Il y a les cuivres de Bénabar, et ces arrangements sonnent pour le reste un peu «?années 70″, dans la manière d’ajouter un instrument à chaque nouvelle strophe par exemple, comme le faisait Brel.
Gauvain Sers a 27 ans, il en aura 28 fin octobre, ses chansons sonnent un peu comme celles de ses modèles, mais… à sa façon.
Et c’est vraiment bon, ça fait du bien.
Et dire que je l’ai raté au Paléo…
Je vais vous laisser avec le clip officiel de la première chanson de son album, Pourvu.
Vous verrez qu’il y a un peu tout Gauvain dans ce texte: la poésie, la tendresse, l’humour, l’engagement.
C’est beau.
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Un artiste à découvrir, plein d’authenticité !
NB: Gauvin = 11 Gauvain = 1 ?
Mais ce n’est pas possible! J’ai vraiment un problème avec les noms et les prénoms, encore plus quand il s’agit de les orthographier. Je m’étais focalisé sur Sers (que je voulais toujours écrire Serf), j’avais le prénom sous les yeux, en permanence, et moi… non… ce sera Gauvin…
Bon, prénom peu conventionnel, vous en conviendrez, mais enfin… tout de même.
J’ai corrigé, merci!
Comme je suis content que tu aies changé d’avis 🙂
Comme quoi, je suis souple, hein!?
Non, mais franchement, je ne sais pas pourquoi il m’a énervé comme ça la première fois.
Pourtant j’étais de bonne humeur.
Merci François pour cette découverte, moi qui adore Renaud,Brel et Brassens.
L’album est super. Il nous prouve que la chanson française est bien vivante.
Oui, on peut voir et écouter encore de bien jolies choses.
Comme déjà dit en privé, les paroles sont très bien. Mais je trouve la musique plutôt plan-plan.
La chanson, c’est des paroles ET de la musique et, à mon avis, beaucoup de chanteurs à texte français n’ont pas des musiques à la hauteur. Ce qui fait que j’écoute volontiers une fois leur chanson, mais que je n’ai pas forcément envie de me la passer plusieurs fois. Contrairement à Renaud qui, lui, pondait des textes à tomber, accompagnés de musiques inoubliables. Tatataaa! ?
Parce que tu les as assimilées à des moments de ta vie, je pense, ces chansons.
Les arrangements de GauvAin sont bien faits, mais, comme je l’ai écrit dans l’article, ils sonnent comme “avant”.
Par exemple, dans Hénin-Beaumont, il y a un petit pont d’une mesure de basse, c’est exactement ce que l’on faisait du temps de Ferrat.
Plus personne n’ose le faire, lui oui.
Même le son est de ces années-là.
Un autre truc dont je n’ai étonnamment pas parlé dans l’article, c’est que Gauvain Sers n’a pas l’oreille absolue, ou disons que la justesse parfaite n’est pas son fort.
Je ne l’ai pas écrit parce que j’avais oublié, ça fait partie du personnage, à la limite, ça ajoute du charme à ses chansons.
Je ne connais pas cet artiste. Merci pour cette découverte, je vais l’écouter dès ce soir …
Je suis étonnée de ce que je lis. La 1ère fois que je l’ai entendu, j’ai vraiment été déconcertée par le manque de justesse musicale de sa voix. De suite, en en parlant à mon mari, je lui dis que vraiment les chanteurs d’aujourd’hui chantent parfois n’importe comment et que celui-ci chante particulièrement faux.
Et puis, comme toi, je me suis dit qu’il voulait à tout prix imiter Renaud mais qu’il ne lui arrivait pas à la cheville. Ben oui, je suis de la génération Renaud, moi et je ne vois pas comment on pourrait l’imiter !
Depuis, je ne me suis pas attardée sur le parcours de ce chanteur qui ne m’inspire pour le moment pas. Mais ton article me fait dire que j’ai peut-être été trop sévère et je vais le réécouter. Peut-être que je changerai d’avis…. A suivre donc….
Si tu aimes après cet article, tu auras suivi mon parcours… Sévère, et puis sous le charme ensuite.
Je le souhaite sincèrement.
Je vais être un peu rabat-joie, mais (et c’est seulement mon avis, mais je le partage avec vous), ce jeune homme a encore du chemin à parcourir avant d’arriver à la cheville de ceux qu’il prend pour modèles (je cite Wikipédia) :
Influences :
Renaud
Allain Leprest
Jean Ferrat
Jacques Brel
Barbara
Bob Dylan
Il a oublié Delerm concernant le name dropping.
Je le trouve plutôt fadasse et le pire arrive lorsqu’il déclame ses poèmes comme sur l’estrade, à l’école…
À son âge et tout débutant qu’il est, il devrait courrir le c
(j’ai tapé “envoi” par inadvertance !!! Je reprends…)
À son âge et tout débutant qu’il est, il devrait courir les cabarets de la rive gauche en espérant être remarqué par un Canetti actuel. Mais les maisons de disques sont toujours à l’affût de coups fumants permettant de gagner rapidement le plus d’argent possible, créant ainsi des carrières éclairs.
J’ai attentivement écouté l’album, j’ai bien regardé le clip de “Pourvu” par Jeunet, mais cela ne passe pas… Plan-plan, dit Caplan, à, propos de la musique. Moi, je pense plan-plan pour paroles et musique, airs connus et vers de Mirliton.
Réécouter Leprest et penchez-vous sur sa carrière, vous comprendrez ce que je veux dire. Il y a encore des talents qui parcourent la France dans les petites salles et n’ont l’heur de plaire ni aux majors, ni aux programmateurs de Festivals.
Peut-être est-ce l’âge, mais Radio Elvis, hum,hum, c’est pareil, je ne vois pas où est le talent.
Radio Elvis, sur scène, c’est vraiment très très bien.
Le disque m’a un peu déçu par rapport à la scène, mais j’attends de le réécouter.
Pour Gauvain, ce gars s’est fait tout seul, il a tiré un petit EP et en a vendu 19’000 exemplaires tout seul à la fin de ses concerts.
Je crois qu’il fait le boulot.
Cela dit, sur la diction des poèmes, je trouve assez rigolo, ce petit ton “je récite à l’école”. Il a une intonation tout à fait de ce type en effet.
Autrement, en ce temps-là pour avoir les paroles ET la musique, il y avait deux génies francophones : Serge Gainsbourg et Alain Baschung.
Sinon dans un style plus rock mais sans le génie des deux ci-dessus, il y avait aussi Téléphone et Thiéfaine qui étaient intéressants à écouter pour les paroles ET la musique.
A réécouter bien sûr avec Brel, Brassens, Ferré et quelques autres…mais pour ces derniers, toutefois, avec la musique un peu en retrait par rapport aux paroles (avis personnel).
Et aussi Renaud sur les enregistrements de l’époque, pour les paroles ET l’accordéon (ainsi que le piano) quand les mistrals étaient encore gagnants…
J’aime bien tous ceux-là, mais j’aime bien aussi le chanteur sujet de cet article. L’un n’empêche vraiment pas l’autre.
Il vaut mieux rester énervé.
J’ai oublié d’évoquer Juliette, que je suis depuis que je l’ai vue à Bourges dans les “Découvertes du Printemps” en 1985. Ce fut une révélation et j’ai tout de suite compris qu’elle ferait une belle carrière. Je l’écoute en ce moment, car elle vient de sortir une intégrale de 14 albums (que j’ai tous, sauf celui des inédits et des duos). Il se trouve que hier soir, je nous ai offerts à ma compagne et moi, des billets pour aller la voir et l’écouter à Toulouse, à la Halle aux Grains (très chouette salle) en février 2018. A quelques places près, c’est complet ! À ma connaissance, elle ne participe pas aux grands festivals. Elle sera Salle Pleyel en avril prochain, avis aux amateurs.
Mais la chanson française est riche, il y a beaucoup de perles méconnues et on pourrait en parler des heures…